Diane Arbus, Jeune homme en bigoudis chez lui, 20e Rue, N.Y.C. 1966 N.Y.C. 1966 © The Estate of Diane Arbus LLC, New York
Grande dame de la photographie contemporaine, le nom de Diane Arbus résonne toujours positivement dans mon esprit à chaque fois que je l’entends.
Hormis ces plus fameux clichés que tout le monde connait sans savoir qu’ils sont d’elle, je crois que je n’en savais guère plus sur ce personnage. La rétrospective du Jeu de Paume m’a permis de comprendre, outre l’ampleur de mon ignorance, toute l’intelligence de ces prises de vues.
Les images de cette photographe relèvent d’une alliance fascinante de vie quotidienne et d’étrangeté, des ingrédients qui me sont chers et qui, à mes yeux, sont toujours la marque d’un véritable travail artistique abouti.
Diane Arbus passe avec élégance d’un sujet à l’autre, d’handicapés mentaux aux dîners de la jet set, tour de force qui aujourd’hui encore paraît quasiment impossible.
Bien avant Nan Goldin, dès 1966, Diane Arbus photographiait déjà le monde des travestis newyorkais.
De nombreuses photographies ont été faites dans Central Park, excellent choix de lieu où se côtoient de vieilles et riches femmes endimanchées, des gamins fumant en cachette et des « couples mixtes » comme on disait avant, peut-être le dit-on toujours.
Ailleurs l’avaleuse de sabre s’expose non loin de la dominatrice et de son client et tout cela sans aucune vulgarité ni même le sentiment d’une atmosphère glauque.
Cette artiste parvient à distiller de la poésie partout où elle pose son regard, profondément humaniste, qui n’est autre que le reflet de toute la diversité des expériences de vie.
Diane Arbus, Enfant avec une grenade en plastique dans Central Park, New York 1962, N.Y.C. 1962 © The Estate of Diane Arbus LLC, New York
Beaucoup d’œuvres exposées proviennent de collections particulières, comme on les envie ceux qui ont pu acheter ces clichés autant témoins d’une époque que capables de la transcender pour parler le langage universel de l’humain.
Comme bien d’autres avant elle, de Walker Evans aux époux Becher, l’œuvre de Diane Arbus sert à imposer la photographie documentaire en tant qu’art à part entière en lui insufflant « cette dose d’art » absolument nécessaire. Peut-être même s’agit-il d’une dose de mystère comme elle le dit si bien : « Une photographie est un secret sur un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en savez. »
Rétrospective Diane Arbus au Jeu de Paume
1 place de la Concorde - 75008 Paris
Jusqu’au 5 février 2012