"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle..." *
A chaque fois que la France est traversée par ce genre de mauvais temps, gris foncé, humide, c'est ce Spleen de Baudelaire qui me revient en tête, poésie apprise en 3ème, que nous nous amusions à déclamer avec les intonations de Malraux...
Bref, mauvais temps = Spleen = gâteau au pommes!
Et oui, c'est comme ça. Un bon gâteau aux pommes, bien parfumé, bien fondant, c'est le complément du doudou ultime, le gâteau au chocolat.
Ma mère a une très bonne recette, qui se cache actuellement dans un tiroir et que je n'ai pas encore retrouvée, donc je suis allée faire un tour sur la toile, car mes bouquins eux, se cachent dans leurs cartons... Finalement, pas plus mal, ça élargit l'horizon.
Pour chercher mon gâteau, j'ai cherché d'abord une image. Un gâteau aux pommes, c'est une question de look! et un gâteau doit être beau, quand il fait moche. Et oui, c'est comme ça ;)
J'ai trouvé on bonheur chez Smitten Kitchen, avec son "Jewish Apple Cake", la recette de sa Mom. Quelques vérifs sur les autres recettes de ce gâteau, et mon choix était fait. J'ai assez peu modifié la recette: remplacé sucre par cassonnade et baissé la quantité.
Pourquoi Jewish d'ailleurs? Pas vraiment d'explication, si ce n'est que c'est surtout une recette qui aurait pu l'être, mais qui vient plutôt de la Pennsylvanie profonde :)
D'abord, petite séance de travaux manuels: on pèle puis coupe (en lamelles pour moi) 6 pommes, que l'on mélange avec 1 cuillère à soupe de cannelle et 5 cs cassonade.
Attention à ce stade: ma cuillère à soupe de cannelle était rase de chez rase, et c'est déjà fort pour les palais non habitués ou qui goûtent peu cette épice.
Là, vous pouvez préchauffer votre four à 180°.
Dans un saladier, qui accueillera à terme tout l'appareil de votre gâteau, mesurez 360g de farine, ajoutez un sachet de levure chimique, 1 cc de sel et 300g de cassonade.
Dans un verre doseur par exemple, mélangez 200g d'huile de colza, 60g de jus d'orange (désolée pour ces mesures compliquée sans balance...conversions..conversions...) et 2,5 cc d'arôme vanille.
Versez le truc carré dans le truc rond, euh..non, l'humide dans le sec, comme pour des muffins, à la fourchette d'abord, puis si ça vous chante, avec les mimines, c'est plus pratique.
Puis, ajoutez 4 oeufs, un par un, jusqu'à obtenir une pâte assez épaisse. (Laissez tomber les mimimes, c'est trop collant dès le premier oeuf.)
Dans un moule bien beurré, ici à charnière, bien pratique si vous avez, versez la moitié de la pâte, puis la moitié des pommes, puis le reste de pâte et le reste des pommes.
Enfournez pour 1h15, 1h30 de cuisson, tranquille, en surveillant de temps en temps, le couteau ou la pique plantée in ze cake doit ressortir quasi sèche.
Je voulais attendre le lendemain pour entamer le gâteau, la pression fut trop forte et c'est donc le soir même que la maisonnée gourmande a réclamé sa lichette...
Verdicts? Fort en cannelle, mais très bonne texture de gâteau. Avec un goût de revienzy très prononcé, mais quand même, peut-être meilleur froid et sûrement aussi bon à tremper etc etc.. ;)
Et le lendemain donc?
Encore meilleur :) Super texture. Un excellent gâteau à refaire! Bien moelleux et parfumé, il a rempli sa mission et embaumé la maison!
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Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
PS: Baudelaire n'avait pas de gâteau aux pommes sous la main...