Poils, Boutons et Autres Effets Indigestes

Publié le 08 novembre 2011 par Hunterjones
Comme son grand frère fait maintenant le trajet tout seul en autobus au secondaire, Punkee a perdu son partenaire de marche jusqu'à l'école primaire du coin de la rue.
C'est moi qui remplit maintenant la tâche. Chaque matin vers 7h24 nous partons tous les deux et nous nous rendons à la petite école. Ça semble charmer la maman d'une petite de la classe à ma fille qui fait la même randonnée mais en sens inverse. On arrive souvent à la cour de recré en même temps. Elle me parle toujours comme si on se connaissait mais à vrai dire je ne sais pas son nom. Je ne sais trop comment mais elle connait le mien. Et quand elle me parle c'est presque toujours un compliment déguisé.
"Hunter t'es toujours de bonne humeur, le beau sourire pis toute!" je pense à ma nuit d'amour c'est pour ça.
"Faut être fin pis dévoué pour accompagner sa fille chaque matin comme ça" un bon chien chien.
"Wow! toute bien rasé..."
ben justement ce matin là je croyais m'en tirer et je ne me suis pas peigné, (ce que je fais de plus en plus souvent d'ailleurs) et je ne me suis pas rasé non plus. Rien à faire, rien ne lui échappe en ce qui concerne ma personne elle m'en a parlé. Elle s'est même empêché de compléter ce qu'elle disait à sa fille pour s'adresser à moi:
"C'est joli la barbe pis la moustache, c'est pas solidarité pour le cancer de la prostate?"
Plusieurs têtes se sont retournées, j'ai eu l'impression que les autres mamans autour m'ont toutes regardé sur les mots cancer-de-la-prostate et j'ai soudainement eu l'envie de me justifier. C'est con je me suis senti l'appareil à l'air, j'ai certainement rougi. Tout ça était trop bête et je me suis contenté de sourire en tournant les talons.
Ce qui a dû confirmer aux yeux des autres que j'avais une maladie masculine.
Seulement la libido trop souvent dans le tapis mesdames.
La vérité dans ma "solidarité" avec Movember est beaucoup plus superficielle. Vaine. Douchebag. Je me laisse aller la pilosité depuis le 1er novembre parce que j'ai deux boutons. Un sous la narine droite, masqué par la naissance d'une moustache (sauf mercredi dernier où il était blanc comme la farine!) et l'autre sur la tempe masqué par une barbe naissante. Mes poils sont toujours naissants de toute façon. Mon sang indien ne me rend pas tellement poilu. Mon seuil de pilosité est encore faible après 8 jours par rapport à certains hommes qui ont beaucoup plus de poils que moi après seulement 24 heures.
À quel âge cesse-t-on d'avoir des boutons? Je n'ai jamais réèllement eu de problèmes d'acné. Si bien que "péter un bouton" est une chose que je n'ai jamais faite.  En fait la seule fois que je l'ai fait c'était sous pression de ma partenaire de vie et c'est justement ce piton ponctuel qui apparait à tout les 5 mois depuis sur ma tempe droite. Je lui ai comme offert une garantie à vie de subsister en le crevant sous sa recommendation et maintenant plus jamais je ne toucherai un bouton sous peur de l'entretenir.
C'est donc un brin poilu que je me suis rendu à la Belle Province pour diner (il y a longtemps que je m'étais gâté d'une poutine) puis dans mon magasin de musique préféré pour écouter une curiosité.
À 13h32 vendredi dernier, je retenais l'heure afin d'aller vérifier sur le site de Radio-Canada/Radio qui chantait cette très très jolie chanson. Je savais que Dominique Poirier n'en parlerait pas après le morceau mais à ma grande surprise, elle a présenté l'artiste. (une étoile dans le cahier de Domiique Poirier!)J'avais bien deviné c'était bien Isabelle Boulay.
Je n'ai jamais été fan de sa musique, ni même de sa voix, suis beaucoup plus amoureux de sa tête et de ses fesses et ce, sans aucune finesse. 24 heures avant je la voyais à la une d'un journal culturel avec Benjamin Biolay, que j'adore, et je me disais que ces deux-là feraient de très jolis bébés. Je comprends maintenant qu'à l'oreille et en studio, ils ont fait association.
J'étais à me demander si je trouvais ça bon où si je m'inventais un besoin en poste d'écoute ne magasin quand je me suis tourné vers la jeune femme à ma droite. Il s'agissait de la mère de la petite fille qui je crois, m'aime bien. Au poste d'écoute voisin, dans le même magasin, un disque de vomi à la main.
"Ah ben! on vient se gâter! qu'est-ce que t'écoutes?"
Une femme qui m'énerve et qui me dérange dans mon écoute
Je lui ai montré l'album avec un sourire sans enlever mes écouteurs. C'était une reprise de Lee Hazelwood et Nancy Sinatra et je me demandais pourquoi Bio & Bou-lay n'avaient même pas tenté de la traduire. L'accent de France dans la langue de Shakespeare n'est pas toujours heureux (le timbre est toutefois ici parfait) et sur le morceau Isabelle Boulay est même pire.
"Ah moi à m'énarve Isabelle Boulay..." me dit-elle
Comme toi tu m'énerves...
Elle ouvrait une brèche de discorde, je n'ai pas hésité et j'ai sauté sur ma chance de me débarrasser d'elle. N'écoutant que mes intestins j'ai digéré ma poutine graisseuse et échappé un fielleux pet chaud, bruyant et très malodorant après avoir menti:
"Ah ben moi c'est ma chanteuse préférée j'ai tout ses disques, je l'aime peu importe ce qu'elle fait". Ça semblait calculé et tout, avec le mouvement des hanches qui se retournaient vers l'ailleurs, mais au contraire c'était plutôt une erreur anale. Une échapée ventilée. Je lui ai de plus, dit ma phrase au travers d'un tube de carton ayant peut-être servi pour du papier d'emballage qui trainait par là. Je ne sais trop ce qui m'a donné envie de faire ça mais bon...je l'ai fais...
Pour faire bonne mesure et toujours avec le tube, jétais inspiré et j'ai poussé un long rot guttural en sa direction. Fantastique effet sonore.
Si j'avais récité l'alphabet, je me rendais à G. J'avais oublié de retirer les écouteurs quand j'ai quitté d'un pas certain, ce qui m'a happé vers l'arrière et presque assis au sol contre mon gré . J'ai gardé un visage digne même si j'avais perdu tout potentiel d'élégance.
Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je voulais une cassure dans notre inexistante relation. Avec la face de morue sur la rive qu'elle me faisait, j'ai obtenu cette cassure. Avec une couche de honte en prime.
J'ai laissé l'album de Boulay trainer dans la section Fiction Roman Étranger autour de la lettre M.
M comme minable.
Je metterai peut-être l'album sur ma liste de Noël, mais je ne suis pas convaincu.
Mon écoute de la rousse sentait trop le roussi.
Sa chanson à elle seule est très très agréable. L'imagerie, le galop musical, l'automne chanté par celle aux cheveux couleurs automne. Les mots: un hymne national pour Montréal. C'est vrai que Montréal nous manque à tous aussi, montréalais.
 
Fini la poutine.
Mais reviens-nous Montréal.
Tu manques à la belle province.