Ce lundi 7 mai 2011, alors que le Premier Ministre François FILLON vient de dévoiler un nouveau plan de rigueur, et d’austérité, on observe que celui-ci ne changera par grand chose à notre problème profond et durable de finances publiques dans la mesure ou ce n’est pas de cette manière qu’on règle une mauvaise gestion des finances publiques depuis plus de trente ans, il est fort utile de regarder quelques graphiques issus d’un rapport datant de début 2010 sur cette question.
Il s’agit du « RAPPORT SUR LA SITUATION DES FINANCES PUBLIQUES »
de Jean-Philippe COTIS et Paul CHAMPSAUR publié en AVRIL 2010.
« En effet, par lettres de mission en date du 15 février 2010, le Président de la République a demandé à M. Paul CHAMPSAUR, président de l’Autorité de la statistique publique, et à M. Jean-Philippe COTIS, directeur général de l’Institut de la statistique et des études économiques (Insee), d’établir un diagnostic objectif et partagé de la situation des finances publiques de la France. Le présent rapport fait suite à cette demande. »
J’ajoute que « Conformément aux lettres de mission, les conclusions des rédacteurs ont été partagées avec les parlementaires, les partenaires sociaux et les représentants des collectivités territoriales. »
On observe sans le moindre doute que tous les gouvernements, de droite et de gauche avec ou sans cohabitation, qui se sont succédés depuis 1974 ont leur part de responsabilité dans cette dégradation continue des finances publiques en France.Face à un tel constat incontestable, je suis tantôt énervé, tantôt hilare, tantôt désolé, …, par tant de mauvaise foi quand je j’entends et quand je vois nos dirigeants politiques se renvoyer la balle de la responsabilité, alors que leurs prédécesseurs et eux même ont participé activement à cette gestion irresponsable et désastreuse dont le prix sera payé in fine par ceux qui n’y sont pour rien, ou presque. Qui d’après vous ?
Source : « Rapport sur la situation des finances publiques », COTIS-CHAMPSAUR, avril 2010
Ici on voit, de manière limpide, que l’Etat français présente un déficit budgétaire annuel depuis 1974.
Autrement dit, depuis 37 ans, l’Etat emprunte chaque année pour financer des dépenses qui excédent ses recettes.
Alors que sur cette très longue période, l’économie a connu des années de croissance forte, jamais les recettes supplémentaires n’ont servi à réduire suffisamment le déficit, voire à obtenir des excédents budgétaires, afin de réduire la dette publique. Le résultat, on le voit ci-dessous.
Source : « Rapport sur la situation des finances publiques », COTIS-CHAMPSAUR, avril 2010
La dette publique, étant un stock alimenté par les flux de déficits ou emprunts passés, ne cesse de croitre en montant et en pourcentage du PIB.
Quand le rapport (Dette Publique / PIB) croit, cela veut dire que la dette publique augmente plus vite que le PIB.
Il ne faut par être Grand Clerc pour comprendre que cette dynamique n’est pas soutenable plus longtemps car plus les années passent et plus la solvabilité s’affaiblit.
Il ne faut pas non plus être Prix Nobel d’économie pour comprendre que les créanciers s’inquiètent et exigent des taux d’intérêt plus élevés pour continuer à prêter …
On voit ci-dessous pourquoi l’Etat français est aujourd’hui placé sous surveillance par les agences de notation.
Source : « Rapport sur la situation des finances publiques », COTIS-CHAMPSAUR, avril 2010
En effet, en 1977, la situation de l’Etat français au regard du rapport (Dette Publique / PIB) était bien meilleure que celle de la moyenne de l’UE 15 (l’Union européenne des 15) de l’Allemagne et des Etats-Unis.
Pourtant en 2010, la situation est analogue à celle de ces pays.
Première enseignement, la très mauvaise gestion de nos finances publiques depuis cette période s’est traduite par une dégradation plus rapide que chez nos partenaires principaux.
Cet aspect de la dynamique de notre dette publique est fort bien connu des observateurs et il n’est pas surprenant que la confiance en l’Etat français soit sérieusement érodée.
Si le Premier Ministre pense qu’un plan de rigueur du type de celui qui a été proposé ce jour, lundi 7 novembre 2011, va significativement participer à la résolution de notre profond et durable problème de dette publique, alors il se tromper probablement largement.
On va y revenir prochainement sur ce point.
Rappel
Par lettres de mission en date du 15 février 2010, le Président de la République a demandé à
M. Paul CHAMPSAUR, président de l’Autorité de la statistique publique, et à M. Jean-Philippe COTIS, directeur général de l’Institut de la statistique et des études économiques (Insee), d’établir un diagnostic objectif et partagé de la situation des finances publiques de la France.
Le présent rapport fait suite à cette demande. Pour analyser l’évolution de nos finances publiques au cours des trente dernières années, le présent rapport s’est essentiellement appuyé sur les données de la comptabilité nationale, qui fournissent une vision exhaustive et objective de la situation des administrations publiques.
Ses rédacteurs se sont attachés à répondre à l’ensemble des questions qui leur étaient posées en bénéficiant du support actif des équipes de la direction du budget, de la direction générale du Trésor, de la direction générale des collectivités locales, de la direction de la sécurité sociale, de l’Insee et de l’Inspection générale des finances.
La Cour des comptes a également été associée aux travaux réalisés.
Conformément aux lettres de mission, les conclusions des rédacteurs ont été partagées avec les parlementaires, les partenaires sociaux et les représentants des collectivités territoriales.
La liste des personnes et organismes consultés à cette fin figure en annexe IV du présent rapport.
A consulter :