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REVIEW - Le festival marseillais multiculturel fêtait cette année son vingtième anniversaire et avait souhaité proposer le meilleur, comme tous les ans, pour la soirée de clôture. Il a donc convié ce qui peut sembler la crème de la musique mondiale : Honest Jon’s Chop Up, mené de main de maître par un Damon Albarn (leader charismatique de Blur, Gorillaz et The Good, the Bad & The Queen) s’associé avec le légendaire batteur de Fela Kuti, Tony Allen et au non moins emblématique bassiste des Red Hot Chili Peppers, Flea. On peut alors légitimement imaginer que cela sera un bonheur musical. Mais quand, en sus, Albarn convie un rappeur ghanéen, des rythmiques sud-africaines et des cuivres, cela donne un joyeux combo qui envahit la scène des Docks des Suds pour le plus grand bonheur d’environ 5 000 personnes.
Il faut reconnaître que l’avantage d’un front row (même quand on n’a plus l’âge !) c’est la vision assez directe et très rapprochée (moins d’un mètre) sur la scène et sur les coulisses. L’inconvénient me direz-vous ? Se faire arroser par le « Damon » de service à la fin du show, comme aux grandes heures « bluriennes » !
Tapi dans l’ombre dès le début du spectacle, et resté en retrait aux claviers quasiment tout le reste du temps, Damon Albarn, leadeur charismatique de Blur & Gorillaz, touche à tout anglais assez génial (The Good, The Bad & The Queen, Opéras, Bandes Originales de films, producteur de world music, etc.), était donc l’invité spécial de la Fiesta en cette veille d’Halloween et, visiblement, était heureux d’être là et de communiquer sa vision de la musique. Evidemment, il n’est pas venu tout seul.
Pour ceux qui rêvaient d’un concert dévolu à sa voix emblématique et à un son pop-rock ont dû être particulièrement déçu. Point de relent pop (oui, un seul pour un titre sonnant comme une ritournelle), mais de la world music, produits typiques du label Honest Jon’s ; Des sonorités africaines, des cuivres, du rap, des complaintes, de l’énergie, du bruit, des moments de flottement entre deux chansons… bref, un « joyeux bordel ».
Ce combo s’était déjà produit à Cork et Londres avec succès avant de venir présenter ce Chop Up 2011 à Marseille. Mélange des genres, découverte de nouvelles sonorités, des musiques du monde et des artistes inconnus, voilà ce qui fût notre lot.
La Fanfare Hypnotic Brass Band ouvra le bal avec la chanteuse Fatoumata Diawara et sa voix sucrée appuyée par le flow du rappeur ghanéen Manifest. L’énergie et la sonorité dégagées étaient à la fois étonnante et détonnant. Les cuivres étant particulièrement géniaux et imprimant un tempo d’enfer.
Pendant plus d’une heure et demi, nous avons oscillé entre le délire « dingo » de Shangaan Electro dont les 3 membres bondissaient dans des tenues fluo improbables, le flow un brin rugueux et survolté de Manifest, le bouleversant avec un solo piano et voix de Cheik, la douceur avec un duo piano / voix entre Damon Albarn et Fatoumata Diawara, l’excellence avec les cuivres (quoiqu’un peu longuet aux goûts de certains spectateurs) et le parfait quand Tony Allen, Flea et Damon Albarn ont présenté leur « nouveau groupe », nommé RocketJuice and The Moon pour interpréter la ballade soft-pop « Poison ». Au milieu de ce melting pot musical, deux interrogations : la longue complainte funèbre des Hypnotic Brass Band avec une émotion visible de deux des cuivres émus aux larmes, et le flottement entre les prestations.
Enfin, et deux rappels largement réclamés par le public, revoici Damon Albarn, arrosant le front row, avec un sourire malicieux d’un gosse. Parce que malgré ses 40 ans passés, quand on le voit sourire et sautiller en coulisses, il ressemble à un enfant devant ses cadeaux de Noël. Alors, on pourra dire ce qu’on veut de ce combo improbable doux-dingue, mais, il n’empêche que voir ces artistes heureux, vibrant avec le public, cela fait un bien fou…
Certains l’avaient rêvé, la Fiesta l’a fait.