Les Français sont des ingrats. Alors qu’ils pourraient se réjouir d’avoir un « capitaine » pour diriger le bateau France par gros temps, ils préfèrent vomir leur hargne à jets continus contre le président de la République, partageant des milliers de fois sur les réseaux sociaux des articles de propagande honteuse contre son escapade au Majestic Barrière, à Cannes, le temps d’un G vain. Certains, plus matois, affutent des arguments qu’ils croient superbement intelligents. Ils s’amusent à mettre en perspective le coût de la nuitée présidentielle (37 000, 3500, on ne sait plus trop) avec l’annonce du plan de rigueur faite hier par le vicaire Fillon.
Ils n’ont en fait rien compris.
Que se passe-t-il en France ? Il faut, pour saisir le moment que nous traversons, revenir un an en arrière. Christine Lagarde, avant d’être appelée aux plus hautes fonctions mondiales, s’occupait alors de l’économie gauloise et avait inventé un concept puissant, structurant, fécond pour qualifier la politique gouvernementale : la rilance, mélange détonant de rigueur et de relance.
Or c’est exactement ce à quoi nous assistons aujourd’hui : une application, un cas d’école presque, de la rilance. Pendant que le premier ministre chante l’oraison funèbre des mœurs dispendieuses du petit peuple – la rigueur – le président, de son côté, prend sur lui de réaliser la partie la plus douloureuse et la moins populaire du programme : la relance, en soutenant à lui tout seul le secteur du luxe et de l’hôtellerie, joyau de notre économie à l’avant-garde de la recherche et de la hi tech, secteur d’avenir que les Chinois ne nous voleront pas. N’ayons pas peur des mots : Nicolas Sarkozy, tel un Roosevelt face à la crise de 29, invente une nouvelle politique : le keynésianisme hôtelier.
Il convient donc d’espérer que sa suite a bien coûté 37 000 euros. Les jaloux et les frustrés qui marmonnent sur son prix oublient en effet combien elle a soutenu à elle seule une foule d’emplois : rénovateurs, décorateurs …
… menuisiers, tapissiers, couturiers, carreleurs, tailleurs de pierre, architectes d’intérieur …
… cuisiniers, boulangers, pâtissiers, maîtres d’hôtel, sommeliers, serveurs en livrée …
« L’hôtel vous propose 3 restaurants: La Petite Maison de Nicole, le Fouquet’s Cannes et le restaurant de sa plage privée; ainsi que son bar, le Bar Galerie du Fouquet’s Cannes…autant de lieux où l’on donne rendez-vous, où l’on retrouve des amis, où l’on se détend tout simplement. »
… coachs, entraineurs personnels, fabricants de matériel sportif …
« Le U Spa Barrière de l’Hôtel Majestic Barrière propose une salle de fitness équipée de matériel de sport dernier cri (tapis de course, vélos, etc.). Un coach accompagnera les clients pour leur indiquer les muscles à solliciter et les exercices à faire. Il enseignera les techniques de gym et le programme à suivre pour les clients soucieux de leur corps, ou simplement désireux de s’entretenir. »
… croupiers, agents de sécurité, barmen …
« Casinos. Accessibles directement depuis la Croisette, ces deux établissements de luxe aux décors majestueux vous accueillent dans des salons plus majestueux les uns que les autres afin de vous offrir les joies du jeux »
… et enfin des médiateurs, animateurs et éducateurs pour les jeunes enfants, ce qui prouve bien, au passage, que la proposition de François Hollande de créer des postes dans ce domaine est absurde et inutile :
« Le Club Diwi & Co propose aux enfants de 4 à 12 ans de s’exprimer autour d’ateliers créatifs et amusants: poésie, création de costumes, composition de jardins merveilleux, sculpture, cuisine… de quoi éveiller leur imagination et révéler leurs talents. ».
Concluons. Pendant que des millions de Français moyens à tous les sens du terme, aigris, envieux, autocentrés, à courte vue, grognent contre l’effort élyséen, notre Président, aidé des ses autres invités chefs d’Etat, soutient à son corps défendant l’emploi et l’activité économique. Traçant une voie nouvelle pour l’intervention de l’Etat en économie de marché.
Nicolas Sarkozy, un Keynes pour notre temps
Courage, Président. Les grands réformateurs n’ont souvent été salués qu’après leur passage aux responsabilités. Je ne peux que vous souhaiter une rapide reconnaissance de vos efforts.
Romain Pigenel