Le mauvais sort de Landreau

Publié le 28 février 2008 par Philostrate
   Certains joueurs africains seraient, dit-on, revenus de la Coupe d'Afrique des Nations de football maraboutés.  Condamnés par d'ombrageux sorciers à perdre les pédales. Attaquants réduits soudain à rater une vache dans un couloir. Gardiens de buts penauds, irrémédiablement empêtrés dans leurs filets. Secrets et mystères du continent noir, comme l'écrivaient dans leurs comptes rendus de voyages les explorateurs de la fin du XIXe siècle…
   Les matérialistes sourient, balayant avec condescendance ces croyances d'un autre âge. C'est oublier un peu vite que chez nous aussi, il reste des malfaisants pour jeter des sorts. Que dans des campagnes, pas si retirées que cela, des harpies échevelées s'amusent encore parfois à nouer et dénouer l'aiguillette. L'une des plus célèbres mais aussi des plus insaisissables d'entre elles sévit en ce moment même aux portes de Paris, sur l'ancienne plaine d'Auteuil, au lieu-dit du "Parc des Princes".
   Sa victime : le gardien de but international du PSG, Mickaël Landreau. Une fois par match, quelque soit l'adversaire, l'infortuné cerbère, égaré par ce vent mauvais, voit le ballon se transformer en savonnette. Cette métamorphose, visible de lui seul, consterne le public et ses coéquipiers, qui ne trouvent dans chacune de ses bourdes que l'expression d'une fébrile maladresse.
   Heureusement, l'entraîneur du PSG, Paul Le Guen, vient de Pencran. D'un Finistère où les vieilles croyances du terroir breton sont encore vivaces. Où les roues grinçantes de la carriole de L'Ankou accompagnent les trépassés dans l'autre monde. Où les Korrigans jouent des tours aux promeneurs égarés la nuit de Samain dans les monts d'Arrée. Il le sait tout ça, le Paulo. Il éprouve même une étrange impression de déjà-vu, du temps où, encore joueur, il côtoyait un autre gardien envoûté, Christophe Revault, dont les mains tremblent encore à l'évocation de cette période.
   C'est pour cette raison que Paul Le Guen maintient Landreau dans les buts. Pour ne pas faire peser sur ses épaules, en plus du mauvais sort, le lourd fardeau de l'injustice. Journalistes de peu de foi, vous avez là votre explication. Elle n'est pas rationnelle, pas plus que ne l'est la condamnation du second gardien du PSG, Jérôme Alonzo, à regarder du banc de touche son concurrent s'étioler. Pourtant, c'est la vérité. L'homme de Pencran, qui manie comme pas un la langue de granit, n'en pipe mot. Mais il s'est mis à la recherche d'un contre-sort puissant pour sortir son joueur de l'embarras. Une formule infaillible, sortie des grimoires de magie médiévale, pour être fortuné dans tous les jeux d'adresse et de hasard. J'en ai trouvé le contenu sur un site spécialisé (www.esoterika.org) et vous en donne la primeur :

"Prenez une anguille morte par faute d'eau ainsi que le fiel d'un taureau qui aura été tué par la fureur des chiens et mettez-le dans la peau de l'anguille avec un drachme de sang de vautour. Liez ensuite la peau d'anguille par les extrémités en utilisant de la corde de pendu, et mettez cela dans un fumier chaud pendant l'espace de quinze jours, puis vous le ferez sécher par la suite dans un four chauffé avec de la fougère cueillie la veille de la St-Jean. Faites ensuite de cette peau un bracelet sur lequel vous écrirez avec une plume de corbeau de votre propre sang, ces quatre lettres : H, V, L, Y."




   Allez Micka, bon courage…