L'euro franchit la barre historique de 1,5 dollar.
Amis voyageurs, c'est le moment de traverser l’Atlantique….. Après être venu buter à plusieurs reprises, au cours des derniers mois, contre la barre symbolique de 1,50 dollar, l'euro l'a franchie, pour la première fois de son histoire. La monnaie européenne a même atteint ce matin 1,5055 dollar, ce qui correspond à un niveau de 4,35 francs.
En fait, cela n’est pas une surprise : ce n’est pas l’euro qui est trop fort, c’est le dollar qui est trop faible. L’explication tient en une phrase :Le décalage économique de part et d'autre de l'Atlantique !. Alors que les Etats-Unis semblent s'enfoncer inexorablement dans la récession, "plombés" par la déroute des subprimes, les économies du Vieux Continent affichent une résistance inattendue à la crise bancaire mondiale. Inattendue mais durable ? Pas de pronostic :tout reste très volatile.
Un fait incontestable :Le baromètre Ifo, publié mardi, qui mesure le moral des chefs d'entreprise allemands, est remonté en février à 104,1 points, après 103,4 points en janvier. Au contraire, les mauvais indicateurs s'accumulent outre-Atlantique. La confiance des consommateurs américains est tombée au mois de février à son plus bas niveau depuis quinze ans. La crise de l'immobilier s'aggrave : les procédures de saisies de logements dont les propriétaires sont dans l'incapacité de rembourser leur prêt ont progressé de 8 % en janvier ; la chute des prix des logements s'est accélérée au quatrième trimestre de 2007 (- 5,4 %).
Cette détérioration rapide de la situation pourrait inciter la Réserve fédérale américaine (Fed) à baisser de nouveau rapidement et fortement ses taux directeurs, afin d'éviter une décennie de stagnation comme le Japon en a connu une durant les années 1990. Très faiblement rémunéré, le dollar deviendrait très peu attractif.
Un autre fait peu contestable : en dépit des assurances officielles, le passage de l'euro au-dessus de la barre des 1,50 dollar est de mauvais augure pour le gouvernement français, dans la mesure où il pèsera sur le commerce extérieur, la croissance et l'emploi. Trois indicateurs qui ne sont ne rien satisfaisants.
Question :la banque centrale maintiendra-t-elle son cap, en prenant le risque d’accentuer la différence des taux entre les deux cotés de l’Atlantique ? Coté français, on accentue les pressions. Mais les économistes font valoir que la faiblesse du dollar n’a pas que des inconvénients. Et que l’inflation dans la zone euro reste supérieure aux prévisions : 3,2% en janvier, contre un objectif de 2% .
WILLIAM PETITJEAN
Crédit photo : Evangelos Vlasopoulo/Stock Exchange