Mais dans un monde ou la confiance s’érode, dire ce vers quoi on avance, dire qu’on avance vers la fin d’une époque, nous est difficile. Oui, notre silence s'épaissit à force de voir/d'entendre les prises de paroles (des plus légitimes aux plus illégitimes...) ! Alors que nous regardons la société des hommes (encore des citoyens ?) se transformer en société des acteurs, nous nous interrogeons sur notre place en son sein ; comment pourrait-il en être autrement ?
Peut-être nous faut-il céder la parole à nos objets ; peut-être devons-nous faire en sorte que ce ne soient plus les hommes qui s'expriment mais leurs personnages ; que Zette, Germain Lenain ou encore Vladimir Grizbatoruc colportent les mots et de leur(s) (in)humanité(s) nous fassent parvenir le reflet éclairant.
Parce que pour nous, êtres de chair et de sang, comment être ailleurs que dans le silence ? Dans une société du spectacle permanent et violent où les fils sont emmêlés, où les téléphones portables saisissent les instants et les livrent au monde, pendant que nous regardons impuissants le flot continu d'une information douceâtre (de la plus proche à la plus lointaine) nous ne pouvons que nous interroger sur l’humanité qui se déconstruit ! Et cela nous rappelle combien nous sommes fragiles, et cela nous dit que nous ne pouvons plus assister impuissants à ce délabrement des consciences, que nous devons nous débarrasser de la violence avant qu’elle nous dévore, avant que nous devenions barbares... Mais là, une petite voix nous dit que nous n’avons pas à devenir barbares, nous le sommes déjà…
Dans le flot d'informations du quotidien, chacun, chaque citoyen est invité à plonger-nager ramer pour bientôt couler incapable qu'il sera de se battre ou d'identifier la vague qui le noiera ; c’est peut-être pour cela que nous arrêtons de parler, que le silence nous saisit ? Alors qu’ici et là, nous nous voyons, coupant et recoupant les cordons qui nous relient au "flux", dans ces instants, nous pouvons contempler le ciel, parler aux humains qui nous font face, leur adresser nos œuvres, leur raconter nos peurs, nos histoires…
Dans le monde du « tout le monde parle personne n'écoute », le personnage rit de nous voir penser «Tu disparaîtras quand tu te tairas ! ».
FLH par Germain Lenain
Cie Les Mille et une Vies - Théâtre de Marionnettes
Itinérant