Henri Deluy publie l’Heure dite aux éditions Flammarion. Poezibao propose aujourd’hui un compte rendu de ce livre.
Vingt heures trente
à l’accumulation du temps, à Huguette Champroux
Vous attendez, le verbe. Ce qui dure.
Ce qui revient. L’heure. 17 heures 45.
Une jupe ? L’allée la venue du jeune garçon
Blond. Dog and duck. La nuit va s’effacer
Vers le bas, la nuit s’efface. Soleil à plat
Derrière les collines. La nuit des inconnues
En chemise de coton. Ombres d’une herbe
Sous la neige
Ombres de vers métriques sous une ligne
Découpée. Tissus qui ne changeront pas.
Ni cette ultime pluie qui t’appartiendrait,
Ni le plus proche, à l’instant, ni l’intime,
L’inclus peut-être, ou la chose rapide,
Courbée. 13 heures 30. Une série de
Trois casseroles qui ne changeront pas,
Enfermées dans l’acte obscur d’écrire
Une date à trouver. Ton chemisier la couleur
Ta couleur de tes joues. Ton cinéma
Le sourire qui reste sur la lèvre tendue
Les objets, la peinture, et ce cadeau avant la fin
Pour toi-même, pour tes mains, l’évocation
Des gestes quotidiens, la force descriptive du mensonge
Les infidélités et la fréquentation quotidienne
Des heures et dans les heures le temps.
Jeudi, 22 décembre, l’automne passe
Sous les couvertures. Un mot appelle
L’autre. Rappelle. Odeurs, sous une
Volée de mouettes…Et plus. Marseille
Vieux Port. Ce qui existe s’enferme,
À nouveau, dans ce qui n’existe pas.
Quatrième semaine de décembre,
C’est 24 heures, ailleurs. Et cette
Étrange démarche, ce maquillage
Inédit, ce froissement des paupières,
Cette couleur de femme sur la peau
Et les teintes sombres des premières prunes
À pourrir et aussi dahlias bleus et rouges,
Sales, délabrés et chrysanthèmes mêlés, et
Aussi le manque d’angoisse, le silence
Qui l’emporte
Et tout ce temps que tu passes à être morte
Henri Deluy, L’Heure dite, Flammarion, 2011, p. 213 à 218.
Henri Deluy dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, compte rendu de Les Arbres noirs (par Tristan Hordé)