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L'Europe et les municipales : réponse au questionnaire de Relatio

Publié le 28 février 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Armand Tenesso, président de l’UDS, signataire du PACTE EUROPÉEN LOCAL de Relatio. Armand Tenesso, 42 ans, avocat au barreau de Strasbourg, est le candidat frappé d’inéligible des élections municipales à Strasbourg. C’est au nom de la liste UDS conduite par Jamal Boussif, qu’il a répondu au questionnaire de relatio. « Vous faites, par exemple, dans votre pacte, souvent mention du Conseil de l’Europe : son rôle, au sein de la cité – c’est indéniable – doit être davantage mis en lumière, ne serait-ce que parce que cette organisation régionale a beaucoup à nous apprendre.».

Questionnaire adressé aux têtes des listes de candidats aux élections municipales de Strasbourg, d’Illkirch-Graffenstaden et de Schiltigheim
  LE BILAN

1. Quel bilan dressez-vous des actions menées ces cinq dernières années pour conforter le rôle européen de Strasbourg ?
Des choses ont été faites, c’est incontestable, au moins sur le plan architectural et celui des transports. Je pense notamment à la Pharmacopée, à l’extension du Conseil de l’Europe, au TGV Est, à la desserte du Parlement par tram. Mais c’est «bons points» résultent non seulement d’un travail engagé depuis bien plus qu’un mandat mais, plus inquiétant, changent pas grand-chose à la donne. Les différents maires, de droite ou de gauche, qui se sont succédés semblent n’avoir toujours pas intégré une donnée fondamentale : l’institution ne fait pas la ville mais la ville fait l’institution. Prenez Bonn, en Allemagne : qui se souvient encore que cette petite ville administrative fut un temps capital du pays ? J’entends par là que pour que des institutions vivent, il faut d’abord que la ville elle-même vive. Qu’elle donne envie, qu’elle soit attirante pour le secteur privé. Prenez simplement l’exemple des cabinets conseils, des cabinets de lobbying spécialisés sur les questions (pan)européennes localisés à Strasbourg. Bien sûr, vous me direz que le Parlement ne siège que trois jours et demi par mois mais que faites-vous du Conseil de l’Europe, de la Pharmacopée, de la CEDH, de la Fondation européenne de la science, etc.. ? Un véritable questionnement de fond doit être engagé dans ce domaine. Strasbourg a besoin de bien plus qu’une liaison aérienne ou ferrée pour séduire élus et fonctionnaires (pan)européens : elle a besoin de ce qui permet à ces derniers de travailler au quotidien. Tant que vous n’aurez pas réussi à résoudre cette équation, vous pourrez gesticuler autant que vous le voudrez, vous proclamer meilleur défenseur de Strasbourg l’Européenne, vous le ferez en vain. Strasbourg n’a pas à mendier son statut auprès de Paris ou de Berlin, elle a à le construire. Un statut de capitale ne se décrète pas, il se construit, concrètement.
2. Quelle est selon vous l’initiative la plus positive, prise ces cinq dernières années, en faveur de Strasbourg l’Européenne ?
Peut-être le Club de Strasbourg, au moins dans sa dimension générale. Je mets en effet un bémol en ce sens qu’il reste à ce jour très opaque et technocratique. Disons qu’il ressemble bien plus à un club de bien pensants où, contre conseil en démocratie locale et en développement urbain, la municipalité cherche à monnayer quelque soutien politique. Mais bon, on a rapidement vu les limites d’un tel réseau « d’influence » dans la campagne pour le statut de capitale européenne 2013 de la culture. Avec un tel soutien, revendiqué, martelé et vendu à qui le voulait comme essentiel – voire décisif – Strasbourg n’a même pas été retenu dans le dernier carré… Notez qu’il s’agit là du second échec en la matière après le fiasco de l’alliance avec Karlsruhe, quelques années en arrière. Là aussi peut-être serait-il bon de se poser quelques questions.
3. Quelle est selon vous l’initiative la plus négative menée sur le même terrain ?
La nomination d’un chargé des affaires européennes dont tout le monde se demande encore ce qu’il a bien pu faire pendant sept ans où le silence assourdissant des autorités municipales à l’occasion de certains événements : je pense à l’affaire des caricatures de Mahomet ou à l’incroyable bienveillance dont nous avons fait preuve à l’égard des représentants russes lors de leur prise de présidence au sein du Conseil de l’Europe. Je ne demandais pas une révolution mais, quand bien même cela aurait-il pu bousculer quelques consciences, peut-être n’aurait-il pas été déplacer que le maire d’une ville dite « capitale européenne des droits de l’homme » s’émeuve de deux trois petites choses. L’excuse est en même temps toute trouvée : la Realpolitik que l’on aurait parfois envie de rebaptiser politique du « courage, fuyons ». En tant que Strasbourgeois, démocrate, simple citoyen, cette attitude m’attriste.
4. À votre avis, ces cinq dernières années, le rôle de Strasbourg en Europe s’est-il renforcé? Et pourquoi? Bien évidemment non. Et ce, pour toutes les raisons précitées. Il ne s’est peut-être pas réduit, mais il n’a certainement pas progressé. On en revient là encore à des choses élémentaires. Qu’est-ce être capitale européenne ? Est-ce simplement être là pour accueillir des institutions ou défendre des valeurs, un projet de société, pluriculturel, humaniste, citoyen, ouvert sur le monde ? En fait la seule vocation que semble avoir Strasbourg est celle d’être capitale de quelque chose. Strasbourg est capitale de l’Europe, capitale de Noël, capitale régionale, capitale rhénane et j’en passe. Je n’ai rien contre les médailles mais nous ne sommes pas non plus à l’école de ski où l’on accroche fièrement son ourson, puis son flocon ou sa première étoile sur son anorak. Tous ces titres n’ont pas de sens s’ils ne relèvent que de la politique marketing. Strasbourg, capitale européenne pourrait avoir du sens si le discours était, une fois encore en accord avec les faits. Il est tout de même incroyable que nous soyons siège officiel du Parlement et de la Cour européenne des droits de l’homme et que nos élites locales soient incapables même pas de porter un discours citoyen. Strasbourg accueille par exemple la seule institution européenne élue au suffrage universelle, dit parfois enrager que l’Europe n’aille pas plus vite, souffre de déficit démocratique : soit, mais alors qu’attendent nos élus pour soutenir les députés européens qui plaident depuis des années pour la mise en place de listes transnationales aux élections européennes ou pour l’organisation de référendums transnationaux sur les grandes questions – comme la Constitution – réunissant le même jour sur la même question l’ensemble des électeurs de l’Union.  Est-ce si compliqué de ne seulement pas se dire européen mais de l’être aussi dans ses actes ?! Si Strasbourg avait un maire, capable de ne faire que cela, croyez bien qu’elle serait déjà bien différemment perçue en France, en Europe ou ailleurs. Strasbourg a cette chance unique d’être la voix d’une autre Europe, à mille lieues d’une Europe technocratique et marketing, respectueuse de ses citoyens, constructrice et interactive, pour reprendre une terminologie propre aux blogs, dont le vôtre.
LE DEVELOPPEMENT DE L’EURODISTRICT
5. Quelle est votre opinion sur les évolutions récentes de l’eurodistrict ? Disons, et c’est une chose déjà importante, que son nom commence à être connu du plus grand nombre. Bien évidemment, cela ne suffit pas à faire l’Eurodistrict, mais c’est là déjà une belle avancée. Tout comme l’Union européenne, l’Eurodistrict n’aura de sens, de vie que s’il entre dans le quotidien des gens. Non pas contre eux mais avec eux. Plusieurs journaux, blogs, voire radios ont désormais fait de la dimension transfrontalière de Strasbourg une réalité et c’est une bonne chose. Ce qui me chagrine davantage est que sur le fond du dossier, sur la partie dite « institutionnelle », peu de choses sont véritablement connues du grand public. Je ne dis pas que tout se fait dans l’opacité la plus parfaite mais je pense qu’il y aurait peut-être moyen de rendre, par exemple, le conseil Eurodistrict plus transparent, tant dans ses actions que son fonctionnement. Autant le concept d’Eurodistrict commence-t-il à être connu du plus grand nombre, autant ses institutions – pour peu que le terme convienne véritablement – mériteraient d’être davantage mis en lumière. Quant aux multiples querelles de couloir entre élus français et allemands qui ont émaillé ces dernières années, je préfère ne pas m’attarder dessus. Ma volonté est d’aller de l’avant, pas de regarder dans le rétroviseur  des guéguerres personnelles.
6. Quelles sont vos propositions concrètes pour développer l’eurodistrict ? Déjà, peut-être, comme cela devrait être le cas pour l’Union européenne, de ne pas voire l’Eurodistrict comme une affaire étrangère. Strasbourg ne vit pas qu’à 180°. Elle vit à 360°. Conséquence directe : ce qui se passe de l’autre côté du Rhin nous concerne directement, tout comme ce qui se passe chez nous pour nos voisins de l’Ortenau. Des questions environnementales, à celles des transports, en passant par l’enseignement scolaire - et tout au long de la vie – ou à tout ce qui a trait à la consommation. Plusieurs dossiers ont été lancés, à l’instar de celui relatif à la couverture maladie. Ces choses vont dans le bon sens mais tout le défi consistera à passer de l’oralité au concret. Plus que des paroles, il nous faut des actes. Construire l’Eurodistrict va bien au-delà de la simple petite question locale. L’avenir de Strasbourg passe par l’Eurodistrict, qui plus est à l’heure où les grandes gagnantes de demain s’annoncent être le grand Londres, le grand Stockholm, l’Ile de France, les axes Lyon-Turin, Barcelone-Montpellier. Et cela est sans parler de villes comme Budapest, Bratislava ou Istanbul. Bien évidemment, nous sommes loin de ces métropoles. Bien évidemment aussi le but du jeu – si vous me permettez l’expression – n’est pas de les concurrencer démographiquement. Par contre, Strasbourg est au cœur d’un bassin de populations de plus en plus habituées à vivre, travailler ensemble. Une politique de transports interurbains performante me paraît essentielle, de même qu’une réflexion sur la complémentarité de certaines infrastructures (pourquoi, par exemple, ne pas essayer de convaincre certains aéroports de jouer la carte de la complémentarité entre eux plutôt que celle d’une concurrence stérile, qui plus est subventionnée par le citoyen). Travailler, s’installer sur l’autre rive – que l’on soit Français ou Allemand, ne doit plus être un problème, non plus. Des structures existent, mais doivent être renforcées. Kehl, pour ne prendre qu’un exemple n’est pas concurrente de Strasbourg, elle lui est complémentaire. Et si vous vous demandez, oui, la réciproque est également vraie. En termes d’urbanisation, aussi, Ces deux villes doivent se rapprocher. Imaginez ne serait-ce que le symbole que produirait celui d’une ville véritablement binationale si ce projet venait à aboutir sous quelques années. Je suis pour ma part convaincu que le futur de Strasbourg se situe le long du Rhin. Que c’est là que battra d’ici vingt ans, peut-être trente son cœur. Un cœur ouvert sur autrui, gardien de son histoire mais jamais revanchard. Le cœur d’une ville qui, d’ici là, aura, espérons-le appris à aller de l’avant et à cesser de ses chercher des excuses – à Paris ou ailleurs – pour ne pas le faire. Cela suscite que l’on accepte, enfin, dans cette région, qu’il n’y a pas de mal à voir une ville grandir peut-être un peu plus – ou plus vite – que d’autres.
7. Quelle place comptez-vous accorder à la société civile dans le développement de cet eurodistrict ? Je vous l’ai dit précédemment : « Tout comme l’Union européenne, l’Eurodistrict n’aura de sens, de vie que s’il entre dans le quotidien des gens. Non pas contre eux mais avec eux. » J’entends par là que faire l’Eurodistrict doit se faire, certes avec les politiques, avec les administrations mais aussi avec les habitants et résidents des deux rives. Faisons-leur un peu confiance, de temps en temps. Sur chacun des grands projets d’aménagement territorial, pourquoi ne pas consulter directement les populations concernées, sous forme de référendum local : le même jour sur une même question ? Non seulement, cela créerait les conditions du débat, d’une appropriation civile de ses termes mais cela aurait aussi le mérite de mettre en pratique ce que nous prônerions sur le plan européen. Comment en effet être pour des referendums transnationaux et rejeter leur transposition à l’échelle locale. Cela n’aurait tout bonnement aucun sens. Autre point, enfin, j’attends du citoyen qu’il soit acteur – au moins s’il le désire – de la construction de cet eurodistrict. J’entends par là que des forces de propositions comme le Forum citoyen eurodistrict ne sont nullement à négliger. Nombreuses sont les personnes, parmi ses membres, qui disposent d’un vécu transfrontalier de grande valeur. Ces personnes-là – mais cela peut-être d’autres associations – doivent avoir leur place dans le débat, ne serait-ce que parce que leur expertise est tout sauf théorique.
8. Etes-vous favorable à une extension territoriale de cet eurodistrict ? Non, du moins pas dans un premier temps.  Mais je dois avouer que de votre part cette question me surprend. En tant qu’observateur privilégié de la construction européenne vous savez sans doute mieux que quiconque combien il est difficile de construire quand on place le quantitatif avant le qualitatif. Ce que je veux dire est simple : ne cherchons pas à agrandir une maison avant même de l’avoir construite. Les règles du jeu posées, les mécanismes de décision et de consultation adoptés et éprouvés, il sera bien temps de voir si nous – citoyens de l’Eurodistrict – devons aller plus loin. Mais faisons déjà simple. Ne commettons pas les mêmes erreurs que l’Union européenne. Posons les fondations, bâtissons, certes avec une véritable vision d’avenir mais pierre par pierre. Maintenant, cela ne doit pas nous empêcher de développer des projets communs avec des villes comme Karlsruhe, Fribourg, Stuttgart, voire Francfort, notamment en matière de transports interurbains. Mais tel que je l’envisage, l’Eurodistrict va bien au-delà de ces simples questions et a besoin de temps et de simplicité géographique pour prendre véritablement son envol.
LA MISSION EUROPEENNE DE STRASBOURG :
9. Quelle place accordez-vous à la dimension européenne dans votre programme ? Pas moins ou plus importante qu’une autre dimension, ceci simplement parce que l’Europe, une fois encore n’est pas une question étrangère dans cette ville. Elle est partie intégrante de la vie de la cité. Prenez simplement l’exemple de certains quartiers comme le Neuhof, en voie de réhabilitation partielle grâce à des fonds européens. L’Europe, telle que je l’entends, ne se limite pas à la question du siège. Ce serait d’ailleurs, je crois assez réducteur et insultant pour nombre de Strasbourgeois que de résumer leur attachement (pan)européen à quelques bâtiments. Je ne pense pas que leur soutien indéfectible à la construction européenne ait répondu, lors des deux derniers referenda, à une simple volonté de défendre un petit territoire institutionnel. Permettez-moi de penser qu’en votant en faveur du Traité de Maastricht ou du TCE c’est à une certaine envie d’Europe qu’ils ont voulu dire oui. L’Europe est ici, pour nombre de gens, une évidence humaine, pas un privilège technocratique.
10. Adhérez-vous au Pacte européen local, proposé par Relatio ?
Oui. Dans les grandes lignes, bien évidemment même si vous comprendrez bien que je ne ferai pas de clientélisme en soutenant plus particulièrement certains projets « nominatifs ». Mon rôle en tant que maire n’est pas d’appuyer le projet d’untel ou d’untel mais d’associer les forces vives de notre ville pour nous construire ensemble un avenir. De réussir à convaincre d’autres, par notre dynamisme, par notre volonté de bâtir quelque chose de nouveau, de nous rejoindre aussi. Ne croyez pas qu’il suffira d’un claquement de doigts du maire de Strasbourg pour que Bruxelles et Luxembourg nous transfèrent gentiment leurs effectifs. Tous autant que nous sommes, je l’espère, sommes convaincus que l’avenir de notre ville passe par l’Europe et l’Eurodistrict. Comment les dissocier d’ailleurs de Strasbourg… ? Mais une fois encore, il ne suffit pas de se dire capitale de l’Europe pour l’être ni de supplier Paris d’avoir des fonds pour pouvoir avancer. Strasbourg doit prendre son destin en main, aidée ou non par d’autres. Ne nous cherchons pas d’excuses, avançons, forçons s’il en est besoin quelques verrous politiques et affirmons notre volonté d’avenir et de dynamisme. D’autres villes en France et en Europe ont su le faire. Pourquoi en serions-nous incapables. Les ressources, ne seraient-ce qu’humaines, ne manquent pas ici. Vous faites, par exemple, dans votre pacte, souvent mention du Conseil de l’Europe : son rôle, au sein de la cité – c’est indéniable – doit être davantage mis en lumière, ne serait-ce que parce que cette organisation régionale a beaucoup à nous apprendre. Vous avez raison de dire que Strasbourg doit être exemplaire en France et en Europe. Mais, pour être entendue, écoutée, respectée, elle doit avancer fièrement, avec ses propres forces, celles-là même qu’elle oublie trop souvent d’associer à ses ambitions. Un soutien de Paris peut-être utile, mais pas forcément vitale. D’autres villes, ont su se hisser bien plus haut que Strasbourg, sans aide de quiconque ou si peu. Dernier point, sur ce devoir d’excellence, nous en avons aussi un, en matière d’environnement. Bien que cette question ne soit que très peu abordée dans votre pacte, elle est selon moi de la plus haute importance. Les réussites, proches de chez nous ne manquent pas, Fribourg en tête. Inspirons-nous de ce qui se fait de mieux en Europe. Agissons et cessons de regarder.
11. Aurez-vous un adjoint en charge, exclusivement, des affaires européennes ?
Plus qu’un adjoint, c’est d’un directeur de cabinet formé et éprouvé – si vous me permettez l’expression – aux questions européennes que je souhaiterais déjà avoir auprès de moi. Vous ne pouvez pas conduire une action politique intégrant la dimension européenne dans l’ensemble de ses composantes si vos plus proches collaborateurs ne connaissent rien de l’Europe. C’est déjà là à mon sens une base essentielle à la réussite d’un tel projet. Après cela, je n’attends pas d’un seul adjoint qu’il soit en charge de la politique européenne de la ville. Tous doivent intégrer la dimension européenne dans leur action. Pour prendre un autre exemple, cette situation me fait penser à celle d’un gouvernement – de ceux dont nous sommes spécialistes en France – qui parce qu’il aurait un ministre de l’environnement se dirait écologiste. Un tel raisonnement est absurde si la dimension écologique n’est pas prise en compte dans l’ensemble des ministères de la Finance aux Affaires étrangères, en passant par les transports. Développer une politique européenne de ville est identique : l’Europe doit être une donnée intégrante de chaque portefeuille municipal.
12. Quelles mesures préconisez-vous pour que l’on cesse de parler de «bataille du siège» à propos des sessions du Parlement européen à Strasbourg ? La « bataille du siège » est une expression désormais médiatique même s’il est vrai qu’elle est loin d’être infondée. Mais là encore, nous restons dans les mots. Le rôle d’un maire n’est pas de surenchérir mais d’agir. Son rôle est de développer sa ville, d’attirer de nouvelles compétences, de donner envie de s’y installer, tant sur le plan professionnel que personnel. Transmettez cette envie, en redynamisant cette ville, en l’inscrivant dans le XXIème siècle, et voyez quelle sera la position de nombreux députés européens néerlandais ou britanniques sur la question du siège. Les eurodéputés ne cherchent pas ici des privilèges : ils cherchent les outils nécessaires à l’exercice de leur activité professionnel, des moyens de communication et de déplacement modernes, une vie culturelle, diurne mais aussi nocturne. Ils cherchent ce qu’ils n’auront pas chez eux ou à Bruxelles. Bâtissez, donnez leur cela – une ville vivante, épanouie, ouverte sur le monde, à l’image de ses habitants – et vous verrez que la question du siège ne se posera pas éternellement, au moins dans le cas de Strasbourg.
13. Pour vous « l’Europe à Strasbourg » est-elle un dossier politique qui doit tenir compte des clivages majorité /opposition ou un dossier à traiter d’une manière transpolitique ? Bien évidemment que Strasbourg l’européenne dépasse les clivages politiques. Mais plus que ce thème, c’est l’ensemble de la politique municipale qui doit dépasser les clivages partisans. Strasbourg n’est pas la ville de l’UPS, du PS, du MoDem ou de qui sais-je encore. Strasbourg est la ville des Strasbourgeois. C’est pour eux et avec eux que nous devons construire, avancer vers demain. Là chose vous semblera peut-être nouvelle dans la bouche d’un candidat aux municipales mais elle n’est pourtant que bon sens. Pourquoi une fois élu maire, ne plus discuter avec autrui, refuser toute proposition de développement urbain d’une personne de sensibilité politique différente, au motif que nous aurions été adversaires le temps d’une campagne électorale ? C’est absurde. Un maire n’est pas élu pour régner en maître absolu, pour diviser mais bien au contraire pour rassembler et mettre les meilleurs compétences possibles au service de la ville dont les électeurs lui ont confié la charge.
14. Considérez-vous que le siège du Parlement européen à Strasbourg est «perdu d’avance» et qu’il faille se préparer à accepter des compensations ou que Strasbourg doit s’accrocher aux missions fixées par les traités et accroître son assise européenne ?
Bien évidemment non. Rien n’est jamais perdu d’avance. Mais deux choses doivent être désormais bannies de nos comportements politiques : la politique de l’autruche et la méthode Coué. Acceptons enfin de voir les choses telles qu’elles sont pour faire de Strasbourg une véritable capitale. Arrêtons de nous plaindre et levons – enfin – la tête. Il en va, je crois de la responsabilité première d’un maire.
15. Quelle est votre position sur les suggestions faites par RELATIO pour accroître le rôle européen de Strasbourg et conforter la métropole  alsacienne dans sa mission de «capitale démocratique de l’Europe» ?
Si vous faites référence au «lancement de vraies négociations, au niveau des gouvernements,  avec Luxembourg, Bruxelles, pour que le Parlement européen installe  son Secrétariat général  dans la métropole alsacienne», à «l’obtention des antennes opérationnelles permanentes de la Commission et du Conseil de l’Union européenne, du Comité des Régions et du Comité économique et social  à Strasbourg», à l’organisation «d’actions de lobbying  mieux organisées et conduites avec professionnalisme en faveur du maintien des sessions parlementaires à Strasbourg et du renforcement de son rôle de «capitale démocratique», etc.., bien évidemment, je suis pour. Mais là encore, cela ne suffit pas. Ces démarches seront vaines tant que Strasbourg n’aura pas réappris à se prendre en main et à s’auto-developper. Strasbourg doit sortir de son image de musée ou de ville diplomatique sans vie et réapprendre, justement, à vivre. Cela passe par le dynamisme économique, la vie culturelle et nocturne, les facilités de transport, une dimension véritablement internationale à acquérir, etc… Ce jour-là, avec ces efforts-là nous pourrons non seulement discuter avec nos homologues mais peut-être également être entendus d’eux.
A ) SUR UN PLAN DE POLITIQUE GENERALE

Voulez-vous :
1)  Faire en sorte que «Strasbourg l’Européenne, capitale démocratique de l’Europe» soit  déclarée «cause nationale» avec tout ce que cela peut impliquer et notamment une ligne budgétaire «Strasbourg Europe» dans tous les ministères et adaptation du «contrat triennal» aux besoins nouveaux nés des élargissements successifs du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne? Je ne sais quoi vous répondre sur ce point. Oui, bien sûr, ce que vous proposez est important, stratégique pour la ville. Mais cela, une fois encore ne résoudra pas tout. Je l’ai déjà dit : parallèlement à cela, Strasbourg doit apprendre à se prendre en main par elle-même. Elle doit apprendre à faire confiance à ses propres forces vives, à rayonner non pas par les subventions qu’elle attire mais par la dimension qu’elle acquiert par une politique de ville ambitieuse et citoyenne.
2) En appeler à la mobilisation régionale et nationale pour que ce statut de cause nationale soit obtenu. Même réponse.
 
3) Obtenir des gouvernements français et allemands qu’ils négocient avec Bruxelles et Luxembourg un transfert de l’ensemble du secrétariat général du Parlement européen à Strasbourg ? On tourne ici en rond. Ma réponse reste la même, en rappelant, une fois encore, que Strasbourg si elle veut convaincre doit séduire et, pour cela, se donner les moyens de le faire.
4) Faire en sorte que le Conseil de l’Europe qui va fêter son 60 ième anniversaire en 2009 soit doté de moyens financiers nouveaux  notamment en matière de droits de l’homme, d’écoles de la démocratie, de coopération culturelle, des  moyens d’actions d’Eurimages, de l’Observatoire de l’audiovisuel européen et du pole production et réalisation audiovisuel et multimédia de Strasbourg, du dialogue interculturel. Sur les moyens du Conseil de l’Europe, ceux-ci sont à chercher auprès des Etats et de la France, en particulier, qui, pour l’anecdote, n’a pas toujours été un modèle de générosité envers l’institution. Pour Eurimages, un point m’intrigue depuis un certain temps : cette institution est sans doute l’une des plus utiles en Europe au financement du cinéma indépendant continental. Or, elle est sans doute l’une des moins connues, sinon la moins connue des Strasbourgeois. Nous disposons par ailleurs de complexes cinématographiques et de salles de cinéma d’auteur parmi les plus enviées de France. Parallèlement, dans d’autres villes et pays, il n’est pas rare de voir des festivals de cinéma innovants, séduisants. Qu’empêche Strasbourg depuis tant d’années déjà de se mettre en accord avec son identité politique et artistique : Europe, droits de l’homme, cinéma indépendant. N’y aurait-il pas là moyen de créer un événement annuel autour de ces thématiques, inspiré par exemple du Festival de Sundance ? Qui mieux que Strasbourg en Europe pourrait allier dimensions politique, cinématographique et citoyenne. Vous voulez que l’on parle du Conseil de l’Europe, d’Eurimages. Que l’on parle de ce qu’ils font, qu’on les «désinstitutionnalise», ce type de projets y participera bien plus que l’apport de subventions dont nul ne verra véritablement l’impact.
  B) AU NIVEAU DE L’ACTION DE LA VILLE ET DE LA CUS
  Vous engagez-vous à :
Créer un «Conseil de Strasbourg des affaires européennes» qui regroupe des élus locaux, communautaires, régionaux et des représentants de toutes les «forces vives» de l’eurodistrict, qui soit doté de moyens d’actions et travaille en liaison avec un vrai «service des affaires européennes» à la Ville ou à la CUS ? Oui.
Mener des actions de lobbying dignes de ce nom, mieux organisées et menées en faveur du maintien des sessions parlementaires à Strasbourg, du renforcement de l’Europe A Strasbourg et du rayonnement de l’Europe DE Strasbourg ? Oui
Tenter d’obtenir des antennes opérationnelles permanentes de la Commission et du Conseil de l’Union à Strasbourg et à accroître les moyens du CIIE ? Oui. À une nuance, près. Plus que de moyens, le CIIE a besoin de compétences et vision quant à sa démarche. Il doit cesser de s’enfermer dans une démarche purement institutionnelle et accepter d’aller au contact des gens et de nouer un véritable dialogue/débat avec eux. Il doit sortir de sa coquille d’initiés. Cessez de ne parler d’Europe qu’aux Européens déjà convaincus. Ce serait déjà là un premier pas intéressant.
Oeuvrer en faveur de la création d’une Académie européenne chargée non d’un dictionnaire, mais d’émettre des avis consultatifs «de Sages» sur les questions sociétales du présent et de l’avenir, sur les éthiques à élaborer dans les différents domaines d’actualité, sur l’approfondissement des valeurs et des structures démocratiques, sur les moyens de concilier progrès matériels et protection de l’environnement etc…Cette Académie travaillerait bien sûr en liaison très étroite avec le Conseil de l’Europe et l’ensemble des Académies nationales qui ont tenu à Paris, en 2007, leur première réunion commune. Oui.
 
À créer rapidement un musée vivant de la construction européenne, avec l’exemple de l’Eurodom, transformée en projet par Alexis Lehmann ? Comme déjà expliqué plus haut, même si l’idée retient mon attention, je ne peux m’engager à soutenir un projet nominatif. Cela serait tomber dans une forme de clientélisme que je refuse.
À créer un institut d’études sur la Civilisation européenne (lié à l’Eurodom et à l’Université) ? Même réponse que précédemment.
À créer une faculté européenne de théologie islamique ? Ce projet doit être étudié de près, ne serait-ce que parce que Strasbourg a une réelle tradition théologique. Associer Islam et valeurs européennes comme cela est déjà le cas pour le judaïsme, le catholicisme ou le protestantisme n’est de loin pas contraire à cet esprit. Disons que là aussi, le projet retient mon attention. Pour une raison au moins : l’enjeu est non seulement local mais bien au-delà national et européen. S’inspirer des travaux et réflexions menées entre autres par des personnes comme Franck Frégosi, du Centre Société, droit et religion en Europe (CNRS), sera sans doute essentiel dans l’approche de cette question.
À fonder un centre européen de l’altérité et du dialogue inter-culturel ? Davantage d’éléments devraient être connus pour bien cerner la dimension de ce projet. L’altérité, le dialogue interculturel s’apprennent de mon point de vue avant tout au contact des gens bien plus que dans les couloirs d’un centre de recherche. Disons que la chose est à réfléchir. Si ce projet peut-être d’un réel apport pour les Strasbourgeois et pour le rayonnement de Strasbourg, je n’écarte pas l’idée. Mais une fois encore, en l’état de votre présentation, il me serait bien difficile de me prononcer sur le sujet.
À faire aboutir le projet d’une  agence européenne des traductions ? Sur le principe oui, ne serait-ce que parce que Strasbourg est une ville diplomatique de premier ordre. Mais cette décision n’appartient pas au maire. Tout au plus peut-il militer en faveur d’un tel projet.
À reprendre le projet d’un jardin européen des droits de l’Homme (réalisé à partir d’œuvres fournies par les Etats membres du Conseil de l’Europe) ? Sur le principe, la chose n’est pas à écarter.
À organiser dans la CUS et l’eurodistrict des «Universités d’été» plurinationales dans tous les domaines du savoir et du savoir faire. Cette initiative ne relève pas à mon sens du rôle de la mairie. Celle-ci peut soutenir de diverses manières ce projet, mais je doute qu’il soit opportun de la rendre organisatrice de la chose, ne serait-ce que parce que la chose serait sans doute alors perçue comme «politique», bien plus qu’ «universitaire» ou «scientifique». Je ne pense pas que cela, serait servir la science que d’agir de la sorte.
À créer une Maison de l’Europe pour mieux accueillir les ONG, les réseaux et les associations qui oeuvrent en faveur d’une plus grande coopération et cohésion européennes? Là encore, le projet que vous proposez est trop flou et pose selon moi un problème de fond : qui accueillir ? Devons-nous accepter que les associations «eurobéates» ou sommes-nous prêts a accueillir aussi, au sein de cette «maison» des acteurs plus critiques. L’Europe ne pourra avancer que si les gens se parlent, que s’ils confrontent leurs idées. Réunir en un même endroit des gens par avance d’accord entre eux n’a pas de sens. Par contre, favoriser le débat citoyen, sortir des milieux avertis peut avoir un réel intérêt. Par ailleurs, cette maison, si elle devait voir le jour, devrait être véritablement ouverte aux citoyens via l’organisation de (véritables) débats contradictoires, de manifestations culturelles, d’enseignements (de type université populaire, à réfléchir d’ailleurs avec les structures déjà existantes). Elle pourrait également accueillir un pôle média ou offrir un soutien logistique à des médias citoyens existants ou à venir. Pourquoi ne pas imaginer la mise à disposer d’un studio audio/vidéo où des blogueurs, pour ne prendre que cet exemple, pourraient disposer de facilités d’enregistrement lorsqu’ils veulent par exemple interviewer une personnalité européenne ou organiser un débat entre plusieurs intervenants. Strasbourg est riche d’initiatives en matière de médias citoyens : de café Babel à Europeus, en passant par le Taurillon ou Relatio, les acteurs ne manquent pas. Vous parliez précédemment de renforcer le rôle du CIIE : pourquoi ne pas associer le centre à la démarche et tenter de lui donner, justement par ce type d’actions, un nouveau souffle. Nous ne devons pas avoir peur de la diversité, du débat, de repousser certains murs. Bien au contraire. Sortons l’Europe de sa Tour d’Ivoire, de ses petits cercles d’initiés et mettons la – enfin – au cœur de la cité. 
À rendre les couleurs européennes plus visibles dans l’ensemble de la CUS et de l’eurodistrict. J’avoue ne pas être certain de bien comprendre votre question. S’il s’agit simplement d’agiter un drapeau européen à chaque coin de rue, je doute de l’utilité de la chose. J’en reviens ici à ce que j’expliquais en amont : plus que de symboles politiques ou marketing, l’Europe a besoin d’actes concrets, forts. Je doute sérieusement que mettre des drapeaux aux fenêtres permettent de résoudre la crise démocratique et de confiance que traverse aujourd’hui l’Union.
À faire de Strasbourg  une ville pilote pour toutes les campagnes lancées par le Conseil de l’Europe et/ou l’Union européenne et en devenant «exemplaire» dans l’expérimentation ou l’application des directives ou recommandations européennes  qui impliquent les autorités locales dans tous les secteurs. Oui.
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Dernières questions personnelles :
Quel est votre engagement personnel en faveur de la construction européenne et dans quels domaines européens agissez-vous le plus ? Disons que je suis un Européen convaincu. Mais militant d’une Europe respectueuse de ses citoyens et de ceux, venus d’autres horizons, qu’elle accueille sur son sol.  L’Europe a ceci d’extraordinaire qu’elle est une construction pacifique, volontaire. Mais elle ne pourra réussir, à terme, si elle n’associe pas davantage, sinon réellement, ses populations à sa maturation. L’Europe est une chose trop sérieuse pour accepter que les citoyens soient exclus de son champ décisionnel. L’Europe, aussi, si elle veut grandir, doit apprendre à respecter ses voisins, non membres de l’Union. Elle doit apprendre à travailler avec eux mais pas dans une logique dominatrice : dans un esprit «gagnant-gagnant». Je ne sais pas si tous le réalisent mais nous avons la chance à Strasbourg, en France et en Europe, de vivre au carrefour de multiples civilisations. L’Europe s’est toujours nourrie, enrichie d’autres cultures, et inversement. C’est cela qui, de mon point de vue, fait la force première de l’Europe. Mon engagement professionnel, associatif, politique, s’est toujours inscrit dans cette optique. Il est en ce sens européen, non pas le temps d’une déclaration ou d’un meeting mais au quotidien, à chaque instant qui passe.
Avez-vous tenu compte des positions européennes de vos colistiers dans la composition de votre liste ? Si par «positions européennes» vous entendez ancrés dans des «certitudes militantes», non. Chacun a son histoire, son passé, son présent et son avenir. Chacun a son propre vécu européen. Certains seront peut-être plus critiques que d’autres. Mais tous ont ceci de commun qu’ils veulent ouvrir le débat, participer à la naissance – car malheureusement la chose est loin d’être faite – d’une Europe citoyenne. Je préfère de très loin avoir au sein de mon équipe des gens de sensibilités différentes sur certaines questions européennes, que des gens par avance d’accord entre elles. Il n’y a rien de pire à mon sens que les certitudes et le militantisme aveugle.
Armand Tenesso
Président de l’USD Union Sociale Démocrate
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Tribune libre  D'Armand Tenesso,
L’USD et les Strasbourgeois toujours présents dans la course aux municipales
Certains d’entre-vous auront appris mon inéligibilité au poste de maire par voie de presse. Par les Dernières Nouvelles d’Alsace pour être précis. Dans la foulée, comprenait-on, l’USD disparaissait même du paysage politique local, du moins dans les colonnes de ce même quotidien. À l’origine de «l’information», un entretien téléphonique avec une journaliste des DNA, qui, pour l’anecdote, aura mis un certain temps avant de se présenter. Je suis peut-être vieux jeu sur ce point, mais j’avoue avoir été surpris d’avoir eu quelque difficulté à obtenir de mon interlocutrice qu’elle décline son identité. La chose en fut d’ailleurs cocasse au point qu’un temps, mon équipe et moi-même avons cru à un canular téléphonique, notamment lorsque ladite journaliste me lança le plus naturellement du monde un « Monsieur Tenesso, êtes-vous au courant que votre liste a été invalidée ? ». Non, tout simplement parce que la liste USD n’a jamais été invalidée. Qui plus est, comment une liste non encore publiée pourrait-elle être invalidée… ? Alors oui, c’est vrai, j’ai été déclaré inéligible, pour des raisons sur lesquelles je reviendrai dans quelques instants. Mais cela n’enlève rien aux autres candidats de la liste. L’USD, n’est pas une personne. L’USD est un mouvement au sein duquel priment les idées, bien plus que les personnes.
Comment peut-on imaginer ne serait-ce qu’un instant qu’un homme puisse à lui tout seul faire invalider une liste, effacer une dynamique citoyenne ? Cela est tout bonnement incompréhensible.
Dès lors, et sans surprise, non seulement je reste président de l’USD mais je continuerai à mener campagne auprès des Strasbourgeois. Seule différence, et conséquence directe de cette inéligibilité, c’est un autre qui conduira la liste de l’USD. Cet autre est un homme de terrain, connu dans de nombreuses associations, par de nombreux habitants. Cet autre, cet homme de convictions, travaille depuis plus de vingt ans au plus près des gens, de toutes situations sociales, de toutes origines, de tous quartiers. Cet autre, cet homme de rassemblement est Jamal Boussif, acteur social depuis  20 ans qui agit, travail, pour l’orientation, la formation et l’insertion professionnelles de tous. Un homme, qui de par ses fonctions, connaît bien ce que d’aucuns appellent la réalité du terrain, parfois même sans qu’ils l’aient un jour vue. Là où d’autres candidats en parlent sans véritablement la connaître, lui la vit, comme vous, au quotidien. Pas à distance mais bien en direct, avec toute la force et la violence économique ou sociale qu’elle peut parfois malheureusement prendre.
Avec Jamal, une liste de 65 candidats. Eux aussi, tous dévoués à un même objectif : inscrire Strasbourg dans l’avenir. L’aider à être ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: une capitale de fait et non de papier. Une «capitale réelle» et non «fantasmée». Ces candidats sont vos voisins, vos sœurs, vos frères, vos mères, vos pères, vos amis. Ils sont vous : des femmes et des hommes qui ont envie de prendre leur destin, celui de leur ville en main. Ils sont ceux qui pensent que la politique n’est pas une affaire de partis mais d’envie, de volonté de construire, ensemble, au-delà des différences, et non de déconstruire.
Sur la raison de mon inéligibilité maintenant : d’aucuns, toujours dans les colonnes des Dernières Nouvelles d’Alsace, écrivaient encore hier que celle-ci était due à un «défaut de présentation de comptes de campagne», suite à ma candidature aux législatives. J’avoue m’étonner là encore de cette information. Mon inéligibilité ne tient qu’à une chose : mes comptes de campagne n’ont alors pas été visés par un expert comptable. Cela est bien différent d’une non présentation… Comprenez que je ne nie en rien ma responsabilité dans cette affaire. La chose est indéniable : j’ai sans doute été naïf, maladroit lors de mon entrée en politique, me préoccupant plus des idées et des projets que des contraintes administratives. Cette maladresse, bien sûr, je la regrette. Mais elle n’enlève rien à mon engagement. Par contre, permettez-moi de m’étonner qu’un grand quotidien transforme une réalité juridique à ce point.
Quant à la petite phrase, là encore relative à mon invalidation, « [Armand Tenesso] finit par s’élever contre cette décision [du Conseil constitutionnel], déclarant ‘qu’il va faire opposition pour suspendre les effets de la décision. Je suis en droit de rester en tête de liste’. Le juriste risque d’apprendre les règles du conseil constitutionnel à ses dépens. », bien évidemment - et comme l’a relevé un Internaute sur le blog des DNA – il fallait y voir un trait d’humour. Parce qu’avec autant d’approximations, parce qu’à entendre de la part d’une journaliste pourtant «chevronnée» que l’USD disparaît avec cette décision et que cette même journaliste semble ne rien vouloir entendre d’autre, on en finit – par lassitude - par manier le second degré. Heureusement, dans de telles circonstances, d’ailleurs, que je n’ai pas dit que je saisirai la Cour européenne des droits de l’homme… Imaginez le titre en Une des DNA : «Armand Tenesso déclare être persécuté par le Conseil Constitutionnel». C’eut été grotesque mais on en n’est pas tombé bien loin…
Pour conclure, disons que si je déplore une certaine légèreté de certains dans le traitement qu’ils font de l’information, l’incident est de mon côté clôt. Parce que Strasbourg, les Strasbourgeois, les idées et projets de l’USD valent bien mieux qu’une querelle de clochers. Parce que, quoi qu’il en ait été dit, une liste de  l’USD sera bien présente aux municipales, conduite par Jamal Boussif, homme engagé et passionné auquel j’apporte, en tant que Strasbourgeois et président de l’USD, tout mon soutien et mon amitié.
Armand Tenesso,
Président de l’Union sociale démocrate - USD

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