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Protection de l'environnement et développement durable : quelles évolutions depuis 20 ans ?

Publié le 07 novembre 2011 par Bioaddict @bioaddict

Protection de l'environnement et développement durable : quelles évolutions depuis 20 ans ? 

Le Sommet de la Terre: En 1992, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, plus connue sous le nom de "Sommet de la Terre de Rio", a été organisée à Rio de Janeiro, au Brésil, pour répondre aux problèmes liés à l'état de l'environnement. La réunion a débouché sur plusieurs accords importants, dont le fameux "Agenda 21", un plan d'action adopté par plus de 178 gouvernements pour contrer l'impact des Hommes sur l'environnement. Ce plan s'applique aussi bien à l'échelle locale, nationale que mondiale. La Conférence de Rio avait aussi permis la création des principaux traités sur le changement climatique, la désertification et la biodiversité. La Conférence de Rio +20, en juin 2012, s'inscrit dans un contexte de suivit et d'évaluation.

Le rapport "Suivre les traces de notre environnement en mutation : de Rio à Rio +20" peut être consulté sur le site de GEO-5: http://www.unep.org/GEO/pdfs/Keeping_Track.pdf

Sommet "Eye on Earth" (qui aura lieu à Abu Dhabi du 12 au15 décembre 2011): Animé par l'Initiative mondiale pour des données sur l'environnement (AGEDI) d'Abu Dhabi, et hébergé par l'Agence de l'Environnement d'Abu Dhabi (EAD) en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le Sommet "Eye on Earth" aura pour but de renforcer les efforts existants pour trouver des solutions globales aux problèmes de l'accès aux données et autres informations sur l'environnement. Pour plus d'information, veuillez visiter: http://www.eyeonearthsummit.org/


Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a publié un nouveau rapport qui analyse l'évolution du climat et des politiques environnementales au fil des deux dernières décennies, et ce alors que la population mondiale a atteint 7 milliards d'individus. Changement climatique, énergies renouvelables, gestion des ressources naturelles, biodiversité, agriculture biologique,... quelles ont été les évolutions en 20 ans et où en est-on aujourd'hui ?

Ce rapport, constitué d'une compilation de données statistiques rassemblé par le PNUE, est intitulé "Keeping Track of our Changing Environment: From Rio to Rio+20" ("Suivre les traces de notre environnement en mutation : de Rio à Rio +20", en français). Il souligne en effet les défis et les opportunités du développement durable en vue de la Conférence de Rio +20, et au-delà. Il a été publié dans le cadre de l'écriture de la publication "Global Environmental Outlook-5" (GEO -5) du PNUE. Au sein de l'ONU, GEO -5 est l'analyse la plus fiable de l'état, des tendances et des perspectives de l'environnement au niveau mondial.

Avec ses nombreuses données scientifiques, ses graphiques et ses images satellites, le rapport du PNUE propose ainsi une panoplie de renseignements sur des questions environnementales de premier plan:

À propos de la démographie mondiale

  • Alors que la population mondiale a atteint les 7 milliards d'individus, la population urbaine a augmenté de 45% depuis 1992.
  • Pourtant, malgré cela, le pourcentage d'individus habitant dans des bidonvilles est passé de 46% en 1990, à 30% en 2010. Cette tendance positive est due à l'amélioration et à l'assainissement des logements urbains.
  • Le nombre de mégalopoles (c. à. d. des villes qui comptent au moins 10 millions d'habitants) est passé de 10, en 1992, à 21 l'année dernière. Il s'agit d'une augmentation de 110%!
  • Malheureusement, dans le monde, 1,4 milliard de personnes n'ont toujours pas accès à un réseau électrique fiable.

À propos du changement climatique

  • Les émissions mondiales de C02 continuent d'augmenter en raison de l'utilisation croissante de combustibles fossiles. 80% des émissions mondiales proviennent de seulement 19 pays.
  • Cependant, la quantité de CO2 émise pour produire 1 dollar (USD) du PIB national a baissé de 23% depuis 1992. Cela démontre le fait que la croissance économique n'est pas nécessairement liée à une augmentation de la consommation des ressources naturelles.
  • Les glaciers de montagne du monde entier s'amincissent et rétrécissent. Cela à des impacts graves sur l'environnement et sur le bien-être humain.
  • La diminution de la masse des glaciers influe actuellement sur l'augmentation du niveau des mers, ce qui menace le bien-être d'environ un sixième de la population mondiale.
  • Le niveau des mers a augmenté à un taux moyen d'environ 2,5 mm par an depuis 1992.

À propos de l'énergie

  • Les tendances en matière d'énergie sont suivies par le PNUE depuis 1992. Le rapport indique que la contribution des énergies renouvelables (biomasse comprise) à l'approvisionnement mondial en énergie s'élevait à environ 16% en 2010.
  • L'énergie solaire et éolienne ne représentait que 0,3% du total de l'approvisionnement mondial en l'énergie.
  • Les investissements dans le secteur des énergies durables ont augmentés de 540%, entre 2004 et 2010. La reconnaissance internationale de la nécessité de trouver des solutions énergétiques sobres en carbone et efficaces explique en grande partie cette augmentation.
  • En raison de la baisse des prix des technologies vertes et de l'adoption de nouvelles politiques de soutien, la consommation de biodiesel (comme source d'énergie renouvelable) a bondi de 300 000%, l'utilisation de l'énergie solaire a augmenté de près de 30 000%, celle de l'énergie éolienne de 6000%, et celle des biocarburants en 3500%.

À propos de l'efficacité de la gestion des ressources naturelles

  • L'utilisation globale des ressources naturelles a augmenté de plus de 40%de 1992 à 2005. Le rapport conclu que si une action concertée n'est pas rapidement prise pour enrayer la surconsommation des ressources et pour séparer la croissance économique du gaspillage de ces ressources, les activités humaines détruiront l'environnement (dont dépendent nos économies et nos vie).

À propos des Forêts

  • Malgré la nette tendance à la reforestation constatée en Europe, en Amérique du Nord et dans certaines régions d'Asie, la perte du couvert forestier est toujours très importante en Afrique et en Amérique latine, et dans les Caraïbes. Concrètement, cela signifie que la superficie forestière mondiale continue de diminuer. 300 millions d'hectares on été abattus depuis 1990.
  • Les 20% d'augmentation annuel dans le nombre de forêts qui reçoivent des certificats de pratiques forestières durables démontre que les consommateurs exercent une influence (via l'acte d'achat) sur la production de bois. Cependant, seulement 10% des forêts mondiales sont certifiées " durable ".
  • Un pourcentage croissant du couvert forestier actuel provient des activités de plantation d'arbres, soit une zone égale à la taille d'un pays comme la Tanzanie.

À propos de la sécurité alimentaire et de l'utilisation des terres

  • La production alimentaire a augmenté de 45% depuis 1992. Ces rendements accrus sont fortement tributaires de l'utilisation d'engrais et de produits fertilisant. Cela peut avoir un impact négatif sur l'environnement: cela entraîne, par exemple, une prolifération d'algues dans les eaux territoriales et maritimes.
  • Les terrains utilisés pour l'agriculture biologique augmentent à un rythme annuel de 13%.

À propos de l'accès à l'eau potable

  • Il est prévu que le monde atteigne, voire dépasse, les objectifs du Millénaire pour le développement ciblant l'accès à l'eau potable; ce qui indique que d'ici 2015, près de 90% de la population des pays en voie de développement auront accès à des sources d'eau potable (contre 77% en 1990).
  • Les données compilées indiquent également que la réalisation des objectifs environnementaux est plus efficace lorsqu'il s'agit de questions bien définies telles que l'élimination progressive de l'essence au plomb ou des substances appauvrissant la couche d'ozone.
  • 90% de toutes les substances appauvrissant la couche d'ozone ont été éliminées en vertu du traité de Montréal, et ce entre 1992 et 2009. Seul un petit nombre de pays utilisent encore l'essence au plomb et ils devraient faire la transition au cours l'année prochaine.

Autres faits et statistiques

  • 13% de la surface terrestre de notre planète, 7% des eaux côtières et 1,4% des océans sont protégés.
  • Il existe une préoccupation croissante concernant l'acidification des océans. Cela pourrait avoir des conséquences importantes sur certains organismes marins. Cela pourrait avoir un impact sur le développement de certaines espèces, perturber les réseaux trophiques, entraîner une chute des prises dans le secteur de la pêche et faire diminuer les revenus provenant des activités touristiques.
  • Le pH de l'océan est passé de 8,11 en 1992, à 8,06 en 2007.
  • Le nombre de fuites de pétrole dans la mer enregistré a diminué en 20 ans.
  • La biodiversité a chuté de 12% au niveau mondial et de 30% dans les tropiques.
  • L'éco-tourisme est en pleine croissance. Le rythme de cette croissance est trois fois plus rapide que dans les autres secteurs du tourisme de masse.
  • La production de plastique a grimpé de 130%.

La publication du PNUE constate également que de nombreuses questions environnementales, qui émergeaient seulement en 1992, sont désormais partiellement résolue grâce à l'élaboration de politiques générales dans les nombreux pays concernés.

Voici quelques exemples:

  • De nouveaux accords multilatéraux sur l'environnement et de nouvelles conventions ont été établies ou sont entrées en vigueur pour répondre aux nouveaux enjeux environnementaux mondiaux.
  • L'écologisation de l'économie a pris son envol. Cette écologisation de l'économie est désormais vue comme une voie viable pour un développement durable.
  • Carbon Trading a imposé une valeur monétaire aux émissions de gaz à effet de serre.
  • Le recyclage des déchets, ou leur transformation en ressources nouvelles, est pratiquées dans de nombreux pays.
  • La commercialisation de l'énergie renouvelable, des biocarburants, de l'énergie le solaire et de l'énergie éolienne est en pleine croissance.
  • La gestion raisonnée des produits chimiques a conduit à l'interdiction d'un certain nombre de produits chimiques mortels.
  • Les produits bio et l'éco-étiquetage sont en croissance grâce à la forte demande des consommateurs.
  • Les nanotechnologies sont en pleine croissance, en particulier dans les domaines de l'énergie, de la santé, de l'eau propre et du changement climatique.

Les auteurs du rapport signalent cependant que le manque de données suffisantes pour mesurer les progrès reste un obstacle à la réalisation des objectifs environnementaux fixés par la communauté internationale. Le rapport souligne en effet qu'il reste des pièces manquantes dans nos connaissances sur l'état de l'environnement mondial, et conclu qu'il faut des efforts mondiaux pour recueillir des données scientifiquement crédibles en matière de surveillance environnementale.

Le Secrétaire général adjoint de l'ONU et Directeur Exécutif du PNUE, Achim Steiner, lors de la publication de ce rapport, a déclaré : "Les gouvernements, les entreprises et la société civile avaient jusqu'à aujourd'hui pour soumettre leurs avis sur ce que la Conférence de Rio +20 devrait produire comme résultat pour accélérer et élargir le développement durable aux sept milliards de personnes que nous sommes aujourd'hui ".

"Ce rapport est un retour aux sources, il souligne une fois de plus l'accumulation rapide de gaz à effet de serre, l'érosion de la biodiversité et l'augmentation trop rapide de l'utilisation des ressources naturelles (le taux de croissance de l'augmentation de la consommation de ressources naturelles croît bien plus vite que la population mondiale). Parallèlement à cela, on y trouve aussi des solutions qui prouvent que quand le monde décide d'agir, il peut modifier de manière radicale la trajectoire des tendances dangereuses qui menacent notre bien-être. L'action concertée sur le retrait progressif et l'élimination des produits chimiques appauvrissant la couche d'ozone est l'un des exemples les plus marquant", a-t-il ajouté.

"Rio +20 aura pour thèmes principaux: l'économie verte dans le contexte du développement durable et de l'éradication de la pauvreté, et un nouveau cadre institutionnel pour le développement durable. Pour peu que les différents protagonistes s'accordent sur la direction à suivre, cette conférence pourrait permettre de déclencher l'impulsion nécessaires pour assurer le retour au vert des différents indicateurs environnementaux, et pour que le droit au développement soit apprécié par le plus grand nombre, au lieu de ne bénéficier qu'à quelques privilégiés", a conclu Mr. Steiner.

Le Sommet d' Abu Dhabi, qui aura lieu le mois prochain, sera une nouvelle occasion pour les scientifiques, les décideurs et les gouvernements, de travailler ensemble pour définir les principaux défis et les solutions liés à l'accès aux données environnementales.

Stella Giani


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