Boris Vian, en plus d’être un jazzman et un écrivain apprécié, était aussi un parolier inventif et provocateur. Plein d’humour et d’esprit, il choque et déconcerte ses contemporains par ses textes ardents. L’exposition de la BNF (jusqu’au 12 janvier 2012) retrace cette riche époque musicale.
Parolier
En 1951, l’artiste passe l’examen d’auteur-compositeur de la SACEM; mais c’est en 1954 qu’il fait ses premiers pas en tant que parolier avec le pianiste Jimmy Walter. Cette association signe la sortie entre autres de «J’suis snob» dont le brouillon est exposé à la BNF et «Les Joyeux Bouchers». C’est avec Alain Goraguer que certaines de ses chansons les plus mythiques comme «Je bois» ou le premier rock sado-maso du millénaire «Fais moi mal Johnny» ont vu le jour. D’ailleurs il a chanté ce titre avec Magali Noël, son interprète préférée de l’époque (une photo illustre ce duo en plein enregistrement à la BNF). En travaillant avec Henri Salvador, Boris Vian s’essaie à de nouveaux styles. Les genres humoristiques («Blouse du dentiste»), rock fantaisiste («Rock Hoquet»), calypsos («Oh! Si y avait pas ton père») et chansons d’amour («T’es à peindre» et «Place Blanche») sont autant de textes qui finalement ne rencontrent pas le succès escompté.
Boris Vian et Magali Noël pendant
l’enregistrement de la chanson
Fais-moi mal, Johnny. DR
Cliché Patrick Léger – Gallimard
Archives Cohérie Boris Vian, Paris, 2011
Interprète
Au début des années 1950, Jacques Canetti, à l’époque grand directeur artistique et producteur musical chez Polydor et Philips, lui propose d’interpréter lui-même ses chansons. Dès lors, il en enregistre huit en avril 1955, accompagné d’un orchestre dirigé par Jimmy Walter. Ces titres seront gravés chez Philips en deux 45 tours; mais pour l’époque, les disques se vendent très mal, notamment «le Déserteur» (le brouillon est présenté à la BNF), interdit à la radio. Il finit par arrêter la scène, n’arrivant pas à contrôler son trac devant un public déconcerté par ses textes.
Le Déserteur. Paroles de Boris VIAN,
musique de Harold BERG
© Editions Musicales DJANIK pour la
France et le Benelux
Archives Cohérie Boris Vian, Paris, 2011
Directeur artistique
En 1958, Boris Vian passe à la production. Après une année en tant que directeur artistique adjoint pour les variétés chez Philips, il reprend la direction artistique du label Fontana, filiale de Philips. Il se laisse aller à quelques libertés, produisant même des disques canulars comme celui de «l’Adjudant Caudry» et ses troupiers comiques, ou Fredo Minablo et sa pizza musicale. Il se retire du monde de la production en avril 1959. Ainsi s’achève la période musicale de Boris Vian.
J’suis snob. Paroles de Boris Vian
Musique de Jimmy WALTER
© 1955 by les Nouvelles éditions Meridian
Publié avec l’autorisation des Nouvelles
éditions Meridian – Paris – France
Archives Cohérie Boris Vian, Paris, 2011
Comprendre l’une de plus grandes passions de Boris Vian, le jazz, sur le Grand Hôtel Doré.