Pinocchio de Winshluss, ma BD du mercredi.

Par Mango
Fauve d’or à Angoulême,  respecté, admiré, vénéré par tous les blogueurs que j’estime, Winshluss s’est servi des contes de son enfance et en particulier  de l’histoire de PinocchioparCollodi  pour prendre sa revanche,  se défouler en renversant les rôles et présenter sa vérité.   Le renversement des valeurs est à l’ordre du jour? Le gentil pantin n’est qu’un robot sans cervelle et Jiminy Cafard se loge dans sa tête et en prend les commandes.  Geppetto,  le créateur, l’inventeur diplômé, n’est qu’un assassin en puissance et finit comme Blanche Neige, entouré des sept nains énamourés, violeurs et prisonniers comme lui. Dans un entretien, Winschluss s’est comparé à un fabricant de chocolats empoisonnés  et il s’en donne à cœur joie en imaginant les pires noirceurs et les pires situations pour sa marionnette. Tous les vices y passent. La terre, c’est l’enfer. Laideur des personnages, cruauté des éléments, folies meurtrières, avidité sans fin. C’est le règne du pouvoir, de l’argent et du sexe. La vulgarité est partout. Cependant, si les contes roses des enfants sont cruels au fond, les contes noirs comme celui-ci peuvent finir tendrement et j’ai adoré les dernières pages.
Arrivée à ce point de mon essai d’interprétation de ce gros volume, je dois avouer mon malaise croissant. Tout au long de ma lecture j’ai souffert d’un sentiment d’infériorité qui n’a fait que s’accroître. Eblouie par l’évidence de la supériorité de cette BD sur presque toutes celles que j’ai lues jusqu’ici (pas toutes cependant!), amusée par la force de l’invention et  par les trouvailles incessantes de l’auteur, j’ai fini par me sentir écrasée par tout ce qui m’échappait par manque de références. Je dois admettre que j’ai la désagréable impression, la certitude même, de  n’avoir pas tout compris. Certaines pages me  sont restées muettes  malgré mes efforts, souvent les passages sous l’eau ou avec les monstres et tellement d’autres. Il me faut une autre lecture, ça me semble évident. En revanche et sans doute pour compenser j’ai eu tendance à voir partout ou presque, dans chaque vignette, le long nez de Pinocchio et ses interprétations multiples. C’était comme une devinette, comme un jeu. Pas étonnant si j’ai mis un temps fou à terminer cet ouvrage, si lourd et si magnifique dans sa présentation. Cette incompréhension partielle mise à part, j’ai beaucoup apprécié la folie de l’auteur, la liberté qu’il s’accorde pour délirer à fond. J’ai aimé ses excès, ses débordements, son mauvais goût souvent, la variété des couleurs, des dessins, l’absence de vignettes la plupart du temps, bref sa grande richesse, si énorme que je dois recommencer à le découvrir avec un regard neuf – dans quelque temps.
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Pinocchio, de Winshluss (Les Requins Marteaux, 2008, 188 p)Histoire très librement inspirée du roman de Carlo Collodi.
Mise en couleurs: Cizo assisté de Frédéric Boniaud, Thomas Bernard, Frédéric Felder.
Participent  aux 
Arsenul,  Benjamin,  Choco, Chrys, Delphine,  Didi, Dolly,  Emmyne,  Estellecalim, Hilde, Hélène, Hérisson08, Irrégulière, Jérôme,   Kikine, La ronde-des-post-it, Lirepourleplaisir, Lou,  Lounima, Lystig, Mango,  Manu,  Margotte, Marguerite,  Mathilde, Moka, Mo', Noukette, Pascale,   Sandrounette,Sara, Soukee,   Theoma, Valérie,  Vero, Wens, Yaneck, Yoshi73,  Yvan, Mr Zombi,   32 octobre,
Je participe aussi au Top BD de Yaneck. (Note: 16,5 /20) ainsi qu'au Roaarrr Challenge de Mo'.

Cet album a reçu le Fauve d'or au festival d'Angoulême en 2009.
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