http://fr.wikipedia.org/wiki/Moondog
L'œuvre de Moondog en fait l'un des grands maîtres du contrepoint au XXe siècle, ce qui a priori pourrait sembler incongru, le contrepoint, le canon et la fugue étant réputés être des procédés d'écritures historiques, voire archaïques.
Au début de sa carrière, Moondog était un musicien de jazz un peu farfelu qui a tenté d'ajouter quelqu'influences amérindiennes aux rythmes afro-américains qui sont le corps traditionnel du jazz. Mais il a peu à peu, selon ses propres dires[réf. nécessaire], voulu réemployer les techniques d'écriture classiques : le contrepoint, l'harmonie et la sévérité des règles traditionnelles. Il s'est ingénié à les respecter plus scrupuleusement même que les grands classiques. Techniquement, Moondog est ainsi plus proche de Palestrina et de Monteverdi que de Bach. Cette volonté pour un compositeur de jazz d'assimiler le savoir-faire classique le rapproche à certains égard de Scott Joplin, dont la technique, bien qu'il appartînt au style "Ragtime", était influencée par l'enseignement allemand traditionnel de la musique et le traité de contrepoint de Salomon Jadassohn5.
Moondog a combiné les rythmes du jazz et des procédés extrêmement contraignants comme le canon et le contrepoint renversable à deux, trois, quatre ou cinq voix. Il emploie aussi, assez fréquemment, des mesures à 7/8, 5/4 et autres rythmes impairs. Ses compositions ne laissent aucune place à l'improvisation, chaque partie étant écrite avec précision.
Certaines de ses compositions, comme par exemple Do Your Thing (H´art Songs, 1978 ; édition CD Kopf / Roof Music), peuvent sembler simples et répétitives à la première écoute, avant que ne se révèle une richesse rythmique et contrapuntique étonnante et une imagination mélodique inépuisable. En dépit de son amitié avec Steve Reich et Phil Glass, sa musique n'a que peu de rapport avec le courant de la musique répétitive, dont il nie faire partie. Il a écrit d'innombrables pièces pour orchestre, en général écrites en « parties réelles » (c'est-à-dire qu'il n'y a presque pas de doublure ni d'unisson, chaque pupitre étant une partie contrapuntique). Il affectionne particulièrement les saxophones, le morceau Lament (Moondog, LP Columbia Masterworks MS 7335, 1969) en étant un exemple poignant.
Enfin son œuvre est considérable en quantité, la discographie à ce jour n'en donnant qu'un mince aperçu. On lui attribue 300 œuvres vocales et instrumentales (qu'il appelait « madrigaux, passacailles, canons », etc.) et plus de 80 « symphonies », c'est-à-dire des œuvres pour orchestres.