Dans le cadre de la journée dédiée aux stratégies gagnantes du DD organisée en Octobre dernier, l’IFOP a permis à plusieurs industriels de venir témoigner sur les démarches de développement durable dans leur entreprise.
Retour sur l‘entretien avec Patrice-Henry DUCHENE, Délégué au Développement Durable du Groupe PSA-Peugeot Citroën.
Le groupe PSA-Peugeot Citroën connait une belle progression également, et il est leader sur le Développement Durable dans l’univers automobile. Pour quelles raisons ?
Nous avons plusieurs pistes pour l’expliquer :
- Tout d’abord, la responsabilité sociale est inscrite dans l’ADN du groupe, qui est très ancien et très enraciné. La marque Peugeot a 200 ans, et Citroën a un capital d’affection très fort. C’est une des marques les plus appréciées des Français. Tout cela concourt à un a priori favorable,
- La stratégie de Développement Durable et Responsable fait partie intégrante de la stratégie d’entreprise. Nous sommes bons élèves en Développement Durable, sur tous ses volets : le volet social, le volet environnemental, le volet sociétal, et un volet important, le volet économique. Ce dernier s’illustre par une forte implication sur nos territoires d’implantation, une forte présence industrielle en France,
- Nos pratiques en termes de « made in France », qui nous posent comme plus vertueux que nos concurrents. Nous produisons la moitié de nos voitures en France, et 80% de nos boîtes de moteur. L’industrie automobile est à cet égard la dernière industrie de main d’œuvre en France,
- De façon concomitante, notre présence au niveau national. Nous sommes présents dans 9 bassins d’emplois en France, des métropoles où ça compte, et je pense que la perception de notre image est très forte. Cela apparaît à titre d’exemple dans une étude menée avec l’INSEE : 20% des habitants de la ville de Poissy ont déjà visité l’usine, et 18% des ménages vivent directement de l’automobile sur l’ensemble Vallée de Seine/Cergy, – Cela se traduit également en termes d’insertion, parce qu’on est une des rares entreprises techniques où on investit de la main d’œuvre non qualifiée, que l’on forme ;
- Enfin, nous sommes les premiers à avoir lancé 2 véhicules électriques, et nous avons récemment présenté l’hybride diesel au Mondial de Paris. Nous étions parmi les premiers à le faire, et à un prix accessible. Nous nous efforçons d’être sinon exemplaires, sinon assez bons en termes d’impact environnemental global.
Que faites-vous en matière de mobilité durable ?
Nous y réfléchissons notamment à travers un Think Tank, et c’est un travail qui va plutôt toucher les experts. C’est une manière d’anticiper la perception des consommateurs, et cela risque de donner des fruits dans les baromètres à venir. Notre engagement sur le sujet est ancien : nous avions sorti dès 2001 un rapport environnemental, et nous avons été un des premiers constructeurs à développer le filtre à particules. Nous avions mis cette technologie sur le marché, et l’avons proposé à nos concurrents.
Nous avons présenté au public deux services en début d’année, « Mu by Peugeot », et « Multicity by Citroën », pour répondre à une certaine désaffection vis-à-vis de la possession de l’automobile. Avec une carte, on peut maintenant louer une RCZ, un véhicule électrique, un scooter électrique ou un vélo… Mais si on part en famille, on peut aussi louer un 807. Le principe est donc de pouvoir louer pour chaque besoin le bon vecteur de mobilité.
Concernant l’Autolib qui sort demain, y voyez-vous un avenir réel ?
Oui, ça a un avenir. Maintenant, je ne pense pas que cela deviendra le moyen de se déplacer le plus important. Mais comme nous sommes déjà précurseurs avec l’expérience menée à Nice et à Rennes, nous allons donc regarder cela avec attention. Je citerais également ce que fait Hertz Connect, qui permet de trouver des voitures dans tous les parkings Vinci : on réserve sur internet, il y a une carte, un lecteur optique sous le pare-brise, sans avoir besoin de faire le plein, c’est très inventif… C’est une nouvelle manière de s’approprier l’automobile. Il ne faut pas oublier qu’en 2020, l’électrique ne devrait représenter que 5% du marché, et l’hybride 10 à 15%. Nous continuons donc à réfléchir à des moteurs performants offrant, des puissances intéressantes, avec des niveaux de consommation toujours plus bas. Il ne faut pas non plus oublier l’éloignement des gens des centres villes vers la grande couronne, qui entraîne un développement des déplacements. Il faut donc proposer des produits performants et accessibles, plutôt que de faire des vitrines technologiques très chères. Il faut répondre aux besoins de mobilité.
Pouvez-vous nous parler de Mu by Peugeot et Multicity ?
Mu by Peugeot est opérationnel depuis 1 an, nous avons 8000 clients, dont 60% ne viennent pas de la marque Peugeot, mais sont plutôt attirés par ce nouveau mode de mobilité.
Multicity est un portail, un moteur de recherche : on rentre un point de départ, un point d’arrivée, et on peut choisir le mode de transport.
L’objectif est donc de recruter des clientèles, celles qui n’ont pas accès à la voiture ?
Oui, et des clients au pouvoir d’achat contraint. En France, il s’agit aussi de démontrer que nous ne sommes pas « des méchants », qui ne pensons pas qu’à la possession d’une grosse voiture, réclamant un parking. Les cabriolets représentent toujours 20% des locations. L’automobile, c’est donc aussi pour se faire plaisir. En outre, nous sommes aujourd’hui présents dans de nombreux points de vente pour les accessoires, en s’appuyant sur le réseau Peugeot.
L’auto-phobie des Français, la retrouve-t-on ailleurs ?
Non, en France, la voiture particulière est souvent une variable d’ajustement des humeurs écologiques. Quand on parle d’écologie, on parle de l’impact le plus visible : « les émissions de CO2 » mais ce n’est pas le plus pertinent : le véhicule particulier représente 8% des émissions au niveau mondial. Mais c’est je l’avoue un argument relativement facile à utiliser, comme cette enseigne de distribution qui dit « venez chez nous en transports en commun, et vous aurez une prime ». C’est un peu facile, comme la question d’interdire les voies sur berges. La voiture est un peu une victime expiatoire, et on ne retrouve pas ça ailleurs.
Source : Ifop