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Nu à la serviette rouge

Publié le 08 novembre 2011 par Corboland78

Les premiers signes avant-coureurs dataient de plusieurs semaines déjà, mais bien entendu je n’en avais pas tenu compte. Comme toujours.

Je pensais que cela passerait, une sorte de névralgie qui disparaîtrait aussi rapidement qu’elle était venue. Et puis, pour l’instant ce n’était qu’une gêne, sans plus, et encore qui ne durait pas toute la journée. Juste quand je buvais trop frais, ou que par mégarde je croquais à cet endroit dans un aliment coriace.

Après quelques jours j’avoue avoir envisagé de prendre un rendez-vous avec le dentiste. Mais rien que d’évoquer le mot, j’avais la sensation nette d’avoir réveillé ma douleur. Comme un esprit malfaisant dissimulé au creux de ma molaire pressentant que l’exorciste va se lancer dans ses incantations, ma molaire s’agitait dans ma gencive dès que je pensais au dentiste.

Dans la journée, pris par mon boulot et mes activités multiples, l’esprit occupé par mille pensées n’avait pas de temps à perdre avec ces tiraillements discrets et non continus. C’est le soir, seul chez moi, quand je regarde la télé pour m’occuper plus que par intérêt, quand le cerveau en roue libre enfin, se détend et retrouve le calme d’une vie normale, qu’elle se rappelle à moi. La douleur.

Là c’est net, chaque heure qui s’écoule rend la gêne plus prégnante, au rythme des battements de mon cœur la douleur commence sa sarabande. Déjà que naturellement je ne suis pas porté sur la danse, ce n’est pas en me forçant que ça va arranger mon aversion. Aië ! Aïe ! Aïe ! Je crois que j’ai gémis tout haut, c’est vraiment un très mauvais signe.

Salle-de-bains, armoire à pharmacie, je l’aurais juré il ne me reste plus d’Aspro ni même de Synthol. Je tente un bain de bouche avec de l’eau tiède, un léger soulagement, je souffle un peu, ça fait du bien. Mais ce n’est que de courte durée, la vache ! Dans la glace j’essaie de repérer au fond de ma mâchoire l’origine de ce mal, il semble qu’une môlaire soit noire, j’y pose délicatement mon doigt. Argh ! C’est tellement douloureux que j’ai failli me mordre. Cette fois j’enrage. Quand on est enragé et qu’on se mord, aggrave-t-on le mal ? Nom de dieu, j’ai déjà mal comme une bête, si en plus je me pose des questions à la con, je vais terminer fou furieux.

Je vais me prendre une douche, alterner eau chaude et froide, me cribler le corps d’eau pulsée, détourner mon attention du mal qui gagne en intensité, là encore si durant quelques instants je ressens un soulagement certain, il ne dure pas. Ce court moment de répit à profité à mon cerveau pour se remémorer des remèdes de bonnes femmes, je fonce en cuisine, un clou de girofle, une gousse d’ail, je n’ai pas le temps d’expérimenter l’un après l’autre pour déterminer le plus efficace, je pile le tout et m’en mastique comme je peux,la dent. Saloperie de molaire !

Quelle horreur, non seulement je me suis fait plus mal encore en tartinant ma dent avec mon doigt, mais ce goût atroce s’est répandu partout dans ma bouche, des trucs se coincent entre mes autres dents, je toussote, je crachote, bref je vomis presque dans l’évier dans l’urgence de me vider le gosier de cet emplâtre merdique qui n’a rien arrangé à mes affaires.

Il est quatre heures du matin, je suis à poil dans ma salle de bains avec une serviette rouge autour de la taille ,nous sommes dimanche et demain, pas de bol c’est un lundi férié, je ne sais pas comment je vais tenir jusqu’à mardi. Car mardi matin à la première heure, même avant peut-être, je serai devant la porte du dentiste …. Aaaaah ! Ca recommence, le mot tabou qui ne doit pas être prononcé.     

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Schiele Nu à la serviette rouge (1914) – Gouache, aquarelle et mine de plomb 48x32cm – Graphische Sammlung Albertina, Vienne 


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