Aussi, lors des premiers siècles de la colonisation espagnole, les flibustiers français se sont fait connaître par leurs féroces attaques contre les assaillants terrestres et maritimes. Deux noms rappellent la terreur de l’époque : Jacques de Sores et Jean David Nau (alias François l’Olonnais).
Jacques de Sores,
la terreur à La Havane Emilio Roig de Leuchsenring, historien de La Havane entre 1935 et 1964, raconte que l’attaque de Jacques de Sores contre la capitale cubaine le 10 juillet 1555 fut l’une des plus dévastatrices de l’histoire de la ville. Les Espagnols connaissaient déjà Jacques de Sores. En 1554, amiral de Jean le Clerc (dit Jambe de Bois), Sores avait dévasté Santiago de Cuba. Il avait aussi connu de belles victoires à la Palma, aux Indes, au Canada et dans les Antilles. Au milieu du XVIème siècle, le château de la Fuerza servait à la défense de La Havane. Il ressemblait peu à l’actuelle construction. Il était réputé relativement vulnérable, garni de seulement quelques pièces d’artillerie et d’une garnison très réduite. Au matin de l’attaque, la vigie située sur les hauteurs du Morro informa de la présence d’un navire près des côtes. Peu de temps après, deux cavaliers annoncèrent la nouvelle qu’un brigadier français mouillait dans la crique Juan Guillén, à l’ouest de la ville. Son équipage semblait bien armé et disposé à combattre. Malgré la fuite du gouverneur Gonzalo Pérez de Angulo, le régisseur du conseil municipal, Juan de Lobera, réunit Espagnols et métis pour faire face à l’assaut des Français. Les pirates contrèrent trois attaques avant d’ordonner la reddition des Espagnols le lendemain matin. Encerclés, ils manquaient de ressources pour continuer le combat. Tout aurait dû en rester là si le gouverneur n’avait pas tenté de récupérer la ville par la force. L’escarmouche nocturne de Pérez de Angulo fut un échec. Les Français, par désir de vengeance, incendièrent la ville, outragèrent les images des saints catholiques, brûlèrent les navires dans le port et tuèrent les esclaves présents. « Le 5 août, aux alentours de minuit, la lune luisait et le temps était idéal pour lever l’ancre. Sores appareilla son navire et quitta La Havane dévastée. Les habitants se retrouvèrent dans la misère, maudissant l’hérétique français et le lâche gouverneur », rapporte Roig. Jacques de Sores, connu aussi comme « l’ange exterminateur », ne fut pas le seul pirate français à Cuba. Mais il fut probablement un des plus cruels.