Enfin, bref, passons : cela n’est pas, mais alors vraiment pas, le sujet du jour.
Je voulais surtout vous parler d’un disque. Un disque promotionnel comme l’hebdomadaire continue d’en proposer à peu près une fois par mois à ses abonnés (et un peu plus occasionnellement à ceux qui l’achètent en kiosque). Aujourd’hui, ces disques, je ne les écoute plus trop. Ils se succèdent plus vite que je suis capable de les assimiler. Les pochettes sont devenues moches (enfin, celle-là, ci-contre, l'était déjà, reconnaissons-le...). Je picore dedans, passe à côté de plein de trucs. Sans doute – et ce blog en est le reflet – ne suis-je plus assez curieux. C’est ainsi. Je l'assume. Il est vrai que l’esprit de 7and7is, créé en 2006, ce n’est pas vraiment le défrichage. À quoi bon ? Un de plus ? Tout le monde fait ça. Et certains le font très bien. Il y a même un Classement des blogueurs où on peut polémiquer et découvrir en s’amusant (ici), un Top des blogueurs (là) (ah non, le « Top des blogueurs » vient de s’auto-détruire… rires au fond de la salle…). Mais si un blog doit reproduire les chroniques standard d’albums et ne pas développer une forme et une écriture propre, très peu pour moi. Alors, ici, non, peu de découvertes. Pas d’emballement de la semaine. Pas de hype qui chasse l’autre. Passez votre chemin.
Donc, encore une fois : << (RWD)
Il y a quinze ans, ça n’avait rien à voir. Ces compilations avaient une véritable importance. On y découvrait des groupes, des artistes, on y écoutait les tout nouveaux morceaux d’albums hyper attendus. Les dates de sortie avaient encore un sens. Il n’y avait pas de « fuites », on ne téléchargeait pas. Nous n’avions pas encore Internet. Point de nostalgie ici. Juste un constat. C’était en 1996. Ce disque s’intitulait Un automne 96. Il y a quinze ans donc. Et quand je le regarde, je me souviens très précisément comme je l’ai écouté, comme le riff introductif (celui de Fin de siècle de Noir désir) me hanta longtemps, comme la singularité du deuxième morceau (Novocaine for the Soul de Eels) me séduisit d’emblée, comme le cinquième morceau surtout (Fell Off the Floor Man de dEUS) bouleversa tout d’un coup mes hésitants repères. Cette compilation m’aura fait acheter quelques disques qui résonnèrent très fort dans mon premier studio. Elle m’aura surtout permis de découvrir un groupe qui compte aujourd’hui parmi ceux qui me sont le plus chers (dEUS donc).
Et puis, avouons, quand on regarde la sélection effectuée rétrospectivement, que ce millésime 1996 avait une sacrée gueule, que la crème s’y trouvait, que la rentrée 1996 fut – mais ça, on ne le savait pas alors – une bien belle période pour nos discothèques indie-rock-pop-choses : Noir désir, Eels, Tricky, dEUS, Jon Spencer Blues Explosion, 16 Horsepower, Cat Power, Jean-Louis Murat, Diabologum, PJ Harvey & John Parish (quand c’était bien !), Vic Chesnutt. Rien que ça sur ce CD ! Certains, certaines (JSBX, PJ Harvey, 16 Horsepower, Tricky), j’y suis venu un peu plus tard, par d’autres portes d’entrée. Ceux-là, je le confesse, je n’ai pas été le témoin de leurs débuts magnifiques. Je devais encore, légèrement attardé, écouter en boucle Queen, Springsteen, FFF et Polnareff.
Le comble, par exemple, c'est qu'en cet automne 1996, je crois que je suis passé complètement à côté du morceau de Jon Spencer que me proposaient les Inrocks. Celui de dEUS fut à l'inverse une déflagration, une révélation esthétique, mais je ne connaissais ni leur premier album ni Suds & Soda. Il faudrait attendre la sortie de In a Bar Under the Sea, en cette rentrée 96, pour que je m’y penche et que j’y tombe la tête la première. Un peu à la même période, grâce à une autre compilation des Inrocks, je découvrirai Elliott Smith et l’album XO. Et je crois, mais je me trompe peut-être, que le Non, non, non de Miossec, c’est aussi grâce à un de ces disques que je l’ai entendu pour la première fois.
La nostalgie encore ? Non, pas vraiment. Juste le sentiment qu’un disque ne peut plus aujourd’hui me marquer comme celui-ci a réussi à le faire. Question de contexte, question d'époque. En fait, je suis bien content d’être un vieux con, que 7and7is soit un peu comme « le blog RFM de l’indie rock » (c’est Mario Cavallero Jr qui m’a, assez justement, sorti ça samedi soir). Je suis bien content d’être passé par là, d'être né il y a trop longtemps, de pouvoir vous parler de ce CD, d’associer un morceau de Noir désir, un morceau de dEUS et un morceau de Diabologum à ce disque très précis et que tous trois soient, pour moi, pour toujours, issus du même moment, d’une même expérience. Pour remonter plus loin, je suis bien content d’avoir connu mes premiers chocs musicaux grâce au walkman ou grâce au Top 50 des années 80. Un peu plus tard, j’empruntais des vinyles à la médiathèque (l’une des premières, à Paris, à se doter d’un tel rayon) pour les copier sur cassettes (un par face, généralement). Les CD, ce serait pour plus tard, bien plus tard...
Voilà, parmi les milliers de morceaux et les centaines d'albums écoutés avant, écoutés depuis, ce disque, cette vulgaire
compilation, surnage. C'est une borne, une balise.
Et sinon, on écoute quoi en novembre 2011 ?