La Source ,ballet en trois actes et quatre tableaux ou l'inverse est une oeuvre du 19è siècle au livret un peu niais qui traite de fiancée vendue , de fille mal gardée, de promise incertaine sur fond oriental avec favorite du Khan, frère sourcilleux et pas seulement parce que persan...
Bref, un livret à thématique exogamique sur fond d'Orient ranci ,qui parle de guerre de clans, de traite de blanche et aussi lisible qu'une anthropologie structurale pour les Nuls. Dieu merci, Jean-Guillaume Bart qui a pongé dans cette eau-là, a su garder la tête haute de l'Etoile qu'il est toujours, s'est entouré d'un dramaturge compétent qui a dégraissé le mammouth, d'un décorateur prestigieux et de Christian Lacroix tailleur d'art.
COULANT
Il faut dire que lorsque l'on s'adjoint les services de plus d'un elfe aussi bondissant que Mathias Heymann , d'une promise au Khan aussi sublime qu'Isabelle Ciaravola et qu'on remet le rôle d'intercesseur des puissances naturelles à un Esprit de la source telle Ludmila Pagliero on a peu de chance de s'ennuyer dans ce spectacle où tout est chorégraphie. Prima la chorégraphie vraiment avec une sorte de fluidité incroyable des gestes , une obsession à faire disparaître le sentiment d'effort (jusqu'à rendre inaudible le bruit des chaussons sur le parquet de Garnier) . Les décors de Christian Lacroix présent lors de cette captation exceptionnelle (le film était diffusé dans plusieurs UGC ) et son travail d'orfèvre contribue à cette liberté des mouvements et cette conquête spatiale magnifiquement sobre. On est loin en effet du côté "montreurs d'ours" de certains ballets classiques avec la traditionnelle succession de solos fastidieux ...Ici tout n'est que délicatesse, liant, grâce...La Source ainsi revivifiée perd ses pesanteurs vieux siècle... La musique de Léo Delibes et Ludwig Minkus est très agréable et légère. On ne saurait trop s'y rafraîchir.
La Source à l'Opéra Garnier jusqu'au 12 novembre 2011