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« Je reviens sur l’interview de Sarkozyà la télévision le 27 octobre dernier. Je ne l’ai pas regardé, je ne lesupporte pas, je préfère toujours en lire les comptes rendus dans la presse. D’oùma réaction tardive. Une fois de plus, il n’a pas dérogé à sa ligne deconduite. Il s’est hissé à la hauteur de lui même. J’y ai relevé un florilège d’âneriesglanées au fil de ses obsessions.
— La première ; la faute aux 35 heures. C’estdevenu une figure imposée du discours présidentiel : si tout va mal dansnotre pays, c’est parce que les 35 heures l’on ruiné. Ne parlant surtout pas deson bilan depuis 5 ans (presque), il a osé dire : « Quand en 2001, on a fait cette chose étrange, les seuls aumonde, les 35 heures qui ont ruiné la compétitivité du pays, dans le même tempsM. Schroeder, pourtant socialiste allemand, faisait l’inverse… » Mais quelcon ! Ni Calvi, ni Pernaut n’ont évidemment relevé cette sarkonnerie, préférantchanger de sujet. Ils auraient pu lui dire de lire avec plus d’attention lesstatistiques de l’OCDE, avant de parler. La vérité est que les Français travaillentannuellement plus longtemps que les Allemands (2 h ½ en moyenne par semaine).Tout le monde n’est pas aux 35 heures puisque la durée hebdomadaire du travail est de 38 heures en France. Le surcroît de travail annuel des Français parrapport aux allemands, qui atteignait 121 heures en 2001, était encore de 114heures en 2010, en dépit de la « choseétrange » qui a « mis lapagaïe » dans les usines françaises… Nous avons pourtant en France le taux de productivitéhoraire le plus élevé au monde. Non,les 35 heures ne coûtent pas cher à l’économie du pays. Comment peut-il prétendre « réindustrialiser la France », si le diagnostic du déclinindustriel est à ce point erroné ?— La deuxième ; la règle d’or.Sarkozy cherche depuis des semaines à imposer à l’opposition sa règle d’or :inscrire l’équilibre budgétaire dans la Constitution. Malheureusement pour lui,la perte du Sénat lui interdit une telle révision constitutionnelle. Qu’à celane tienne, il s’est mis d’accord, dit-il, avec ses partenaires européens. « La règle d’or ? Elle estobligatoire en 2012, depuis hier soir ». S’il est une « chose étrange », c’est bien cela. Depuis quand un accordnuitamment passé à Bruxelles s’impose-t-il le lendemain matin au Parlement français,sans que nul ne lui demande son avis ? Encore une sarkonnerie, il aurait mieux faitde relire la Constitution avant d’intervenir à la télé.
— La troisième ; la Banque de France. La fatigue due à cet interminablesommet européen explique probablement cet ultime dérapage présidentiel, témoinlui aussi de sa prétention à décider de tout, même de ce qui lui échappe : « J’ai demandé au gouverneur de laBanque de France de recevoir dans les jours qui viennent la totalité desbanquiers français pour les interroger sur le plan de recapitalisation qu’ilsmettront en œuvre ». « Nous demanderons aux banques françaises que laquasi totalité de leurs dividendes serve à l’augmentation de leurs fondspropres plutôt qu’à la rémunération de leurs actionnaires ». « Legouverneur veillera à ce que la pratique des bonus et celle des rémunérationsrentre enfin dans une pratique normale ». Le problème est que lestatut de la Banque de France, réformée en 1994 par le ministre du Budget de l’époque(un certain Nicolas Sarkozy) stipule expressément ceci : « Dans l'exercice des missions qu'elle accomplit à raison de saparticipation au Système européen de banques centrales, la Banque de France, enla personne de son gouverneur ou de ses sous-gouverneurs, ne peut ni solliciterni accepter d'instructions du Gouvernement ou de toute personne. » Au lieude solliciter indûment le gouverneur, et faire semblant d’agir à travers lui,Sarkozy pourrait peut-être envisager les mesures législatives qui s’imposentaux banques, car ça, il le peut. Et s’il le faisait avant la fin de son règne ?Chiche ! »Alain Lefeez