Plusieurs ONG françaises alertent l'opinion sur l'utilisation du mercure dentaire dans 70 % des amalgames de molaire ou de prémolaire en France. Selon elles, il s'agit purement et simplement d'" un poison ".
Selon les associations Non au mercure dentaire, le Réseau environnement santé (RES) et l'Association toxicologie-chimie, l'emploi du mercure dans les amalgames (qui remplace depuis longtemps le plomb) ferait courir un grand danger aux patients, constituant un "nouvel exemple de dysfonctionnement de la sécurité sanitaire".
Réunies pour un point presse le 27 octobre dernier, les associations ont indiqué que "les amalgames dentaires contiennent 50% de mercure, et on met chaque année "plus de 17 tonnes de mercure dans la bouche des Français." Or, comme le souligne le toxicochimiste André Picot, le mercure élémentaire est un CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique), s'amassant toute la vie dans le cerveau, les glandes endocrines, le système cardio-vasculaire... Il est "impossible de définir une dose d'exposition sans danger" pour la population fragile, comme les femmes enceintes et les enfants", a-t-il ajouté.
Si les associations n'ont pas insisté sur ce point, les rejets de mercure dans l'environnement représentent également un danger pour celui-ci, se retrouvant sous différentes formes dans l'atmosphère, les sols ou les cours d'eau.
Le Conseil d'Europe et l'OMS prennent des précautions
"Des centaines d'études scientifiques" incriminent ce métal lourd, ont souligné les associations. Sur le site de l'association Non au mercure dentaire , deux articles de scientifiques évoquent effectivement l'implication du mercure dans l'aggravation de l'hypertension, des maladies cardiovasculaires, des accidents cérébrovasculaires" ou encore de la maladie d'Alzheimer.
Si la confédération nationale des syndicats dentaires tient des propos rassurants réaffirmant son innocuité, le Conseil de l'Europe a lui adopté en mai dernier une résolution qui laisse penser le contraire. En effet, celle-ci invitait à "la restriction, voire l'interdiction des amalgames comme matériaux d'obturation dentaire". En outre, dans un récent rapport, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à l'utilisation de matériaux alternatifs. Alors que la Norvège, la Suède et le Danemark ont déjà interdit l'amalgame dentaire, la question de la substance qui pourra substituer le mercure se pose désormais en France. Mais selon les associations, c'est un "faux problème", les produits de remplacement, à base de verre dit ionomère ayant déjà "fait leurs preuves". Affaire à suivre donc...
Alicia Muñoz