PS: Pardonnez-moi pour ne pas avoir mis les couleurs telles que vous les lisiez mais encore, la plate-forme rencontre certains problèmes. Et ça ira au prochain éditorial, merci!
Veuillez faire jouer l'audio au moment que je le signalerai et pour les nouveaux lecteurs, lire le descriptif, merci.
À l'émission d'Humour, on en parle
Je ne peux pas vous obliger, vous forcer, vous lier les mains et les pieds à votre chaise, à votre fauteuil pour lire toutes ces chroniques, tous ces éditoriaux. Ce que je peux dire, par contre, est que cela me fait un énorme bien d'écrire tout ce qui se diffuse en moi. D'une part, je mets mon vécu et de l'autre part, j'y ajoute de la fiction. Mais... à ce qu'on dit... ou si vous aimez, à ce que je dis parce que je le pense, tout est possible. La fiction rejoint le réel, notre réel, le rêve rejoint notre réel, l'imaginaire rejoint notre réel, l'imagination rejoint notre réel. Nous n'avons rien inventé dans ce monde.
Tout est un recommencement à l'exception, au niveau d'évolution du physique, du terrestre. Vous saisissez? Sans importance... Ce matin, lundi 17 octobre, je me réveillais soucieusement songeuse à propos d'un rêve où une seule image restait gravée.
Peu convaincante cette image de mon rêve... mais...
Au déjeuner avec ma mère
snorounanne - Pourquoi quoi? Je suis convaincue que Genny m'indique des points dans ces rêves bizarres.
madame d'Humour - Pourquoi n'analyses-tu pas tes rêves? Tu trouverais les réponses. Et parlant d'analyser... il y a bien longtemps, ma fille que personne ne communique avec toi pour ces cartes Atlas.
snorounanne - Communique?
madame d'Humour - Personne ne te téléphone. Tu n'as pas fait de carte Atlas depuis très longtemps, sinon, tu m'en aurais parlée.
snorounanne - Parce que, maman, c'est peut-être là un signe à comprendre que je passe à autre chose, tu ne trouves pas? Ce sont les mêmes personnes qui reviennent, je ne suis pas leur gardienne, leur guide. Et cette carte Atlas peut être déterminée à long terme. Et pour tout te dire, je n'en fais plus.
madame d'Humour - Comment tu n'en fais plus? Tu as délaissé ce don? Tu n'en fais plus parce que tu passes ton temps à, à, à,...
snorounanne - Je ne sens plus cela en moi. Point à la ligne, n'en discutons plus. Si cela doit revenir, je m'ouvrirai. Pour le moment, il y a autre chose que j'aspire.
madame d'Humour - Ah oui? Comme t'enfermer des heures de temps dans ta chambre et cela devant ton ordinateur? À faire quoi?
snorounanne - Non mais en quoi cela te regarde? Je sais que j'ai un don, je m'en suis occupée dès que j'en ai pris connaissance. Ça fait plus de 30 ans! Il se peut que moi aussi j'aie eu un blocage quelque part non? Je n'ai plus d'intérêt à plonger dans le corps d'une personne pour agrafer ses petites bêtes noires et écrire ce que je sens et en être payée! Surtout... pour en être payée à ce prix, je n'ai jamais demandé à être contrôlée par quelqu'un ayant soumis d'être payée encore plus! Il ne faut pas que je prenne... je ne sais trop comment l'expliquer, maman. Mais, je ne sens plus le besoin d'en faire. (me levais de table ayant fini de déjeuner)
madame d'Humour - Tu veux revenir à la somme quand tu as commencé, à tes débuts, à dresser cette carte?
snorounanne - (portais l'assiette et la tasse au lave-vaisselle)non. Je ne veux plus faire ces choses sur demande. Voilà! J'ai eu trois appels et je leur ai expliqué que pour le moment et jusqu'à ce que je le sente à nouveau et peut-être bien que ces choses ne reviendront pas. Je fais autre chose, maman dans laquelle je m'ouvre. (fermais la porte du lave-vaisselle)
madame d'Humour - Comme tu t'es ouverte à mettre le feu à ta maison.
snorounanne - (frappais du pied la chaise) Excuse-moi mais j'ai implosé ma rage, ma peine, ma détresse et je les ai toutes faites explosés! Je ne voulais plus... (me rendais compte du ton élevé) Je veux vivre, je veux respirer et, et, et qu'eux (levais les yeux vers le haut) oui eux! Me laissent tranquille.
madame d'Humour - (dans ses souvenirs) quand tu es venue au monde, les premières constatations que ton père et moi avions faite, snorounanne, c'est que tu refusais de dormir tes nuits. Ton père et moi, à tour de rôle, nous te bercions afin que le sommeil te prenne. Nous avions remarqué que tes yeux restaient entièrement ouverts et ils suivaient quelque chose au plafond et partout, vers le haut. Nous disions, elle voit sûrement des anges, tu souriais, tu semblais si captivée. Cela a duré longtemps. (prenait une petite pause) ne cherche pas à être comme tout le monde, ma chérie. Tu n'es pas comme tout le monde.
snorounanne - Je ne veux pas passer toutes ces autres années à écrire pour décrire ce que je perçois chez les gens, maman. J'ai fait ma part et de plus... je ne me suis jamais considérée comme une voyante ou claire voyante. C'est donc tout là... je suis un être qui doit faire ce qui l'appelle et l'éclaire et non ce que les autres veulent que je fasse. Il faut comprendre ça. Bon... je vais me préparer. Dédé va arriver dans 53 minutes. (Dirigeais mes pas vers ma chambre)
Avant de passer en ondes à d'Humour, l'émission d'actualités et d'informations, mesdames et messieurs, je donnais un coup de fil à ma mère. Question d'excuser mon comportement désagréable de ce matin. Elle comprenait mon point de vue, je raccrochais la ligne.
snorounanne - Bonjour, bon après-midi mesdames, messieurs. Après avoir connu l'été indien, y a pas à dire, on a les deux pieds dans l'eau. Mais! L'automne comme toutes les saisons, nous est imprévisible. Moi... j'ai pas hâte d'entendre les gens se répéter et de nous rabattre ça dans les oreilles jour après jour... maudit hiver! Je haïs l'hiver! J'aime pas l'hiver! Y neige, y a des tempêtes, y fait frette, on gèle! Faut pelleter, faut déblayer mon entrée, mon char...
- Ben... achetez-vous un abri tempo! Achetez-vous une souffleuse! Engagez un déneigeur! Dites à votre patron, ou votre patronne, moi cet hiver, je viens pas travailler, vous me reprendrez au printemps. Mais arrêtez donc de vous en plaindre! Hé! Ici au Québec y neige depuis des siècles. C'est pas demain que ça va s'arrêter hen?
- De quoi allons-nous parler cet après-midi, comme sujet? Ça vous dirait la transsexualité? Et qu'est-ce que c'est? La transsexualité est une discordance entre le corps et l'esprit. Les personnes transsexuelles ont l'impression d'être nées dans le mauvais corps, c'est-à-dire soit dans le corps d'un homme alors qu'elles se sentent femme, soit dans un corps de femme alors qu'elles se sentent hommes.
- Ce trouble concerne entre 5 000 et 10 000 personnes en France, mais il est difficile de donner une estimation précise puisque l'on ne dispose d'aucun recensement même au Québec. L'origine serait double, à la fois psychologique et biologique.
Pas moi qui sélectionne les sujets d'émission, sachez-le
- Psychologique d'abord, puisque certains privilégient la thèse d'une confusion d'identité liée à l'enfance, voire au désir des parents d'avoir un enfant de l'autre sexe. Biologique ensuite, car pour certains chercheurs, la transsexualité viendrait d'un dérèglement entre les hormones mâles et femelles. Mais à l'heure actuelle, il n'y a toujours pas de véritable explication.
- Nous irons aux pauses commerciales et tout de suite après, mesdames et messieurs, nous nous entretiendrons avec monsieur Daniel Martel. À plus!
Trois minutes qui vous sont accordées pour les prendre, go! Et une coupure du temps et on est à nouveau en place devant les caméras.
snorounanne - Et pour mieux élaborer cette discordance entre le corps et l'esprit, nous avons via satellite, à Québec, Daniel Martel. Bonjour Daniel!
Danielle Martel - Bonjour snorounanne! Vous allez bien?
snorounanne - À merveille, merci. Et vous de même?
Daniel Martel - Très bien, je vous remercie.
snorounanne - En forme et prêt à vous ouvrir devant plus de deux millions de téléspectateurs, monsieur Martel?
Daniel Martel - Sans problème.
snorounanne - Alors, dites-nous votre histoire. Quand, comment, pourquoi? Je ne sais pas, je pose des interrogations mais vous êtes le gouvernail.
Daniel Martel - Je vais avoir 28 ans en décembre prochain. Et aussi loin que je me rappelle, j'ai eu le sentiment que l'on s'était trompé d'enveloppe. Quelqu'un s'était trompé dans la distribution. J'avais l'impression d'être un objet dans un mauvais paquet. Physiquement tout était là, mais l'intérieur ne correspondait pas à l'extérieur. J'étais alors toute petite. Je dis petite alors que je n'ai jamais parlé de moi au féminin, même enfant. J'ai toujours pensé être un petit garçon dans le corps d'une petite fille.
snorounanne - Là... ce que vous allez nous raconter, Daniel et en passant, laissez-moi vous dire que vous êtes beau gosse.
Daniel Martel - Merci.
snorounanne - Vous allez faire une sorte de retour en arrière, nous parler de votre enfance jusqu'à aujourd'hui, c'est cela?
Daniel Martel - Oui c'est ça, si j'en ai le temps.
snorounanne - L'émission vous est consacrée, vous avez un peu moins d'une heure. Allez-y.
Daniel Martel - Afin que les lecteurs, les auditeurs et les gens à la maison me suivent dans cette narration, je débuterai dans mon enfance. Depuis tout petit : ma mère m'a raconté qu'elle se souvenait que très tôt je lui disais que j'étais un garçon. J'avais une grand-mère couturière qui jouait à la poupée avec moi (souliers vernis, collants blancs à petites fleurs, robe avec jupon) quand je ne rêvais que de grimper dans les arbres et mettre le nez dans un moteur.
- Du jour où j'ai dit à ma mère de ne plus m'habiller comme une fille, elle fit encore quelques tentatives puis renonça. Elle m'a raconté qu'à 18 mois le médecin est venu pour je ne sais quelle maladie enfantine, et me demanda ce que je voulais pour Noël. Je lui aurais répondu que comme cette année j'ai été très sage, je voulais être un petit garçon. Et il a eu beau m'expliquer que ceci que cela, je n'en démordais pas.
- Ceci dit, j'avais une vie chaotique. J'ai été ce qu'on appelle un enfant battu, sans compter un grand-père violeur. De 6 ans jusqu'à 13 ans, j'ai été victime de l'inceste. Comme je ne supportais pas les parents qui me tapaient dessus, j'étais tout le temps malade et donc souvent chez mes grands-parents.
Je baissais la tête... dans mon esprit je recevais des images du drame des soeurs Moreno.
Beau gosse, ce Daniel, n'est-ce pas? L'opération est incroyable.
Daniel Martel - À l'école, avec ma coupe au bol et le fait que je dégageais une masculinité très prononcée, aux yeux de tous, j'étais un garçon, jusqu'à ce que la prof m'appelle par mon prénom. À un moment, une psychologue scolaire convoque mes parents pour leur dire qu'il était préférable que j'aille en pensionnat. Et ainsi donc en 6ème (à 11 ans) je me retrouve en pensionnat dans un dortoir tout en longueur. J'étais impatient que mes parents s'en aillent, histoire d'avoir la paix.
- Une fois partis, alors que j'étais en train de déballer mes affaires passe un père de famille accompagné de la directrice, qui me voyant, dit "tiens cette année les garçons sont mélangés avec les filles" et la directrice lui répond "Non, c'est Nicole"... Et cela a été ainsi tout le temps. C'est à cette époque que je suis tombé amoureux d'une autre fille. C'était une de ces histoires de cœur qui durent sans qu'il se passe quoi que ce soit. Je lui écrivais des mots, on se prenait la main. C'était quelque chose de très joli, de gentil, par rapport à ce que j'avais vécu et ce que je vivais encore.
snorounanne - En somme, vous, en bas âge, vous n'étiez pas mêlé mais plutôt tout le monde autour de vous. Continuez Daniel, je vous en prie.
Daniel Martel - C'est une fois en pensionnat, résidence scolaire pour filles que je me suis rendu compte que ce que je vivais avec mon grand-père n'était pas vraiment normal. Toutes les filles se posaient des questions à propos des garçons, alors que je ne m'en posais aucune. Mais, naïvement, je croyais que c'était normal de savoir. J'étais dans un pensionnat tenu par des Soeurs à une époque où l'on commençait à parler de la sexualité, et chaque année il y avait des ateliers où on parlait de la reproduction, de sexualité, du sida aussi.
- Tout le monde alors se marrait, ricanait, ce qui est normal quand on est gosse, mais moi je ne ricanais pas du tout, c'était quelque chose que je vivais au quotidien depuis des années. Cela me perturbait de me rendre compte que tout le monde ne vivait pas la même chose que moi, et j'ai commencé à me dire qu'il y avait manifestement quelque chose qui clochait.
snorounanne - En ce qui concernait votre grand-père et vous?
Daniel Martel - Oui exact. Mon grand-père a fait la même chose avec ma petite sœur (dont je suis l'aînée de 3 ans), et je suis intimement persuadé que mon père a subi la même chose. Il a fait de même avec ses apprentis (il était artisan peintre). Alors que mes parents étaient jeunes mariés (il y a 28 ans) il s'est retrouvé en procès car il s'était attaqué à une Maison de Jeune, et un des gamins a porté plainte. Il n'a pas été cru bien que mon grand-père était fiché par la police. Plus tard, cette personne s'est suicidé. Et c'est à l'âge de 14 ans que j'en ai parlé à mes parents.
- Cela s'est passé en deux temps. D'abord, suite à une altercation avec ma mère (à l'occasion de la fête des mères). Puis à l'occasion de la visite de mes grands-parents en vue de se réconcilier avec mes parents, suite à une précédente dispute. Ma mère proposa que nous (moi et mes sœurs) passions les prochaines vacances scolaires chez eux. Ce à quoi je répondis que c'était hors de question, que si j'y étais obligée je tuais mes sœurs et après je me suicidais (c'est du moins ce que ma mère m'a raconté).
snorounanne - Votre mère que vous avait-elle dit?
Daniel Martel - Là-dessus elle me demande des explications et face à mon silence, comprend. Je n'ai jamais dit le moindre mot sur toute cette histoire. C'est ma petite sœur qui malgré son jeune âge a dit avec ses mots ce qui s'était passé. Lorsque ce fut à mon tour de déposer, je n'ai pas pu articuler le moindre mot. La police a relu la déposition de ma sœur, et je hochais de la tête pour dire oui.
- Suite à cela, ma mère décide d'en informer mon père. Il s'est alors rendu au poste de police de l'endroit où résidaient alors mes grands-parents, a expliqué aux forces de police la situation leur disant que maintenant qu'ils savaient, ils n'avaient aucune excuse pour ne pas agir. Je n'ai jamais fait d'analyse ou de thérapie. La parole n'étant pas mon fort, je ne me voyais pas parler de tout ça avec quelqu'un que je ne connaissais pas. Par contre j'ai fait de la musicothérapie. Ça m'a apporté le soutien en quelque sorte.
Oui oui! C'est la présentation de l'émission, il faut la montrer
snorounanne - Et donc...
Daniel Martel - Sur ce, je reprends l'année scolaire comme si tout était normal. Pendant un temps, la violence que je connaissais depuis toujours a cessé. Entre temps, le médecin de famille explique à ma mère que ce serait bien que mon autre sœur soit au courant (j'avais alors 14 ans, Alice 11 ans et Axelle 8 ans). Elle nous prend toutes les trois dans le salon, raconte ce qui s'était passé avec moi, et Alice s'effondre alors en larme. J'étais convaincue qu'il s'était passé la même chose avec elle.
- Et avec ses mots d'enfant, du haut de ses 11 ans raconte son histoire. Elle a été suivie par des associations, lesquelles à l'époque se contentaient de lui faire raconter son histoire et de voir si cela peut leur rapporter quelque chose. Bref, on vous balade. Mon père nous dit qu'il ne se sentait pas de mettre en route un procès pour nous (dans la mesure où cela pouvait intéresser un avocat), puisque c'était notre histoire, que si on voulait s'en occuper il fallait attendre d'être majeures. De sa part, j'attendais une autre réponse.
snorounanne - Ça n'a jamais été porté devant les tribunaux?
Daniel Martel - Pas toujours facile, mademoiselle d'Humour. Les affaires de famille, vous savez... Mais vous allez vite comprendre. Donc la vie se passe, bon an mal an. Je vivais une jolie histoire d'amour, sans qu'il se passe quoi que ce soit. Mais cela me convenait, et d'une certaine façon me rassurait parce que je n'étais pas contraint à quoi que ce soit. Mais deux jours avant mes 18 ans, la police appelle pour nous dire qu'une grand-mère a porté plainte contre mon grand-père, l'ayant surpris sur le fait avec son petit-fils (de 5 ans).
- Et me voici à me demander si je portais plainte ou non, ma petite sœur étant encore mineure. Donc convocation, déposition, expertises et contre-expertises. Ma première visite chez le gynécologue ne fut pas facile. Et une fois de plus, c'est ma petite sœur qui passe en premier. A la sortie de l'expertise, la gynécologue s'adressant à ma mère lui dit qu'elle ne peut pas dire ce qui n'est pas. Selon elle, toute cette histoire était inventée. Et une fois de plus, j'entends un discours du style "est-ce que c'est bien vrai ? Etes vous sûr que ce n'est pas un mensonge ?".
- J'étais complètement terrassée, on me disait que j'avais menti. Donc bien évidemment, grosse dépression. Ma mère communique les résultats au juge. Ce dernier explique qu'avec de tels éléments il est impossible d'aller en procès. Et donc re-expertises. On attend des heures et des heures. Je n'arrête pas de me dire que l'on va encore m'accuser de raconter n'importe quoi. Et là un mec vraiment très sympa qui visiblement avait l'habitude de ce genre d'affaire me sort "tu as de la chance, tu es en bonne santé.
- Des fois je vois des bébés de trois mois auquel on a fait la même chose qu'à toi. Trois mois". Bref, suite aux conclusions de ces expertises, le procès est relancé. C'était une histoire qui durait depuis longtemps, depuis mes 13 ans. Je ne savais plus s'il fallait que je continue, d'autant qu'à 18 ans, à l'occasion de la fête des mères, mes parents m'ont foutu dehors avec une trempe magistrale (la dernière), tout en espérant en leur for intérieur que j'allais revenir. Je n'avais même pas 10 dollars en poche et encore moins de compte en banque. Ceci dit, je suis revenu beaucoup plus tard, après avoir réglé beaucoup de choses.
snorounanne - Je m'excuse de vous interrompre, Daniel. Nous allons à des commanditaires et nous revenons. À tout de suite!
Je prenais mon verre d'eau le buvant d'un seul coup et je faisais signe à un technicien de m'en apporter un autre. L'intérieur de ma tête n'allait pas bien. Fragile, sensible, froissée, indignée par tous ces récits depuis quelque temps. Soyez tranquille, mesdames et messieurs, elle n'allait pas me causer une autre explosion. Mais de savoir tout le mal qu'on entend parler, on se demande si nous sommes dans le bon monde où l'amour et le bien font la paire. Et nous sommes de retour à d'Humour!
snorounanne - De retour en ondes. Le sujet d'aujourd'hui, mesdames et messieurs... "Je veux changer de sexe". Et en direct de Québec, monsieur Daniel Martel qui, lui, a subi l'opération, cette transformation de femme en homme. On vous redonne la parole, Daniel.
Daniel Martel - Je continuerai donc, merci mademoiselle d'Humour. En dehors de ça, je descends à Montréal afin d'y suivre des études d'éducateur sportif profitant du fait que l'on m'avait accordé un prêt étudiant. C'était pour moi évident que j'allais être enseignant, j'avais toujours fait du sport. Lorsque j'étais en pensionnat, ne supportant pas les études, je passais mon temps à faire du sport. C'était ma thérapie. Et donc à 18 ans, me voilà prof. Et je me retrouve face à des femmes de 35 à 45 ans (l'âge de mes parents) qui m'identifiaient comme une fille. Ce qui m'embêtait beaucoup. Certes physiquement parlant j'en étais une bien que je dégageais tout de même quelque chose de masculin en ce sens ou j'étais assez musclée. De ce fait, je me retrouve en situation quelque peu conflictuelle avec la gent masculine, un homme étant assez réticent à recevoir des conseils de la part d'une fille.
- En tant que prof de musculation, la seule manière de s'imposer consistait à faire la même chose qu'eux, à soulever les mêmes poids. Dès qu'il y avait un gros bras qui passait la porte avec plein de muscle et de testostérone, j'allais directement vers lui. Et même si je n'ai pas fait pareil, je peux comprendre cette attitude, d'autant que j'ai moi-même été attiré par le côté volumineux de la personne. Mes 10 ans de métier qui m'amènent à penser qu'il y a une déficience du volume intérieur compensée par une forte croissance du volume extérieur.
- Donc j'étais en conflit avec la gent masculine par rapport à ceci. J'étais en conflit aussi parce que Nicole et Daniel étaient la même personne, je n'ai jamais changé de coupe de cheveux. J'avais alors un visage un peu plus fin et la mâchoire un peu moins carrée (du moment où on prend de la testostérone, c'est d'abord la mâchoire inférieure qui prend. Ce qui permet d'identifier ceux qui en prennent).
snorounanne - Puis venaient les instants d'amour, Daniel...
Daniel Martel - Oui, j'en arrive. J'étais amoureux, mais pas lesbienne. Donc je me suis beaucoup battu par rapport à ça, jusqu'au moment où je me suis rendu compte que cela n'avait finalement pas trop d'intérêt que je me batte pour prouver qui j'étais. Je savais que j'étais un garçon. De plus, je vivais une histoire d'amour, comme tout le monde. J'étais tombé amoureux de la meilleure amie de ma mère (qui était son prof de danse), qui avait 14 ans d'écart avec moi.
- Et le côté drôle de la chose, c'est qu'elle débarque dans ma vie en me disant qu'elle a été mariée sans savoir ce que c'était l'homosexualité, et qu'elle retrouve homosexuelle avec un garçon. J'étais avec une femme tout en n'étant pas lesbienne. En aucune façon j'étais homosexuelle. Mais malgré tout, les gens me voyaient comme lesbienne, même si au niveau comportemental je faisais plutôt garçon. Et tant que j'avais la bouche fermée on me disait jeune homme, alors que dès que j'ouvrais la bouche c'était, oh pardon mademoiselle.
snorounanne - Des préjugés, y en aura tout le temps. Le monde est fait ainsi. Et quel a été votre sentiment face à ce qu'on vous prenne pour une fille, alors que vous vous êtes toujours senti masculin?
Daniel Martel - C'était quelque chose qui me rendait très agressive. Genre au restaurant on avait droit au "monsieur dame" puis quand le serveur se rendait compte du truc, nous adressait tout fier en présentant l'addition un "mesdames". C'était le genre typique de situation qui me décidait à ne plus remettre les pieds dans ce restaurant. Je me suis beaucoup battu contre ça, parce que dans ma famille et autour de moi il était évident que j'étais homosexuelle.
- On m'avait toujours dit que j'étais un garçon manqué, qu'à l'adolescence tout allait changer, que lorsque l'on est une petite fille il faut jouer à la poupée... Je voulais jouer non pas à la poupée mais aux voitures. À l'adolescence cela n'avait pas changé, et des années après je me retrouve prof de sport.
snorounanne - Je sais pas si vous le remarquez et vous, à la maison, mais Daniel, vous confondez quand vous parlez de vous, de votre vécu et vous le dites au féminin et au masculin mais, c'est compréhensible, vous nous relatez votre histoire quand vous étiez encore dans un corps d'une fille, si je peux ainsi définir la situation.
Daniel Martel - Oui, je m'en rends compte et désolé.
snorounanne - À vous la parole.
Daniel Martel - La situation était assez rocambolesque, du fait que c'est un métier où il y a beaucoup de femmes (dès qu'un homme apparaît, il est le centre de tous les regards). En plus je ne me cachais pas, ma copine venait me chercher au boulot. Et avec mes parents (avec qui entre temps j'avais repris contacts) j'ai agi de la même façon, à savoir que je les ai mis au pied du mur. Mes papiers sont toujours au nom de Nicole, ce qui provoque des fois des situations assez cocasses. Dans le genre, je suis allé faire mon passeport, et là grande animation dans les bureaux. La fille à l'accueil me dit que c'est impossible; je lui réponds qu'il n'y a pas d'erreur, chuchotements dans tous les coins, j'ai l'habitude.
- Mais comme j'avais envie de construire quelque chose dans ma vie (sans pour autant fantasmer sur la voiture, la situation et les enfants), que j'en avais assez de vivre au jour le jour, je décide de m'engager dans l'armée. Ce à quoi je réfléchissais depuis longtemps. Donc je pose ma candidature, et me retrouve conducteur poids lourd au sein d'une unité de transport. C'est à dire une équipe de 30 hommes et pas les moindres (il n'y avait que 3 filles). Ceci dit, je fais l'école où durant deux mois tout le monde m'appelait Rambo, vu ma carrure.
- Puis j'arrive sur la base Valcartier, déguisée en jupe bleu marine avec un truc sur la tête comme les hôtesses, des talons. C'était carnaval. Pendant des mois je n'ai rien dit, cela faisait rire tout le monde. Dès que j'avais un moment de libre, j'allais en salle de musculation. Je n'étais jamais dans la salle de repos des chauffeurs qui ne savaient que fumer et boire.
- Bref au bout de 6 mois je me suis disputé avec le major, ne cessant dès lors de lui répondre dès que l'occasion se faisait sentir. De plus, en étant une femme et n'ayant que des hommes autour, j'étais ou homo ou salope. Donc bonjour l'ambiance, c'est pourquoi j'ai cassé mon contrat. C'était en mai.
- En janvier je pris la décision de changer de sexe, ne voulant plus continuer à être Nicole. Au sortir de l'armée je me suis dit que c'était le moment de mettre tout ça au clair. Il se trouve qu'un an auparavant j'avais rencontré une personne dans la même situation que moi, puis cette personne a resurgi dans ma vie, et je lui demande alors de m'expliquer comment cela se passe, les médecins, les traitements...
- Depuis longtemps je savais que j'allais sauter le pas, même si je n'étais pas vraiment fixé sur la date. Je savais aussi que les techniques n'étaient pas vraiment au point, que le parcours était difficile, très dur. En fait cela dépend de la façon dont la personne le vit. Pour ma part je le vis bien. Ceci dit, une fois la décision prise, j'ai contacté un médecin aux États-Unis, spécialiste de la chose.
- Et début septembre, je suis opéré. Cela s'est fait assez rapidement parce que pour chacune des personnes que j'ai dû rencontrer, la situation était des plus évidente. Par exemple, au premier rendez-vous avec la thérapeute, elle m'a immédiatement rempli le formulaire de demande à la Sécurité Sociale.
- Bien sûr, pour la forme elle est allée chercher dans l'enfance les raisons ou le pourquoi de la chose. Contrairement à ce qui se fait habituellement, puisque normalement on doit suivre un traitement hormonal avant de subir l'ablation des seins. Je me réveille sans problèmes, je passe une semaine à l'hôpital le temps que cela cicatrice. Je me suis senti léger, conforme à l'image que j'avais toujours eue de moi.
- Et au sortir de l'hôpital je reprends contact avec différentes personnes afin de trouver un emploi. Ainsi j'ai réussi à donner quelques cours, sans plus. Dans le même temps, je vois une annonce pour faire du théâtre. Je me dis pourquoi pas, après tout j'avais passé ma vie à jouer, par obligation. Et surtout c'était aussi une façon de combattre ma timidité, de m'affirmer. C'était au gymnase Gaby (où je rencontre Robert Capomazza qui est aujourd'hui mon patron).
- Ainsi donc j'intègre le groupe avec une dizaine d'autres personnes. C'est une expérience qui m'a beaucoup apporté, j'y ai rencontré des gens vraiment intéressants, ouverts. Par ailleurs, durant l'année dernière je me suis amusé à être Nicole ou..., que ce soit au téléphone ou au travail, j'alternais entre ces deux personnages. Mais au fur et à mesure... Prenait le dessus aidé en cela par le traitement hormonal que j'avais entrepris. Et à la rentrée 2001, j'ai cherché du travail en tant que Daniel (avec des papiers au nom de Nicole).
- Sur la région, c'est en tant que Nicole que j'étais connue, puisque depuis 10 ans je formais des profs et j'aidais à la préparation des compétiteurs. Pour ma part je me sers du sport comme d'une thérapie, apprendre à être dans son corps, à se servir de son corps. Et il me semble que si l'on veut aller mieux, il faut d'abord s'occuper de l'intérieur. En tout cas c'est une attitude qui m'a permis de me soigner, de soigner ce corps qui avait été abîmé.
snorounanne - Et aujourd'hui 17 octobre 2011. Comment vous sentez-vous, Daniel?
Daniel Martel - Comme je me sentais dans mon enfance. Je me sens bien, je me sens homme, je vis, je respire, je suis moi-même.
snorounanne - Un merci extraordinaire, Daniel, vous venez sûrement d'éclaircir des points sombres pour les personnes concernées. Et, afin d'aider ces personnes qui sont en discordance entre leur corps et leur esprit, voici un lien à cliquer sur votre ordinateur. C'est le site web au Québec:
Par téléphone composez: 514-254-9038
- Et bonne route. Nous retournons à ces quelques commanditaires et par la suite, des appels téléphoniques. (petit clin d'oeil)
Mais nous n'y reviendrons pas. L'heure avait pris sa fin et après avoir reçu un lot d'appel mais nous devions en sélectionner quelques-uns, je remerciais tout le monde et surtout, Daniel Martel pour nous avoir entretenus sur son vécu.
Comme d'habitude, la routine, Je retire le micro, je donne la main à tous les collaborateurs sur le plateau et je me retire dans ma loge. Dédé me rattrapait dans le couloir.
Dédé - Snorounanne? Le boss veut te voir. Si tu veux,...
snorounanne - Oui merci. J'irai après avoir pris une douche et me changer. Ça doit bien attendre, non?
Dédé - Euh... je pense qu'il voudrait te voir, tout de suite.
snorounanne - (n'arrêtais pas mes pas vers mon bureau) Il attendra. Je prends une douche.
Dédé - Tu es toujours fâchée? (s'arrêtait avant d'accéder au bureau) Très bien. Tu es fâchée. Je te laisse bougonner. (la porte se fermait sur lui fortement) J'ai fait ce que je devais faire. (s'en retournait)
Heure - 17:47, dans le bureau du boss.
Pierre Karl Péladeau - Monsieur André Valois ne vous a pas prévenue que je voulais vous voir, mademoiselle d'Humour?
snorounanne - Oui, il l'a fait
Pierre Karl Péladeau - Mademoiselle Bordeleau et moi vous attendions. J'ai demandé à ce que vous soyez ici immédiatement.
snorounanne - Eh bien... oui, Dédé a été très clair. Mais j'ai opté pour une douche et me changer de vêtements, monsieur Péladeau.
Emily démontrait un signe d'intolérance
Pierre Karl Péladeau - Vous nous avez fait perdre du temps à mademoiselle Bordeleau et moi. Dois-je vous faire observer que chaque minute a de l'importance dans cette entreprise?
snorounanne - Je n'aime pas m'exhiber ou me parader avec un costume d'homme sur le dos, monsieur. Je regrette de vous avoir mis tous les deux en retard dans vos fonctions.
Pierre Karl Péladeau - Asseyez-vous, mesdames. J'ai des mises au point à examiner avec vous. Je voudrais connaître votre avis. (toutes les deux prenions place sur des fauteuils confortables)
Heure - 18:21, nous quittions le cabinet du directeur et marchions vers nos loges.
Emily Bordeleau - Quelle belle équipe! Tu as entendu? Il a été ébloui par notre boulot pour cet article rédigé sur les soeurs Moreno. Nous avons eu chacune une promotion. (clin d'oeil)
snorounanne - Je suis contente. (sourire étiré et tendais ma main vers elle) On forme un beau duo, félicitation!
Emily Bordeleau - (serrait ma main) Tu es nerveuse.
snorounanne - Excuse-moi pour ma main moite.
Emily Bordeleau - (voyait quelque chose sur mon visage) Oh... tu saignes du nez, snorounanne.
snorounanne - Quoi? (touchais du doigt mon nez) Bordel de merde! J'ai...
Emily Bordeleau - J'en ai, minute. (sortait un kleenex) Laisse-moi faire.
snorounanne - Non, je peux le faire. On... on se revoit demain. Bonne soirée. (ouvrais la porte de mon bureau)
Emily Bordeleau - Tu ne veux pas que je reste?
snorounanne - Je me débrouille, merci. (fermais la porte)
Mardi 18 octobre 2011
Heure - 08:22
À mon grand étonnement, je recevais un coup de téléphone de la docteure Pouliot, à mon bureau. La réceptionniste avait acheminé l'appel. Madame Pouliot me priait de se rencontrer en soirée. Il était essentiel pour moi d'y être. Je lui demandais la raison, elle n'a pas tenu à me le dire.
Je raccrochais la ligne, je pris dans mes mains le journal de Montréal et regardais l'heure. Pourquoi pas, me disais-je? L'heure d'une collation méritée.
Revenant de la cantine, un contenant à café jetable à la main et un beigne dans l'autre, je jasais avec quelques journalistes dans le secteur qui leur est réservé. On s'amusait à se tirer des boules de papier et comme j'évitais un tir en me baissant le corps, quelqu'un d'autre le recevait en plein au visage.
Oh misère... Elle a été une cible malgré elle.
snorounanne - (sifflais entre mes dents) Ah la vache... (regardais le coupable)
Emily Bordeleau - Dites, les amis, en quel honneur m'accueille-t-on avec des bombardements?
snorounanne - Tu as été touchée, tu nous dois tous un café. Ça faisait partie du déclenchement de ces tirs de papier.
Emily Bordeleau - Désolée de vous décevoir mais je ne faisais pas partie de votre jeu de tir. Et... je n'ai pas une minute à perdre, le devoir m'appelle. (tout près de moi, je pouvais sentir son doux parfum) Et toi, ça va?
snorounanne - Comme toujours.
Emily Bordeleau - (sourire) À plus tard.
Quelques heures passèrent...
Au gym. Oui bien, ne soyez pas surpris, dans cet édifice de TVA, il y a des périodes de relâche. Voyez vous-même.
Deux extraordinaires femmes complices de leur commérage, entre autre.
femme à droite de la photo - C'est Emily?
femme à gauche de la photo - Ça m'en a tout l'air.
femme à droite de la photo - Tu sais, y a des rumeurs qui circulent disant qu'elle et snorounanne se fréquenteraient.
femme à gauche de la photo - Snorounanne, c'est pas celle qui a perdu sa petite copine dans un enlèvement?
femme à droite de la photo - C'est exact. Et là... Cette photographe tenterait par tous les moyens d'obtenir le coeur de cette pauvre snorounanne. Je trouve cela complètement irrespectueux.
femme à gauche de la photo - Ben quoi? SI j'étais aux femmes, je tâterais le terrain. Ce sont deux belles femmes.
femme à droite de la photo - Mais elle est mariée, tu y penses?
femme à gauche de la photo - Emily?
femme à droite de la photo - Non... Snorounanne.
femme à gauche de la photo - Et alors?
femme à droite de la photo - Ça ne se fait pas.
femme à gauche de la photo - Toi... tu es beaucoup trop fidèle à ton mari. À ta place, je lousserais un peu.
femme à droite de la photo - Ne te moque pas de moi. J'aime mon mari. Attention, elle vient vers nous.
Du commérage, des préjugés, des ceci et des cela, on en entendra jusqu'à l'extinction de l'homme, quoi! Il faut se créer un mur. Parfois, c'est hors de notre portée quand on en reçoit des échos. On craque, on se vexe, on a envie de leur clouer le bec! C'est moi. Mais Emily a une tout autre maîtrise que je n'ai point acquise.
Vous n'avez pas oublié Karo? La jeune soeur de Genny.
Sa mère était revenue chez elle, on dira... depuis 3 semaines, après tous ces mois de soin, de traitement en désintoxication pour les alcooliques. Madame Dubois n'avait pas pris une seule goutte d'alcool. Elle en était sevrée, guérie par sa détermination, par sa volonté. Mais... autre chose la tourmentait. La disparition de sa fille. Et ses agissements nuisaient à la jeune demoiselle.
professeur en mathématique - Karo? (la jeune ne répondait pas) Karo? Tu veux bien nous donner un exemple de cette équation mise sur le tableau, s'il te plaît?
Karo Dubois - (tournait la tête vers son professeur) Pardon?
professeur en mathématique - La lune est plus intéressante que le cours. Quelqu'un d'autre dans la classe peut résoudre l'équation?
Ce que vous ne savez pas et qu'eux ne savent pas en classe, Karo a eu une vision. Elle aurait visiblement aperçu Genny tout près de l'arbre. Ne nous posons pas de question en ce qui a trait à être intéressé plus à la lune qu'au cours.
À la fin de l'après-midi, à ma sortie des bureaux de TVA, la docteure Pouliot m'attendait dans sa voiture. J'avais informé Dédé que je montais à bord d'une auto en sécurité, dans un sens, je lui disais cela pour qu'il ne s'en inquiète pas. Vous pouvez être sûr qu'il insistait à savoir qui était la personne. Et, je lui éjectais par la tête que cela ne le regardait en aucun cas. Il n'a pas apprécié la réplique.
Il me traquait par derrière
Dédé - Arrête-toi et écoute! Tu as toutes les raisons du monde de m'en vouloir. Et j'aimerais en connaître une parmi la tonne que tu détiens.
snorounanne - (restais sur place) C'est inutile... je n'en ai pas. Je ne t'en veux plus. Je me crée des choses hors du contexte, je m'emporte, je fais l'idiote... je... je, j'incendie ma maison. Est-ce assez étrange? Je ne me sens pas bien, Dédé. J'accroche à ce monde, je décroche, je ne sais plus. Je ne fais qu'attendre. Et attendre... si tout cela n'était qu'imaginaire, que mon imagination.
Dédé - (s'approchait de moi) Et il n'en est rien. Tu es une personne,...
snorounanne - Pourquoi tout le monde dit cela, hen? Si j'étais une personne si spéciale comme on le dit, je pense pas que je serais parmi le terrestre. Certains jours j'ai la sensation de ne pas appartenir à ici et d'autres jours, tout va bien. Certains jours, j'ai la sensation d'une nostalgie d'ailleurs et d'autres jours... (m'interrompais)
Dédé - La personne t'attend? Tu ne devrais pas la faire attendre.
snorounanne - Tu sais, je leur ai tous menti au sujet du cartable rouge. Je leur ai dit que je ne l'avais plus. Qu'il avait brûlé, qu'il était en cendres. Je ne veux plus les confronter. Je ne veux plus avoir affaire à ces gens.
Dédé - Ils ne cherchent qu'à t'aider, qu'à te comprendre.
snorounanne - Que peuvent-ils faire et comprendre? Je ne comprends rien moi-même. Bon ça va. Je ne ferai pas plus attendre la dame.
Dédé - Ah parce que c'est une dame, d'accord. Je me sens plus rassuré.
snorounanne - Non Dédé. (lui souriais) Ce n'est pas un rendez-vous. Et... merci. (l'embrassais sur la joue) T'es mon ami et je t'aime. (marchais vers le stationnement d'autos)
Madame, la docteure Pouliot commençait à s'impatienter. J'ouvrais la portière et je montais en m'excusant et sans perdre d'autres minutes précieuses, elle mettait la voiture en marche et nous roulions vers une destination inconnue... pour le moment.
Où m'emmenait-elle?
docteure Pouliot - Vous vous demandez où est-ce que je vous emmène et ne sachant rien, vous me trouvez quelque peu téméraire. N'ayez crainte je ne vous ferai aucun mal et ce n'est pas non plus un enlèvement.
snorounanne - J'envisage dans mon prospectus visuel que c'est une simple ballade en voiture pour admirer les couleurs d'automne.
docteure Pouliot - Snorounanne... je peux vous,...
snorounanne - Oui, vous pouvez.
docteure Pouliot - Je suis terriblement inquiète pour le professeur Fraser et je partage la douleur pour la disparition mystérieuse de votre copine. Et, afin d'éclaircir quelques mystères, de faire le jour, d'y voir clair,...
snorounanne - Où voulez-vous en venir docteure Pouliot?
docteure Pouliot - À une heure et demi d'ici, habite le fils du professeur Fraser. Gabriel Fraser, c'est son fils. Nous allons le rencontrer.
snorounanne - Et... et pourquoi ne pas m'avoir dit tout cela au téléphone?
docteure Pouliot - Vous comprendrez vite.
Tout était sur enregistrement audio...
Nous écoutions une partie de leur échange. Voici un extrait de la bande audio:
professeur Fraser - Avez-vous pu, seulement une fois, mettre la main sur ce cartable rouge et voir l'intérieur? Ce qu'elle a écrit?
Geneviève Dubois - Je regrette. (se levant du fauteuil) Je n'ai pas à répondre.
professeur Fraser - Mademoiselle Dubois, je ne vous retiendrai pas plus longtemps. Mais lorsque vous passerez la porte, d'autres finiront par s'en charger.
snorounanne - Qu'est-ce que... qu'est-ce que cela signifie?
Gabriel Fraser - Qu'un groupe anti, on ne sait trop quoi encore, a kidnappé votre petite amie et mon père.
snorounanne - C'est un enlèvement... (raisonnement confus) Ce n'est pas le tueur en série pour Genny, c'est ça, hen? C'est tout autre chose, c'est, c'est,...
docteure Pouliot - C'est de votre cartable rouge. Tout ça vise votre cartable rouge.
Docteure Pouliot n'allait pas me laisser chuter... aussi rouge était son chandail
snorounanne - (me prenais la tête) C'est pire qu'une fiction! Sommes-nous dans un film à fiction?
Gabriel Fraser - C'est notre réalité.
snorounanne - Pourquoi Genny? Pourquoi votre père? Si j'en suis la cible, pourquoi ne m'ont-ils pas pris en otage?
docteure Pouliot - Vous êtes un être exceptionnel, snorounanne. Et nous sommes là pour vous aider.
snorounanne - C'est terrifiant! Je fais face à un monde que je connais pas. Je n'ai rien demandé, je n'ai rien voulu de ces choses en naissant. Je ne fais pas de ces genres de simagrées, vous savez? Déplacer des objets, neutraliser les gens, leur cerveau. Je ne fais pas apparaître des gugusses ni les faire disparaître. Je suis quoi à leurs yeux?
docteure Pouliot - Vous êtes peut-être tout cela et que tout cela est toujours là... (posait son index sur le milieu de mon front) Mais ce qu'ils veulent, c'est que vous leur donniez les équations de vos gribouillages. Leur exactitude.
Gabriel Fraser - Mais... de ce que docteure Pouliot me disait pas plus tard qu'hier... vous avez mis le feu à votre maison et tout a brûlé. Alors... nous pouvons dire,...
snorounanne - Que le facteur du danger est encore plus grand...
Gabriel Fraser - (ses yeux s'écarquillaient) Vous lisez dans mes pensées?
snorounanne - (Sortais de la lune) Genny est en danger. Je le sais, je l'ai senti. Elle m'a visité dans les rêves. J'aurais dû comprendre ces liens... j'aurais dû saisir le message. Et pourquoi ces hommes en noir cherchent-ils à me soutirer ces éléments...?
docteure Pouliot - Dites-nous tout ce que vous avez senti.
Gabriel Fraser - Je ferai du café. Vous en prendriez?
Et la soirée fut longue mais enrichissante. Le fils du professeur Fraser ne m'a jamais fait sentir de contrariétés, ne m'a jamais fait sentir mal ou coupable dans cette histoire où je dois vous dire, mesdames et messieurs, que je la vivais comme dans un film, comme au cinéma. Avec tous ces développements de dernières heures... il y avait de quoi pour se sentir déstabilisée.
J'empoignais la poignée de porte de la maison de ma mère, il se trouvait 23 heures 10 quand je franchissais la porte. Il me paraissait être éloignée, distancée de tout ce qui m'entourait. Mes deux chats m'accueillaient. Ma mère dormait depuis une bonne heure. Je ne faisais aucun bruit. Elle leur avait donné suffisamment de nourriture sèche et un bon bol d'eau frais.
Ma chambre me recevait. Mon corps souffrait et mon intérieur vibrait de résonances frangmentées d'incompréhension. Si j'étais un super-héros, il y aurait longtemps que je sauverais les gens, le monde. Sur le pupitre où l'écran de mon ordinateur s'allumait, placé dans un compartiment à la vue, mon cartable rouge se pensait cacher.
Lui... qui contient une des clefs de l'humanité... Comme je commençais à me déshabiller, j'apercevais une lettre sur mon lit. Sûrement ma mère qui la déposée. Je la prenais dans ma main, l'ouvrais et lisais le petit texte.
Emily avait composé un message
Vous pourriez suivre ce message en écoutant l'audio maintenant. Son contenu s'y glisse. Elle est chantée par Alannah Myles et le titre est: Who loves you. Je tiens à vous remercier d'être là de façon hebdomadaire, de façon régulière. Vous m'importez. Et allez hop! Bonne écoute! À bientôt! Bisous!