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Les Grecs sont des gens chanceux. Les impôts, c'est un concept qu'ils ne connaissent pas car d'une part, rares sont ceux qui en paient et d'autre part, ils ont toujours une relation qui connait quelqu'un qui connait untel qui leur évitera de participer au bien-être de la collectivité. La corruption, à tous les niveaux, fait partie de leur quotidien. Il s'agit d'un état d'esprit ancré dans les consciences et il leur parait inconcevable que ce sport national disparaisse un jour. L'impôt foncier, par exemple, ne fait pas partie de leur vocabulaire. Il n'y a pas de cadastre en Grèce c'est-à-dire la possibilité, pour l'Etat, de recenser à quel propriétaire appartient telle parcelle de terrain. Dans les campagnes, les paysans délimitaient eux-mêmes leur bien à l'aide de clôtures et la propriété en question était ainsi transmise de génération en génération.
Déjà bien avant la crise de l'euro, l'Europe leur a distribué ses deniers censés financer divers projets qui n'ont finalement jamais abouti car l'argent est tombé dans des poches maintenues ouvertes pour la circonstance. Les Grecs savent que lorsque l'un de leurs dirigeants est pris la main dans le sac, il n'ira jamais en prison. Une sorte d'immunité stipulée dans la législation. Ils haussent les épaules, relèvent le menton et en rient mais la grimace est jaune et fataliste. L'Eglise Orthodoxe, bien qu'elle soit le plus gros propriétaire foncier du pays, n'est pas en reste: elle non plus ne paie pas d'impôts puisque, argumentent les Popes, l'Eglise n'appartient-elle pas au peuple? Idem pour les grands armateurs qui restent en Grèce parce qu'ils n'y sont pas taxés.
Lorsque le pays est entré dans la famille européenne, elle a falsifié ses comptes. Une "erreur" qui n'est pas passée inaperçue puisque, récemment, N.Sarkozy l'a fait remarquer et s'est dit désolé que l'Europe ait accepté la Grèce en tant qu'Etat Européen. Ne soyons pas naïfs, les héllènes ne parviendront, probablement, jamais à rembourser leurs dettes. Il faudrait que les mentalités changent et pour cela il faut du temps or le temps leur est compté.
Deux sauvetages et un bonus, les banques ayant accepté d'effacer la moitié de la dette. Chanceux, les Grecs. Imaginez que vous ayez une ardoise dans l'une ou l'autre banque, je doute que votre banquier vous fasse un cadeau sinon vous envoyer un huissier.
Là-bas, Papandreou martelle: "Cette crise est une chance pour nous! Elle va libérer notre pays du passé".
La Grèce prend l'Europe en otage et, à court ou à moyen terme, nous risquons tous de le payer très cher.
Oui à la solidarité mais faut pas exagérer....
Photo: l'indolence des chats grecs.