Un bâtiment d’aspect ancien et bien conservé, avec moulures et arabesques en plâtre sur la façade et une affiche au milieu qui indique Café Internet. Un campement militaire rectiligne et extrêmement ordonné vu du ciel, avec des tentes d´un vert clair qui rappellent vaguement un campement romain. Un homme tenant dans ses bras sa fille de quelques années devant des ruines spectaculaires et très anciennes… Ainsi sont les photographies de Simon Norfolk sur l´Afghanistan : moments étrangement pacifiques au milieu de la guerre, avec un curieux contraste de quotidienneté et d’état d´urgence, d’histoire ancienne et de modernité soudaine, de déserts militarisés et de montagnes saisissantes.
Norfolk est un photographe britannique né au Lagos (Nigeria) en 1963, qui commença sa carrière comme photojournaliste mais changea graduellement d’orientation vers la photographie paysagère, fasciné par les façons dont la nature destructive de la guerre affectait la beauté des paysages. Dans son ultime travail, Norfolk et Burke, Photographies de la Guerre d’Afghanistan, exposé actuellement à la galerie Moeller Fine Art de Berlin, Norfolk reproduit et rend hommage aux images d’un photographe irlandais connu né au XIXème siècle appelé Burke. Entre 1878 et 1880, Burke fut envoyé comme photographe officiel en Afghanistan, concrètement sur une base britannique en Murree, relativement proche d’Abbottabad. Son travail là-bas fut de documenter la Seconde Guerre Anglo-Afghane: quelques unes de ses photographies furent publiées dans le quotidien londonien The Graphic, tandis que d’autres furent reprises dans des albums publiés pour l´occasion pour de hautes charges de l´armée et des administrateurs coloniaux.
Les photographies de Burke sont considérées comme les premières à être prises en Afghanistan… Par chance, Burke ne se limita pas à photographier des soldats et des scènes militaires, mais donna à quelques unes de ses images un côté humain et aussi critique: portraits de personnes, scènes de rue, paysages et situations qui attirent l’attention par leur simplicité et leur élégance. Décidé à revisiter son œuvre, Norfolk voyagea en Afghanistan et ne se limita pas à copier les photos de Burke, mais il les réinterpréta à la lumière des récentes guerres afghanes. Le dialogue qui s’établit entre les anciennes photographies de Burke et celles prises par Norfolk 130 années plus tard donne une image ethnologique et sociologique complète du pays et suscite une série de réflexions inévitables sur l’impérialisme, le colonialisme et sur comment des conflits apparemment dépassés sont en réalité depuis des décades incrustés dans la société. L’exposition présentée au Moeller Fine Art est d’abord passée par la Tate Modern et autres importantes galeries, elle inclut soixante cinq images: trente de Burke et trente cinq de Norfolk. Elle est divisée en trois sections principales: bases militaires, portraits et paysages urbains ou ruraux. Cette exposition représente une occasion unique de poser un regard neuf sur un pays souvent mentionné mais en réalité peu connu.
Josep LapidarioIl faut toutefois faire vite car l’exposition s’achève le samedi 12 novembre! Une fois que vous aurez trouvé votres appartements à Berlin il est fortement recommandé de se rapprocher du numéro 11 de la Tempelhoffer Ufer et de suivre les pas de ces deux photographes à l’esprit d’explorateurs…