Les gags sont assez convenus et pourtant on rigole franchement grâce à des acteurs dans une forme épatante. Dans Intouchables, tout le monde est beau et gentil (mis à part les candidats à l’aide à domicile), la bonne humeur est communicative et la fracture sociale disparaît. Rien de très original, mais un ultra feel-good movie qui prend déjà d’assaut le box-office.
Synopsis : Philippe, riche aristocrate tétraplégique, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison… Le duo que tout oppose va faire des étincelles…
Entre une aristocratie immobile, bloquée dans le passé, et une jeunesse des cités turbulente, bloquée dans le présent, il y a pourtant la grande majorité des français mais tant pis, Intouchables ne fera pas dans le détail, plutôt dans le symbole, quitte à utiliser outrageusement les clichés pour mieux appuyer ses messages d’espoir démesuré. Un triple conte de fée en somme. D’abord, le chômage et la délinquance ne sont pas des fatalités, on peut toujours s’en sortir. Ensuite, le deuil et le handicape ne condamnent pas au malheur, tant qu’il y a la vie, il y a la possibilité de vivre heureux. Enfin, les différences entre les hommes ne sont jamais insurmontables, l’amitié peut naître, même entre des êtres que tout oppose.
Dans Intouchables, tout le monde a le droit au bonheur, les riches, les pauvres, les handicapés, les noirs, les vieilles filles, les lesbiennes, même les adolescentes en crise existentielle. Comment ne pas adhérer? Comment ne pas sortir de là le sourire aux lèvres, le moral rechargé pour au moins une bonne soirée?
Pourtant, on n’est pas totalement convaincus. Justement parce qu’à force d’en faire trop, le film perd en sincérité ce qu’il gagne en béatitude. La caution « ceci est une histoire vraie » n’est qu’une justification sans intérêt pour une seconde partie de film sans idée et sans mordant. Tout le monde est trop gentil, il y a trop de bon coeur pour qu’on puisse y croire vraiment. Plus le film avance, plus les séquences sont improbables, plus l’humour légèrement irrévérencieux s’éteint pour laisser place à un mélodrame sans finesse.
On préfère donc la première heure du film et ses quelques véritables grands moments de comédie. Comme dans Tellement proches, Toledano et Nakache s’amusent à mélanger des milieux sociaux très différents et à observer les situations décalées qui naissent de la rencontre entre des personnages qui n’ont ni les mêmes habitudes, ni les mêmes repères, ni les mêmes valeurs. Souvent, le film se transforme en catalogue de blagues sur les handicapés, mais les gags fonctionnent, même les moins originaux, en grande partie grâce aux acteurs qui visiblement prennent du plaisir, et grâce au rire très communicatif d’un Omar Sy en grande forme, confronté à l’ironie mi-amusée mi-agacée de François Cluzet.
Malheureusement, avec un tel pitch et la volonté absolue de livrer un pur moment de bonheur, les deux réalisateurs se trouvent vite limités pour développer leur intrigue. Celle-ci se termine de la façon la plus attendue possible. Malgré l’extraordinaire sourire d’Omar, le gros bonbon bien rose et bien sucré a du mal à passer.
Intouchables, ce n’est pas du grand cinéma mais c’est un bon moment passé en salle et quelques vrais éclats de rire. Certains diront que ça suffit, et effectivement ce n’est déjà pas si mal.
Note : 5/10
Intouchables
Un film de Eric Toledano et Olivier Nakache avec François Cluzet, Omar Sy et Anne Le Ny
Comédie – France – 1h52 – Sorti le 2 novembre 2011