Existe-t-il une relation entre les installations nucléaires de base et le risque de leucémies chez l'enfant ? Malgré 3 agrégats de cas à proximité de centrales nucléaires, on ne peut, à ce jour, conclure à une relation causale. Ce sont les conclusions de ce groupe de travail de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), la Direction Générale de la Santé (DGS) et la Direction Générale de la Prévention des risques qui recommande d'accroître la coopération et la veille scientifique internationale.
Le développement de l'industrie nucléaire suscite depuis plusieurs années des inquiétudes sanitaires. Une inquiétude légitimée en 2007, par des études allemandes (KIKK Study-Kaatsch et al. 2007 ; Spix et al. 2007) faisant état d'une augmentation d'incidence des leucémies de l'enfant âgé de moins de 4 ans dans un périmètre de 5 km autour des centrales nucléaires. Objectif, porter un avis sur les connaissances épidémiologiques disponibles concernant les effets des installations nucléaires de base sur le risque éventuel de leucémies de l'enfant.
Les leucémies de l'enfant représentent 30 % des cancers de l'enfant, soit 550 nouveaux cas par an chez les enfants et jeunes de moins de 19 ans. Si des progrès thérapeutiques considérables ont été accomplis dans la prise en charge de ces cancers, aboutissant au taux de guérison actuel de 60 à 80%, selon les types de leucémies, les facteurs de risque demeurent mal connus, qu'ils soient génétiques (5 %) ou liés à l'environnement.
De nombreux facteurs de risques cancérogènes : Dose, débit de dose, type de radiations, exposition aiguë ou chronique, sensibilité des organes/tissus/cellules, type de lésions induites, les facteurs génétiques, physiques, chimiques, sont nombreux et susceptibles d'additionner leurs effets.
Des risques démontrés à forte exposition: Après exposition aiguë à des doses supérieures à 50 mSv chez l'enfant et de 100 mSv chez l'adulte, l'augmentation du risque de cancer et de leucémie a été démontré chez les survivants des bombardements atomiques.
Or la dose moyenne reçue par la population française correspond approximativement à 3,3 mSv/an en additionnant le radon (1,4 mSv), les radiations médicales (0,8 mSv), telluriques (0,5 mSv), cosmiques (0,3 mSv) et les rejets des centrales nucléaires (< 0,1 mSv). Par ailleurs, la limite de dose autorisée pour les personnes exposées professionnellement est de 20 mSv/an et pour le public de 1mSv/an.
Des agrégats de leucémies à proximité de certaines installations nucléaires : Aujourd'hui, précise ce bilan de l'ASN, « les connaissances actuelles sur les effets des radiations ionisantes à faible dose ne permettent pas de conclure à une relation causale et les rares agrégats de leucémies à proximité de certaines installations nucléaires demeurent inexpliqués ». Les effets des radiations ionisantes, à faibles doses (< à 100 mGy) et faibles débits de doses (< 100 mGy/h), sur le système immunitaire demeurent controversés. Cependant, à partir de données disponibles pour 198 sites nucléaires répartis dans dix pays différents (Grande- Bretagne, Allemagne, France, Suède, Espagne, Etats-Unis, Canada, Japon, Suisse et Israël), 3 sites peuvent être considérés comme des agrégats confirmés : Sellafield en Angleterre, Dounreay en Ecosse et Kruemmel en Allemagne.
Quelques recommandations qui vont vers une surveillance internationale et exhaustive
· définir la méthodologie permettant l'établissement d'une liste internationale de sites nucléaires, soutenir et développer les études épidémiologiques,
· renforcer et développer la coopération et la veille scientifique internationale,
· créer un groupe de réflexion multidisciplinaire sur l'information et les modalités de la communication du risque, mais l'IARC n'est-il pas en charge déjà de ce dossier ?
Source : Communiqué ASN Recommandations du GT sur les facteurs de risques des leucémies de l'enfant
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