William H. Hodgson, né en 1877 à Blackmore (Essex) et tué par un obus le 19 avril 1918 en Belgique, est un écrivain anglais réputé pour ses nouvelles et ses romans fantastiques. Pourtant il semble oublié de nos jours et moi-même, je ne me souvenais plus avant de ranger son bouquin dans ma bibliothèque, qu’y sommeillait déjà depuis ma jeunesse, son excellent roman La maison au bord du monde.
Avec Carnacki le chasseur de fantômes, les Editions Terre de Brume ont compilé l’intégralité des nouvelles où apparaît le héros de Hodgson, le détective du surnaturel Carnacki ! Ce volume regroupe donc tous ses textes qui n’étaient plus disponibles depuis bien longtemps et dans l’ordre chronologique où ils ont été publiés, avec les illustrations originales réalisées en 1910 pour la revue The Idler.
Un livre parfait pour vous accompagner durant les soirées d’hiver qui ne sauraient tarder. Nous sommes au début du XXe siècle, Carnacki a une cinquantaine d’années, il habite au 472 Cheyne Walk dans le quartier bourgeois de Chelsea. Toutes ses aventures débutent de la même manière, il envoie un carton d’invitation à ses fidèles amis Arkright, Jessop, Taylor et Dodgson, on dîne relativement rapidement en discutant de choses et d’autres, puis on passe au salon où « Carnacki avait coutume de s’installer dans son grand fauteuil, de bourrer et d’allumer sa pipe, et d’attendre que nous nous soyons nous-mêmes installés confortablement dans nos fauteuils respectifs et à nos places habituelles. Alors il se mettait à parler et nous racontait ses aventures ».
Et quelles aventures ! A chaque fois, il s’agit de problèmes de maisons ou navire hantés, de Chose invisible, de maléfices auxquels notre détective devra faire face avec courage et ingéniosité pour en venir à bout. Mais, l’auteur est malin et original, car son héros selon les cas, affronte de « réels » esprits démoniaques et parfois il ne s’agit que de supercheries tout à fait humaines.
Les armes de Cariacki, son appareil photographique à magnésium (William Hodgson faisait de la photo lui-même) et ses connaissances en sciences occultes. Le détective n’est pas non plus un super-héros, il avoue ses peurs et ses interrogations et quand il relate la résolution des énigmes à ses invités, il sait parfois reconnaître que pour certains détails de son enquête il n’a pas d’explication à fournir, qu’il ne sait pas. Souvent l’auteur ponctue le discours de Cariacki de questions posées à ses quatre amis (et donc au lecteur) du genre : « Me comprenez-vous bien ? », « Cela laisse rêveur, non ? », pour nous interpeller directement et nous faire participer.
A lire cet ensemble de nouvelles, parfois on pense immanquablement à Sherlock Holmes sans qu’on puisse préciser plus, la Grande-Bretagne et grosso modo l’époque, peut-être ? Ce qui est certain par contre, c’est que je vous conseille vivement ce livre pour frissonner délicieusement, une tasse de thé à la main, ou un verre de pur malt selon vos préférences.
« De cet instant jusqu’à deux heures du matin, il ne se passa rien. Mais, peu après deux heures, comme je le constatai en approchant ma montre de la faible lumière des lanternes sourdes, je ressentis une nervosité absolument extraordinaire. A la fin, je me penchai vers le propriétaire et lui chuchotai que j’avais l’étrange sensation que quelque chose allait se produire et de se tenir prêt avec sa lanterne. Au même moment, je voulus prendrela mienne. Mais, alors que je tendais la main, la nuit qui emplissait le couloir parut soudain prendre une couleur violet foncé. Ce n’était pas (j’insiste bien !) comme si une lumière brillait dans les ténèbres, mais absolument comme si le noir naturel de la nuit avait changé de couleur, si je puis m’exprimer ainsi, de l’intérieur. Vous me suivez ? Alors surgissant de cette nuit violette, traversant cette obscurité colorée de violet, apparut en courant un enfant nu. »
William H. Hodgson Carnacki le chasseur de fantômes Editions Terre de Brume