Un risque de schizophrénie confirmé et multiplié par 3, non seulement chez les « gros » utilisateurs de méthamphétamine, selon cette étude du Centre canadien des addictions et de la santé mentale, mais aussi chez les usagers de cannabis dépendants. Des conclusions bientôt publiées dans l'édition en ligne du 8 novembre de l'American Journal of Psychiatry, la revue officielle de l'American Psychiatric Association.
C'est la première étude mondiale de ce type, à grande échelle, menée sur plus de 60.000 participants, par des scientifiques du Centre for Addiction and Mental Health (CAMH) de Toronto, à identifier des preuves sur l'association entre une consommation importante de méthamphétamine et un risque plus élevé de développer la schizophrénie. Cette étude a non seulement comparé le risque chez les consommateurs de méthamphétamine, par rapport à un groupe qui ne consommait pas de drogues, mais aussi par rapport à de gros utilisateurs d'autres drogues.
Méthamphétamine et autres stimulants de type amphétamine sont le deuxième type le plus fréquemment consommé de drogues illicites dans le monde entier, rappellent les auteurs.
Pour établir cette association, les chercheurs ont examiné les dossiers patients des hôpitaux de Californie, admis de 1990 à 2000 avec un diagnostic de dépendance ou d'abus de substances illicites: méthamphétamine, cannabis, alcool, cocaïne ou opiacés. Ils ont également inclus un groupe témoin de patients non usagers de drogues. Le groupe « méthamphétamine » regroupait tout de même 42.412 cas, le groupe «cannabis » 23.335. «Nous constatons que les patients hospitalisés pour dépendance à la méthamphétamine et qui n'avaient pas reçu de diagnostic de schizophrénie ou de symptômes psychotiques au début de notre étude avaient un risque d'environ 1,5 à 3,0 fois supérieur de recevoir ce diagnostic de schizophrénie par la suite, par rapport à des groupes de patients consommant de la cocaïne, de l'alcool ou des opiacés », explique le Dr Russ Callaghan, auteur principal l'étude. De plus, ce risque accru de schizophrénie chez les consommateurs de méthamphétamine s'avère similaire à celle des gros consommateurs de cannabis.
En cause, la sensibilisation du cerveau à la dopamine: « L'utilisation répétée de méthamphétamine et de cannabis chez certains individus sensibles peut déclencher la schizophrénie latente en sensibilisant le cerveau à la dopamine, une substance chimique associée à la psychose", explique le Dr Kish co-auteur, qui précise aussi que ces conclusions ne s'appliquent pas aux patients qui prennent des doses beaucoup plus faibles d'amphétamines ou de cannabis à des fins médicales.
Dans une étude antérieure, les chercheurs avaient également suggéré une possible association entre la consommation élevée de méthamphétamine et la maladie de Parkinson.
Source:American Journal of Psychiatry via Eurekalert (AAAS) “CAMH study suggests increased risk of schizophrenia in heavy methamphetamine users » (Visuel © Phase4Photography - Fotolia.com)
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