Quel bilan tirer de l’Année européenne du volontariat et du bénévolat, à quelques semaines de sa clôture ? En partenariat avec le think tank Sport & Citoyenneté, Touteleurope.eu vous propose de découvrir l’interview de Viviane Reding, Vice présidente de la Commission européenne, en charge de la Justice, des Droits Fondamentaux et de la Citoyenneté, issue de la revue trimestrielle de l’association. Propos recueillis par Julian Jappert et Carole Ponchon.
A quelques mois de la clôture de l’Année européenne du bénévolat et du volontariat 2011, quel premier bilan pouvez-vous tirer de cette manifestation ? Quels ont été les grands enjeux relevés ?
Viviane Reding : L’Année européenne du bénévolat et du volontariat (AEBV) avait quatre objectifs : rendre l’accès au bénévolat et au volontariat plus facile, améliorer leur qualité, favoriser la reconnaissance des activités volontaires et sensibiliser les citoyens aux enjeux du bénévolat dans l’UE. Ces objectifs ne seront pas atteints du jour au lendemain. Nous devons jeter les bases pour assurer un héritage durable et significatif pour l’élaboration de politiques au niveau communautaire, national et local pour les années à venir.
Grâce à une série de conférences thématiques à l’échelle de l’Union, grâce à notre site internet, grâce au Tour de la caravane européenne et à de nombreuses autres activités au niveau national et local à travers l’UE et même au-delà, nous avons établi un cadre nécessaire pour s’assurer que tout ce qui aura été fait pour résoudre les problèmes et défis auxquels sont confrontés les bénévoles ne soit pas perdu à la fin de cette année. Le Tour de la caravane européenne, par exemple, a réussi à propulser le bénévolat sous les projecteurs des médias dans chacun des États membres.
Ce think tank créé en 2007, réfléchit sur le rôle et la place du sport dans les sociétés européennes. Il publie une revue sur ces questions tous les trois mois.Ces activités nous aident à sensibiliser les citoyens aux défis rencontrés par le secteur bénévole dans l’UE. Ces « dossiers chauds » sont différents d’un pays à l’autre, mais nous pouvons néanmoins souligner un certain nombre de préoccupations communes :
- A l’échelle de l’Union, un problème immédiat est le manque de données internationalement comparables ainsi que l’absence de suivi des activités bénévoles dans les États membres.
- Au niveau national, il est rare que les pays disposent de stratégies pour le bénévolat – notamment car il touche de nombreux domaines, qu’il ne rentre dans aucune case précise, et a donc tendance à être négligé dans l’élaboration des politiques. Par conséquent, dans de nombreux pays, il n’existe aucun cadre juridique clair pour le bénévolat en tant que tel : l’assurance sociale, formations etc., rien n’est défini. Mais l’AEBV permet d’impulser des changements. Par exemple, nous avons suivi avec intérêt l’introduction d’une loi nationale sur le bénévolat en Lituanie en juin dernier. Un travail similaire est également en cours en Slovaquie et en Autriche.
- Une autre question cruciale à l’échelle européenne est la tendance à la professionnalisation du secteur du bénévolat, ce qui provoque un décalage croissant entre les besoins des organisations et les aspirations des bénévoles. À cela s’ajoute le fait que les compétences acquises lors d’activités bénévoles sont rarement reconnues et admises.
- En outre, les organisations ont des difficultés à obtenir un financement durable. En raison de la forte augmentation du nombre d’organisations bénévoles au cours des dernières années, il y a désormais plus de concurrence pour les fonds disponibles, alors même que les gouvernements réduisent leurs dépenses publiques.
Nous utilisons donc cette Année européenne pour promouvoir un débat, un échange d’idées et l’élaboration de politiques publiques afin de répondre à ces défis et aux autres challenges du bénévolat, en particulier dans le contexte du volontariat transfrontalier. Bien sûr, il y a une telle variété dans la façon dont les bénévoles sont définis et traités à travers l’UE qu’une grande partie du changement sera de la responsabilité des autorités nationales et locales compétentes. Mais une chose est sûre : l’AEBV se révèle être un catalyseur utile pour le changement dans toute l’Union.
En octobre, la Commission organisera une conférence à Athènes. Quels seront les principaux sujets abordés ?
VR : La Commission européenne est en effet l’organisatrice de quatre conférences thématiques au cours de cette Année. Nous avons ouvert l’AEBV en janvier à Budapest en explorant la question de la « reconnaissance du bénévolat ». En mai dernier, près de 300 bénévoles venus de toute l’UE se sont rassemblés à Bruxelles pour examiner un large éventail de questions relatives au bénévole en tant qu’individu. La conférence d’Athènes sera le troisième évènement et portera sur des questions qui sont importantes pour les organisations de bénévoles.
Le sport étant le principal pourvoyeur d’activités volontaires dans l’UE, la conférence d’Athènes inclura clairement des discussions propres au monde du sport, comme l’aide aux structures de soutien ou la formation des bénévoles.
La conférence finale, qui aura lieu à Varsovie en décembre, permettra de tirer les conclusions de toutes les discussions qui auront eu lieu au cours de cette Année. Elle permettra ainsi aux autorités nationales compétentes d’assurer le suivi des problèmes identifiés, ceux-ci différant selon chaque pays, en fonction du contexte historique, culturel et juridique.
Justement, quelle pourrait être la valeur ajoutée de l’Union dans ce contexte ? Que peut-on attendre dans les prochains mois ?
VR : En fonction des attitudes culturelles, des traditions et du contexte historique, chaque pays de l’UE a une compréhension différente du bénévolat et de comment le mesurer.
Dans cette optique, il est clairement de la responsabilité des États membres eux-mêmes de décider des structures, lois et cadres administratifs les plus appropriés en matière de bénévolat. La Commission européenne n’utilisera pas l’AEBV pour imposer un cadre communautaire législatif unique et sans ajustement possible pour le bénévolat.
A l’inverse, l’Année européenne offre une occasion de promouvoir les échanges, les débats et l’élaboration de politiques publiques entre les États membres et les organisations de la société civile. Dans ce contexte, la Commission européenne participe aussi activement à explorer la manière dont les instruments européens pourraient être adaptés aux particularités du monde du bénévolat.
La Commission élabore par exemple des outils pour aider à améliorer la reconnaissance du bénévolat. Il s’agit essentiellement de promouvoir une certaine forme de reconnaissance officielle des compétences et des aptitudes que les gens acquièrent en dehors de la salle de classe, notamment dans le cadre d’une activité bénévole. Que cette reconnaissance aille jusqu’à la reconnaissance formelle, par exemple sous la forme d’un certificat, c’est bien sûr aux autorités nationales compétentes d’en décider. Mais avec le cadre européen des certifications et les huit compétences-clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie, les États membres auront les outils nécessaires pour développer la méthode de validation ou l’instrument le plus approprié à leur contexte national.
Le bénévolat est un créateur de capital humain et social. C’est une voie vers l’insertion et l’emploi ainsi qu’un facteur-clé pour améliorer la cohésion sociale. Il est également un élément essentiel de la citoyenneté européenne, les bénévoles contribuant à façonner la société européenne. Ceci est particulièrement important dans le climat économique et social actuel, où la solidarité entre les Européens est primordiale.
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L’interview complète sur Sport & Citoyenneté
Année européenne du Volontariat et du Bénévolat 2011
Toute l’Europe: Actualité – Article.