What’s the Fiac ?!?

Par Klmchantrier
by Fanie

Je sais, il est plus que temps de poster un article sur la Foire, euh la FIAC. Clem m’a dit « T’inquiète, c’est du marbre ». Alors, c’est vrai, ce silence aurait pu durer jusqu’à Noël si ma conscience professionnelle ne m’avait pas empêchée de dormir cette nuit. L’art contemporain est un vaste champ des possibles… où parfois on reste comme hébété devant sa clôture, sans jamais savoir comment y entrer. Parfois même, ses voies sont si impénétrables, qu’on stagne sur le chemin, loin derrière. Le rouge aux joues, j’avoue que c’est un peu ce que j’ai ressenti pour ma première Fiac.

Heureusement dans ce dédale dédié à l’art, Clem et moi avions un guide digne de ce nom, Pat, et une restauratrice, très talentueuse, Lise, qui nous venait tout droit de Norvège.

Mon regard a commencé à s’engluer à force d’incompréhension… assez rapidement je dois dire, dès l’entrée dans l’immense nef du grand Palais. Dès la galerie du White Cube, galerie londonienne hautement reconnue, qui pourtant abrite des œuvres d’artistes renommés, tel les vitraux de papillons séchés de Damien Hirst, dont Clem vous a déjà parlé.


Tracey Emin

Ce dessin qui semblait de loin être une esquisse à l’encre avait capturé mon regard… mais de près, je découvre un peu étonnée, qu’il s’agit… d’une couverture brodée. Passée la surprise, je me suis souvenue avec beaucoup de souffrances des cours de couture de mon enfance, et là je me dis que j’aurais peut-être dû dépasser le niveau zéro de l’écharpe à Barbie… et peut-être aujourd’hui serais-je exposée en grande pompe à la Fiac. Maman pardonne-moi. Je me perds dans des divagations vengeresses, car en fait je dois avouer que cette œuvre de Tracey Emin, – une artiste subversive londonienne m’a appris Lise, qui avait notamment créé une tente recouverte des noms de ses ex – nous a laissée comme en suspens, nous surprenant et nous angoissant tour à tour. Le tracé dessinait à peine une femme qui pouvait porter un enfant, mais en même temps totalement décharnée… Finalement, après quelques renseignements plus tard, j’ai flâné en me disant qu’elle jouait avec la matière de ses propres tragédies, qu’elle était une sorte d’exhibitioniste de son intimité. Nan, je rigole.

Quelques pas (quelques ampoules serait plus juste) plus tard, je passe devant ce qui se montre comme une œuvre d’art. Je me disais dans mon inculture crasse qu’elle servait tout simplement comme point de rendez-vous. C’est ce qui est arrivée à ce néon rouge, appelé ‘City 2′, de Bertrand Lavier, qui m’a prosaïquement servi à retrouver Clem et Lise. Les galeristes ont ainsi pu entendre, l’air navré, cette charmante discussion de néophytes : – « Mais vous êtes où là ? Bon dépêchez-vous, moi je suis devant l’étoile qui clignote, vous savez ‘l’étoile des neiges’! » – « Comment ça l’étoile des neiges ? ça ne me dit rien du tout ! » – Mais si… l’étoile de la Croix Rouge là, pas très loin du stand de la spoon géante !!!! ».
Parfois les œuvres ont de curieux destins.
Il est vrai que je venais de croiser le regard de Marc Lavoine et je ne savais plus trop où je me trouvais. Je voyais bien dans ses yeux qu’il se demandait avec désespoir comment divorcer de sa femme, sans que ça lui coûte une blinde. Et après de douloureux calculs, je l’ai vu s’éloigner, rempli de dégoût de la vie, sans même un regard… Le pauvre.


Une femme qui a donné rendez-vous à son mari, elle aussi trompée par ‘City 2′, de Bertrand Lavier

Arrivées à la Gagosian galerie. Attention. Vous entrez dans ces lieux dans un des hauts marchés du Temple (américain, of course), les yeux aux aguets, prêts à voir des merveilles. Mais mes yeux clignotent très vite sur une espèce d’interrupteur. Ma première idée fut « bon ils auraient pu cacher ce truc immonde, quand même. » Ensuite Lise m’a fait remarqué qu’il s’agissait d’une œuvre de Whiteread. Je ne parlerai pas de cet interrupteur. Donc je n’en parlerai pas. J’avoue, je l’ai juste touché un peu du bout des doigts, (oui, bouh !!!!) mais ça n’a même pas servi à faire exploser une mine, ou changer de couleurs l’éclairage qui m’explosait la tête. Mais je n’en parlerai pas. Un questionnement de notre quotidien ? Mais je n’en dirais rien.


Rachel Whiteread, Untitled, 2001.

Mais j’ai atteint le sommet de la montagne de l’incompréhension lorsque mes yeux sont tombés sur une des oeuvres de Damien Hirst, le fameux et très controversé multimillionnaire. Et je dois dire que son œuvre est certainement celle qui m’a le plus déroutée. La célèbre pharmacie. C’est vrai qu’un dolipran ce jour là m’aurait été d’un grand secours, mais j’ai eu peur qu’à la Gagosian, après mes jeux avec les interrupteurs, essayer d’ouvrir les vitres n’auraient pas été du plus charmant effet.


White Riot, Damien Hirst, 1994-2008.

Totalement perdue, je suis allée faire un tour de côté de notre copain, Wikipédia.

Le 21 juin 2007, une de ses œuvres, Lullaby Spring, une armoire à pharmacie métallique contenant 6136 pilules faites à la main et peintes individuellement a été vendue 19,2 millions de dollars (14,34 millions d’euros) par la célèbre salle de vente londonienne Sotheby’s. Il s’agit de la deuxième œuvre la plus chère jamais vendue aux enchères pour un artiste vivant, après un portrait de Lucian Freud.

Et là. Je me tais.

ainsi que des peintures en collaboration avec David Bowie.

Oh. Wouah. Bowie, my god. Je deviens mutique.

Du coup, j’ai mis mes doigts dessus. Tiens… ça prendra de la valeur. Et hop, un million de dollars de plus.

J’erre, les yeux en état d’overdose, les pieds massacrés, et le ventre qui crie famine.
Je n’évoquerai pas non plus ces rayures de Daniel Buren -qui font 8,7 cm de large chacune, si si, c’est marqué-. Bon… la seule chose qu’on pourrait dire aux grincheux qui gémiraient sur le manque de renouvellement de ce monsieur, c’est que c’est une œuvre de jeunesse de 69. Époque troublée, dans laquelle il a essayé de maintenir un certain ordre pour répondre aux tâches multicolores des hippies. Faut pas toujours critiquer sans savoir. Ce n’est que bien après avoir donné vie-pourrait-on dire-à ces rayures, avec les fameuses colonnes de Buren. Je dis ça, je dis ça. Vous avez qu’à allez voir wikipédia pour voir si je raconte des cracks.


Daniel Buren et… moi. Peut-être sur un malentendu…

Et puis il y a cette oeuvre, dans la galerie Kamel Mennour, qui est loin de m’avoir laissée de marbre. Car non, ce n’est pas un gros boudin de plastique, mais bel et bien du marbre… une version choc de la Vierge à l’Enfant avec cette sculpture en marbre blanc de Carrare, soit une œuvre de près de 1,5 tonne…

La Madone à l’enfant de Sigalit Landau.

Crève de plaisanterie. Je vous rassure, j’ai conscience de mon déferlement de mauvaise foi. Mais je n’en éprouve aucune honte. Plutôt une sorte de délectation. J’ai aussi beaucoup rêvé à cette Fiac, je vous le prouverai très vite, enfin pas trop, parce que, c’est du marbre, on a le temps.

by Fanie