Ce ne sont pas des monstres, en tout cas. Le monstre de base pense à manger, à tuer pour manger, à dormir quand il est fatigué, à se battre quand il doit se défendre (ou son territoire, ou sa femelle, ou ses petits). Le monstre n'est qu'un homme comme les autres, finalement.
A peine les braises s'éteignaient-elles au Maïdo que le siège de Charlie Hebdo, rebaptisé Charia Hebdo, s'embrasait à son tour. Deux types ont lancé un cocktail molotov dans une vitre du journal satirique, qui avait mis en une un dessin du prophète. Plutôt rigolo, le dessin. Pas de quoi fouetter un chat. Mais pour quelques abrutis, de quoi brûler un journal. Ces abrutis là non plus ne sont pas des monstres. Seulement des abrutis.
Ce soir, je me réchauffe à un feu de cheminée, à 10 000 kilomètres des milliers d'hectares fumants de mon île. Je regarde les braises, les écoute finir, sent leur chaleur. Ce feu finissant là me réchauffe. Les brasiers de Syrie emportent dans leurs cendres la vie d'enfants, d'hommes et de femmes. Le feu est décidemment une chose étrange. La vie. La mort. La démocratie. La dictature. La chaleur, toujours.
François GILLET