Des chiffres qui font
peur, ce n’est pas ça qui manque, citons par exemple 1.693.000.000.000 € qui
correspond à quelques dizaines de millions près au montant de la dette publique
française fin juin 2011, ou 100 000 000 000 …de cigarettes fumées par an ou
encore 7 000 000 000 qui comme chacun sait est le nombre approximatif
d’habitants de notre pauvre terre.
Tous ces chiffres et bien d’autres encore sont inquiétants mais les chiffres
n’ont pas besoin d’être astronomiques pour être effrayants et en l’occurrence,
celui qui m’a récemment fait sursauter n’est qu'un tout petit... 69. Plus
précisément
69% comme le pourcentage de français qui selon un sondage récent
considèreraient les hommes politiques comme « plutôt »
corrompus ! Ce chiffre confirme une enquête publiée en Septembre qui
donnait un chiffre encore un peu plus élevé de
72% !
Certes, le « plutôt » devant « corrompus » semble
pondérer la chose mais somme toute assez petitement. On ne sait pas trop ce que
signifie ce « plutôt ». Est-ce une sorte de « un peu », de
« presque » ou de tout aussi vague « dans l’ensemble » ? En
tout cas, il fait face à « plutôt honnêtes » ce qui dans une vision
mathématique des choses revient à confronter directement « honnêtes »
et « corrompus ».
Donc il y aurait 69% de la population qui considérerait les élus et les
dirigeants politiques comme corrompus !...Stupéfiant et inquiétant !
Stupéfiant parce que considérer nos élus et les dirigeants politiques comme
globalement corrompus c’est, à l’évidence, avoir une vision erronée de
l’intégrité de la classe politique et c’est probablement méconnaitre ce qu’est
la réalité du travail de nos élus et les responsabilités qui pèsent sur leurs
épaules. C’est manifestement généraliser quelques cas fortement
médiatisés.
Inquiétant parce qu’une démocratie représentative telle que la notre
s’appuie sur la confiance. A travers l’élection nous donnons mandat à une
personne pour nous représenter ce qui suppose bien entendu que nous lui
accordons notre confiance. La confiance en l’élu est d’autant plus importante
que l'élection est pratiquement le seul moyen institutionnel qu’à la population
pour s’exprimer (compte tenu des limites du referendum).
Sans cette confiance, c’est tout notre système qui prend l’eau, au profit
potentiel de tous ceux qui se posent en Saint-Juste de la politique et qui
viendront expliquer au bon peuple qu’il faut un homme ou une femme intègre à la
tête de l’Etat, de la région ou de la Commune, un homme ou une femme qui,
évidemment, se placera au dessus de tous les autres !
Comment en est-on arrivé là ?
Je vois quatre grandes explications.
La première relève des faiblesses réelles ou supposées des contrepouvoirs.
Elle est en partie réelle parce qu’à l’évidence, la Justice n’est
pas indépendante et les medias manquent de moyens et pour certains de
compétences.
Pour autant, à notre époque ou la transparence est reine, ou un politique ne
peut plus lâcher un pet sans qu’un micro l’entende et qu’aussi sec, son petit
relâchement soit diffusé sur la toile du monde entier, les contrepouvoirs sont
partout.
En tout état de cause, l’élu qui, en toute discrétion, fait ce qu’il veut,
quand il veut et comme il veut et qui en passant s’en met plein les fouilles,
cela tient du pur fantasme, au moins pour leur très très grande majorité. Les
règles auxquelles ils sont soumis, quelque soit leur niveau de responsabilité,
sont nombreuses et contraignantes et leur responsabilité personnelle souvent
engagée.
La seconde découle de ce sentiment, très largement partagé, que la
« classe » politique constitue une sorte de caste fermée,
prétentieuse et coupée du peuple, qui comme toute caste s’auto-protège, et n’a
qu’un objectif dans la vie le pouvoir pour le pouvoir. C’est le fameux
establishment des Le Pen. Cette vision des politiques extrêmement stéréotypée
conduit à toutes les généralisations et à tous les fantasmes. Et, lorsqu’une
brebis galeuse est identifiée, le café du commerce bruisse de « Je te
l’avais bien dit Roger, tous pourris » !
La troisième grande explication, c’est ce vieux réflexe qui consiste, quand
ça va mal, à chercher des boucs émissaires à tous nos malheurs. Clairement, si
nous sommes dans cette situation, c’est que les politiques, tous autant qu’ils
sont, par leurs décisions nous ont foutus dans la merde. Depuis 30 ans, en
France aucun budget n’a été équilibré, c’est de la faute de tous ceux qui se
sont succédé au pouvoir depuis 30 ans. C’est soit parce qu’ils sont
incompétents, soit parce qu’ils sont « malhonnêtes » au sens ou ils
ont privilégié leurs propres intérêts au détriment de ceux …du Peuple
!
Ce discours, il est répété à longueur d’année par des Mélenchon, Le Pen et
autres Besancenot et il trouve évidemment un large écho auprès de tous ceux qui
n’imaginent pas un seul instant que nous puissions être tous responsables. Si
pendant 30 ans la France a vécu au dessus de ses moyens, n’est-ce pas parce que
chacun y a été de ses petites ou grandes revendication !.... n’est-ce pas parce
que les politiques, pour pouvoir être considéré comme de bons dirigeants et
garder une chance d’être réélus, ont servis les intérêts de leurs électeurs.
Est-ce un hasard si à la seule énoncé du mot rigueur ce fut toujours cries
d’orfraies et braillements scandalisées.
Il a fallu attendre que nous soyons au pied du mur pour que nous acceptions
enfin de l’entendre !
Enfin, la quatrième explication, tient au fait qu'il y a effectivement
quelques moutons noirs et même aux
plus hautes fonctions de l'Etat. Plus généralement, nos politiques n’ont
pas encore compris que leur fonction leur impose, beaucoup plus que tout autre,
d’être parfaitement irréprochables. Elle implique, évidemment, de ne pas piquer
dans la caisse mais plus généralement de respecter scrupuleusement les lois et
règlement qu’ils imposent au reste de la population. Plus fort encore, leur
statut de représentant de l’Etat, d’une région ou d’une commune les soumets à
des exigences éthiques et morales à la hauteur des responsabilités qui leur
sont confiées et de la grande confiance qui leur est faite.
Non, nos élus et nos dirigeants politiques ne sont pas corrompus, mais ils
ne sont pas inattaquables. Ils se conduisent trop souvent comme beaucoup de
leurs électeurs. Ce n’est pas parce que ceux-ci, lorsqu’ils en ont l’occasion,
fraudent le fisc, qu’ils
négligent de respecter le code la route ou qu’ils abusent des biens
collectifs, qu’ils doivent considérer qu’ils peuvent en faire autant, non
!
S’ils sont considérés comme « plutôt corrompus » par 70% de la
population, c’est en grande partie parce qu’ils n’ont pas pleinement pris
conscience de l’apostolat que constitue le fait d’être élus, considérant trop
souvent qu'une fois l'élection gagnée le plus dur est fait !
Malheureusement, de cette situation nous avons également notre part de responsabilités. Si, au lieu d'aller s’empresser de réélire un élu indélicat, les électeurs étaient plus exigeants à leur égard, tout le monde serait gagnant: les politiques dont l'image ne souffrirait pas des exactions de quelques uns, les électeurs et la démocratie.