Du 18 novembre 2011 au 29 janvier 2012
Vernissage le 17 novembre à 18h
Parfois ces corps sont frappés d’inertie. Crucifiés, cloués au poteau, au tombeau, la face contre terre, ils sont les images déchirantes de nos silences noirs, irréversibles. Lorsque plus rien ne bouge. Si ce n’est parfois, qui hantent, chiens errants affamés, cortège strident de rats ou corbeaux à l’œil noir où l’impossible luit. Là sont les séries où l’artiste réinvente de manière singulière les motifs traditionnels de la crucifixion et du gisant, réactivés à la lumière des drames contemporains : des Grands épouvantails (1968) à l’Homme (1976), des Crucifixions et Blessures (1990) au dialogue amorcé avec Grünewald (2000). Et si la majorité des tableaux témoigne d’un attachement à la figure, d’autres explorent la puissance expressive de cette sombre immobilité par des voies très différentes, de manière tout aussi persuasive. Il en est ainsi de la force suggestive de l’espace frappé par le vide et l’absence de présence humaine, d’où sourd une angoisse vertigineuse, comme dans les Lieux inhabités (1975-1986) ou les vastes paysages déserts et désolés réalisés dans les années 1990 (tels ceux appartenant à la série 1992).
Cette production graphique, qui s’étend sur plusieurs décennies, constitue du reste la part fondamentale de la création de l’artiste. Sa diversité en témoigne : depuis les notes rapides de carnet et études préparatoires aux collages et dessins plus ambitieux qui acquièrent le statut d’œuvre indépendante. Ici, comme en peinture, Vladimir Velickovic s’est toujours refusé à la facilité. Outre l’évidence d’un don exemplaire, sa maîtrise de la technique et la rigueur de son trait s’inscrivant avec force dans l’héritage des plus grands maîtres – de Dürer à Callot, l’artiste n’a cessé de se remettre en cause et de chercher à renouveler sa pratique. Une production extrêmement féconde dont il est passionnant de mesurer aujourd’hui l’ampleur.