Aujourd'hui devenue une évidence, la vraie question n'est plus " Faut-il sortir du nucléaire ? ", mais plutôt " Quelles sont les solutions pour en sortir ? ". Avec ce livre simple d'accès, le Réseau Sortir du nucléaire tente d'apporter des réponses claires et pragmatiques, loin du " dogmatisme " parfois reproché aux écologistes.
Après la catastrophe de Fukushima, la crise nucléaire et alimentaire qui a touché le Japon, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et la Belgique ont décidé d'aller dans le sens d'une dénucléarisation. C'est dans ce contexte particulièrement favorable que le réseau Sortir du Nucléaire(RSN) fait paraître son livre " Sortir du Nucléaire, c'est possible !". Celui-ci vise notamment essaie notamment de se défaire des stéréotypes sur les anti-nucléaires en s'appuyant sur des données scientifique solides. Xavier Rabilloud, porte parole du RSN, et corédacteur du livre, répond à nos questions :
- Pourquoi faire paraître ce livre maintenant (la date de parution est le 26 octobre) ?
Ce livre paraît dans le sillage de la catastrophe de Fukushima et dans la perspective des élections présidentielles et législatives - nous faisons d'ailleurs part de nos revendications aux candidats, en fin d'ouvrage.
Nous souhaitions rédiger un livre facile d'accès et complémentaire de notre brochure "Changeons d'ère, sortons du nucléaire". Il s'agit de déboulonner certaines idées fausses sur le nucléaire tout en rappelant - contrairement à ce que l'on nous fait croire - qu'il est réellement possible de sortir du nucléaire. Aujourd'hui, la majorité de la population française se déclare en faveur d'une sortie du nucléaire : entre 70 et 77 %, selon un sondage de l'IFOP et du JDD.fr. Dans ce livre, nous leur disons qu'ils ont raison de le penser, en s'appuyant sur le travail d'experts en physique nucléaire et sur les travaux de négaWatt, de la Criirad (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) ou encore du centre de recherche américain, le Rocky Moutain institute.
En partant d'une analyse rationnelle de la situation basée sur des informations scientifiques, nous mettons en avant les volets prioritaires que sont la sobriété énergétique dans un premier temps ; et l'efficacité énergétique dans un second temps, avec le développement des énergies renouvelables.
- Quelle est la position du RSN à ce sujet ? Comment " sortir du nucléaire " ?
Nous revendiquons une décision immédiate de sortie mais pas une sortie immédiate du nucléaire. En effet, certains sites à risques tels que Tricastin, Fessenheim ou encore le Bugey, nécessitent d'être fermés immédiatement car ils ont dépassé les 30 ans de fonctionnement. D'autres sites en revanche, sont encore viables. C'est pourquoi il faut faire les choses intelligemment, en s'appuyant sur les analyses de faisabilité technique et sociétale réalisée dans le scénario de Global Chance, par exemple.
- Que répondre aux experts qui estiment que la France est incapable de se passer du nucléaire ?
Contrairement à ce que le gouvernement veut nous faire croire, le nucléaire n'assure pas l'indépendance énergétique. La France importe beaucoup plus d'énergie qu'elle n'en vend et l'uranium est importé à 100 % de l'étranger (alors que dans certains pays comme le Niger, les conditions d'exploitation sont déplorables). Ce sont certaines aberrations telles que l'électrification massive de nos systèmes de chauffage qui nous ont rendu "dépendants" au nucléaire. Quant à l'argument d'énergie propre, il est balayé par le simple fait que la facture énergétique de la France ne cesse de croître. Sans compter que le nucléaire gaspille beaucoup l'énergie qu'il produit : deux tiers de l'énergie "primaire" produite par les réacteurs sous forme de chaleur, sont perdus par dissipation dans l'environnement. Au final seul un tiers de l'énergie produite est injectée dans le réseau sous forme d'électricité...
Les risques de black outs sont donc une réalité. Lors des pics hivernaux, nous avons déjà importé de l'énergie nucléaire chez nos voisins européens.
Enfin, nous leur prouvons par les chiffres que le coût du renouvellement du parc nucléaire est supérieur à celui de la sortie du nucléaire, notamment depuis la décision de construire les EPR, beaucoup plus coûteux.
- Doit-on prendre exemple sur l'Allemagne ?
L'Allemagne a fait preuve d'un courage politique certain et il y a un certain nombre de mesures de soutien à l'efficacité énergétique dont on pourrait directement s'inspirer. Maintenant, la France n'est pas dans la situation économique et énergétique de l'Allemagne. En dehors de cet exemple, on sait parfaitement comment sortir du nucléaire car il y a des pays au sein même de l'Union européenne qui n'ont jamais eu recours à cette énergie.
- Justement , quels conseils pour ceux qui souhaiteraient réduire leur dépendance au nucléaire ?
Moins il y aura de besoins, plus nous pourrons faire pression sur les décideurs politiques. Il faut savoir que si les écogestes sont un effort intéressant sur le plan symbolique, ils sont insuffisants sur la consommation finale. C'est pourquoi nous avons l'habitude de conseiller le recours au fournisseur Enercoop, qui est le seul à être une société de type coopérative d'intérêt général. L'énergie qu'il injecte provient de sources renouvelables et il injecte autant d'énergie qu'il n'en vend car contrairement aux grands comme EDF et GDF, son objectif n'est pas de faire du profit.
L'action au niveau local est particulièrement importante. A titre d'exemple, une commune peut économiser jusqu'à 40 % de sa consommation en réduisant l'éclairage public. Il faut donc multiplier les mesures de rationnalités dans les collectivités territoriales pour réduire notre consommation.
Sortir du nucléaire, c'est possible !
Un livre du Réseau "Sortir du nucléaire" publié aux éditions Nova, en partenariat avec Agir pour l'environnement, octobre 2011, 144 pages, 11 €. Livre imprimé en France sur du papier recyclé à 100 % par un imprimeur labellisé Imprim'Vert.
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Propos recueillis par Alicia Muñoz