Boss // Saison 1. Episodes 2 et 3. Reflex / Swallow.
Apparue en plein malaise DSKien, Boss s'inscrit donc dans une période où la politique est devenue un sujet de faits divers. Boss c'est assez sombre comme série, mais c'est bon. En fait, ce que je
trouve de fascinant avec Boss c'est qu'elle présente un univers presque paranoïaque où petit à petit les personnages sont de plus en plus profondément touchés par les évènements qui les frappes
au fur et à mesure.
L'introduction de "Swallow" avec la conférence de presse du gouverneur et son histoire cachée laisse pantois. On a là l'exemple parfait des manipulation politiques. Alors que A la Maison Blanche
rutilait dans les couloirs de NBC il y a de ça encore quelques années, aucune série n'a su à ce point être bonne en politique. Bien sûr on a The Good Wife qui s'en sort haut la main grâce à une
galerie de personnages passionnément écrits, mais ce qui frappe avec Boss c'est sa nature. Elle est rustre, directe, on ne prend pas vraiment le temps de poser le téléspectateur dans un univers
cosy car on sait pertinemment que rien est rose bonbon. La série traite de façon respectable un sujet que j'avais adoré dans L'Agence où Matt Damon parle du fait que tout est calculé de l'usure
de ses chaussures à la courbure de ses vestes. On y fait qu'une seule et très petite allusion dans cet épisode mais c'était excellent.
Emma Kane, la fille de Tom et Meredith nous est présentée de façon peu orthodoxe. Cette jeune fille se fait un garçon des rues, prend de l'héroïne, … Tant de choses qui ne sont pas vraiment bon à exposer lors d'une campagne. Alors qu'elle est très religieuse. Ce qui est un peu une sorte de parallèle complexe que le personnage maîtrise très bien. La rencontre dans l'épisode 2 était plutôt bien gérée, mais un peu moins dans le suivant. Cela reste cependant de très bonne facture et permet d'apporter un peu de drama familial à toute l'histoire. Je ne suis pas contre. Cela pourrait cependant être plus efficace derrière ce voile très émotif et pas assez profond. Les dialogues manquent de percuter.
La partie journalistique est très importante. D'ailleurs le traitement est bien plus qu'excellent et suffit à insérer suffisamment d'éléments étranges pour insuffler à la série une bonne dose de paranoïa. Sam Miller est un personnage qui apparaît presque trop faible dans la série. Sa partie manque de puissance mais petit à petit, et notamment avec son enquête sur ces camions mystérieux. J'ai hâte de comprendre ce que cela va apporter à la suite de la série. Car l'intrigue est pour le moment plutôt bien menée. Et elle a un potentiel, c'est ce qui au fond est d'autant plus intéressant. Miller s'intéresse à tellement de chose, allant d'un rendez vous chez un neurologiste pour Kane à l'intrigue autour de Alex en passant par le reste de l'univers politique. Il y a tellement de choses à raconter. J'aime ça.
Enfin, ce qui fait la particularité de cette série c'est bien sûr la maladie de Kane qui se fait de plus en plus présente dans la série. Je suis moins fan de la fin du dernier épisode qui se veut très rédemption religieuse mais le reste du traitement, et notamment de la scène finale de l'épisode "Reflex" prouve un tantinet que l'innovation peut venir de là dans cette série. En effet, Tom Kane se retrouve face au père de sa femme, un homme malade dans un état catatonique qui ne peut que sucer de la nourriture permet à Kane de se plonger à la fois dans son futur et son passé. Intéressant pour le moment.
Ainsi, ce qui me frappe avec Boss c'est que c'est une série diffusée sur Starz - la chaîne à qui l'on doit l'immonde Spartacus ou encore la très pas drôle comédie Gravity - et son univers transversal et multiunivers de la paranoïa et du doute sur chacun n'est pas sans rappeler… Rubicon. Cette dernière ne sera jamais remplacée par Boss mais le fait que les deux se ressemble me fait jouir de plaisir toute mon envie de voir la suite, sans compter qu'on est certain d'avoir une saison 2 alors que les audiences sont on ne peut plus décevante, au grand damne des sériephiles comme moi qui aiment ce genre d'aventures.
Note : 7.5/10 et 8/10. En bref, deux épisodes confortant mon idée que le pilote n'était qu'un avant goût d'une grande série.