Eloge des pratiques pénitentielles

Publié le 08 novembre 2011 par Mtislav
     Je m'apprête à donner rapidement la solution du Politiqui n°9 mais comme trop souvent ce sont d'affreuses digressions qui se bousculent. Alors que le lecteur cherche simplement à trouver son nom couronné de lauriers... Nous avons cette semaine une grande gagnante, Solveig. Elle a été tellement rapide que j'ai dû effacer son commentaire. Le directeur de la modération sur notre blog s'était luxé le lobe frontal en début de soirée ; de ce fait, la modération n'avait pas été activée... Il suffisait de lire les commentaires pour trouver la bonne réponse. Nous reviendrons plus tard sur la validité des bonnes réponses qui ont suivi. Une réclamation est en cours d'examen. Notre équipe de juristes travaille sur l'épineux problème depuis maintenant plus 24 heures.Il s'agissait de la Saint-Barthélémy. L'image était un détail d'une gravure allemande de 1572, se trouvant à la BnF. Elle s'intitule : "L'assassinat inouï, inhumain et cruel des chrétiens". Elle est reproduite dans une collection très attrayante (Histoire de France sous la direction de Joël Cornette, chez Belin), dans le volume intitulé Les Guerres de religions, 1559/1629, signé par Nicolas Le Roux.Vous vous fichez de la cuisine mais sachez que j'ai tronçonné l'image et je l'ai retournée horizontalement pour déjouer la recherche d'image de Google, horriblement performante. Vous me direz, à l'état original, une réponse encore évasive était renvoyée par le moteur de recherche : "Best guess for this image: massacre". Dans l'article de Wikipedia qui arrive en première position, la référence à la Saint-Barthélémy figure parmi d'autres propositions de massacres. Je ne m'explique pas comment Google parvient à nous orienter sur cet article sans retomber sur l'image originale. Peut-être est-ce le cache de mes recherches Google qui permet ce petit miracle, je l'ignore.La collection dirigée par Joël Cornette, Jean-Louis Biget et Henri Rousso est vraiment magnifique. J'avoue que j'étais aller faire un tour en librairie. Et oui, comme elles vont disparaître, je voulais m'offrir ce petit plaisir. Respirer l'air dans les rayons, importuner les vendeuses... et m'offrir un plaisir dont je m'étais privé jusqu'à la semaine dernière, feuilleter le dernier Prix Goncourt. Je déteste les ouvrages primés, je ne supporte pas de les toucher, c'est un problème médical sans nul doute. Qui est l'auteur de cette maxime : "Le Goncourt, le livre que ceux qui ne lisent pas offrent à ceux qui ne le liront pas... " Le désir de tenir entre mes mains "L'art français de la guerre" avait pourtant surgi à la faveur d'un matraquage subtil, de la rencontre accidentelle d'une actualité post-coloniale avec l'irruption de Régis Debray à la table de chez Drouant. Je voulais me payer quelques bonnes feuilles gratos, histoire de me faire mon idée. Il n'allait pas être difficile de trouver la pile, plus haute que le Burj Dubaï, avec un bandeau rouge sang en travers ("Marcel Bigeard bouge encore"). Vous ne me croirez pas, je n'ai rien trouvé. J'ai dit adieu au précipité d'émotion tactile que je pensais m'offrir, erré dans les rayons en me répétant le mantra des membres de ma communauté : "Pas un livre de plus ici ou c'est le bûcher ! Le lendemain, je sortais de la bibliothèque municipale, poussant allègrement vingt-cinq tonnes de papier mâché. Une revanche. Un massacre.  Ce sont ces gens, mis au supplice, embrochés, défenestrés, jetés à la Seine qui m'ont d'emblée séduit dans cette image. Plus encore l'idée de ces contemporains huguenots, contemplant de telles gravures. Se complaisant dans la détestation du papiste... "Tandis que les massacres étaient interprétés par les huguenots comme une forme inouïe de tyrannie royale ou comme un châtiment divin, les militants ultra-catholiques y voyaient une oeuvre miraculeuse, une vengeance du Seigneur annonçant la disparition de l'hérésie. Près de trente ans après les faits, le ligueur Louis Dorléans comparera encore la Saint-Barthélémy à un sacrifice, à un "propice holocauste" offert par le roi à Dieu pour purifier le royaume. Mais les catholiques zélés allaient se rendre rapidement compte que le protestantisme n'avait pas été entièrement éradiqué et que la violence n'en viendrait sans doute jamais à bout, ce qui les amena à retourner sur eux-mêmes le travail de purification sous la forme de pratiques pénitentielles." (Les Guerres de Religion, p. 150) Je sens que le lecteur s'impatiente. Un avocat tout de noir vêtu me tend une enveloppe. Je la décachette.Dada Vidov, Dandan, Dorham ainsi que Suzanne montent aussi sur le podium.