Un article du Monde m’aura d’autant moins échappé L'Irlande ferme deux ambassades, faute de moyens (3 nov. 2011) qu’il existe à l’évidence un lien étroit entre l’abandon d’un domaine aussi régalien que la politique étrangère et la perte de souveraineté manifestement exigée des pays surendettés de la zone euro. Je continue donc d’explorer minutieusement les Unes du Monde pour tenter de suivre depuis déjà presque une semaine l’impressionnant 5.000 mètres steeple-chase - normal pour une nation qui inventa l’olympisme presque 8 siècles avant notre ère et Athènes la démocratie seulement 5 siècles avant J-C - du référendum sur le plan d’aide européen initialement proposé par George Papandréou aux Grecs (Le Monde 31 oct. 2011)…
Il y a donc seulement 5 jours mais les retournements de situation n’ont guère manqué, à peine le coup de feu du départ eût-il retenti. Chaque jour, une haie imprévue - inopinément déplacée par les organisateurs : le couple d’enfer Merkozy pour ne point les nommer - ou une fosse vidée de son eau après que l’on eût limé ras les crampons de l’athlète tout en enduisant ses semelles d’une couche de gras bien épaisse : cassage de gueule assuré ! Les amateurs d’athlé se demanderont sans doute longtemps comment il ne fut pas largement distancé au moment où retentit la cloche annonçant le dernier tour… C’est un fait.
Mais la dernière ligne droite lui fut définitivement fatale, les concurrents ne lui épargnant aucun coup bas. Plusieurs tentatives d’obstruction (parlementaire) l’obligeant à prendre les extérieurs, notamment deux coureurs dont la déloyauté est connue de longue date - l’Allemand Wolfgang Schäuble et l’Italien Mario Draghi - sans nul doute complices qui lui fermèrent carrément la porte alors qu’il s’apprêtait à prendre le large… ils n’avaient aucune chance de terminer sur le podium et Draghi ayant déjà fait le « lièvre » pendant les deux premiers tours de piste, il fut même carrément accusé d’avoir été « acheté » par les organisateurs.
Le coup de grâce lui fut porté par son adversaire de toujours, un certain Evangelos Venizélos - qu’il avait sévèrement battu en 2007 dans une compétition nationale dite, « prix du Pasok » - un méchant croc en jambe alors qu’ils luttaient au coude à coude lors de l’emballage final. Les divers ralentis pris sous plusieurs angles eurent beau être formels, les organisateurs refusèrent néanmoins de déclasser le vainqueur.
Néanmoins, Papandréou s'étant écroulé juste sur la ligne d'arrivée, les organisateurs préférèrent attribuer deux médailles d'or pour faire taire les crtiques et non sans avoir une pensée bien retorse derrière la tête : laisser les deux hommes en lisse pour les futures compétitions internationales et lui faire porter le chapeau en cas d'échec.
Or donc, c'est un avenir peu glorieux pour la Grèce et ce dans tous les cas de figure qui peuvent être envisagés.
Soit qu’elle quittât la zone euro - retrouvant sa souveraineté mais toujours endettée jusqu’au cou et nul espoir de percevoir les aides promises en… 2010 ! Avec un drachme très bas (bonjour le pouvoir d’achat !) mais obligée de rembourser sa dette et financer ses importations, notamment de pétrole en dollars et euros très forts… Nul besoin de dessin pour savoir ce que subira le peuple. Il n’y aurait donc guère que le tourisme qui pourrait en profiter, à condition toutefois que le pays ne soit pas la proie d’une guerre civile larvée ou de nouveau sous la botte d’une junte militaire de nouveaux «colonels» de sinistre mémoire (1967-1974).
Souvenez vous du film «Z» de Costa Gavras (février 1969) avec des acteurs époustouflant de vérité. Que j’eus la chance de voir au moment de sa sortie et en exclusivité dans une grande salle des Champs-Elysée grâce à l’invitation d’une amie infirmière, Ghislaine B. que je connaissais bien avant d’entrer moi-même dans une école de l’Assistance publique. J’ai le parfait souvenir qu’il régnait alors un véritable froid de canard sur la capitale mais surtout qu’à la fin de la projection et pendant que se déroulait sur l’écran le générique de fin, les spectateurs debout entonnèrent en chœur l’Internationale.
Aussi longtemps que Dieu me prêtera vie je garderais le souvenir des larmes qui me vinrent aux yeux et du grand frisson qui parcourut mon dos. Je crois avoir connu là un événement aussi exceptionnel que ma mère - pourtant Ecossaise, n’est-il pas messieurs les fachos chantres de leur inepte « identité nationale » ? - éprouva et racontait encore plus de 40 ans après, les larmes dans les yeux et l’émotion dans la voix d’une « Marseillaise » échappée sous l’Occupation à la censure dans un film, lorsque tous les spectateurs se mirent debout pour reprendre en chœur l’hymne national.
Je ne serais jamais « nationaliste » surtout à l’aune de ces prétendus défenseurs de la France qui bradèrent impunément la France à l’Allemagne nazie - la poignée de main entre Pétain et Hitler à Montoire le 24 oct. 1940 - à l’image de cette bourgeoisie qui osa «préférer Hitler à Blum » mais comme le disait mon père résistant de la première heure, s’étant déjà engagé volontaire à 17 ans en 1914 et à 42 ans en 1939 : simplement patriote quand la France est en danger. Aujourd’hui c’est à nouveau le cas : Sarkozy & consorts, l’Union européenne, etc. bradant les intérêts de la France aux nouveaux nazis : les hiérarques chinois…
La Grèce n’a pas plus à espérer de sa navigation commerciale - deuxième secteur commercial important - sur le plan des emplois. Il y a belle heurette qu’à l’instar de ses concurrents battant pavillon des paradis fiscaux, elle utilise une main d’œuvre pléthorique de marins voire d’officiers étrangers recrutés dans les pays du Tiers-Monde et bien évidemment payés des clopinettes.
Soit qu’elle acceptât de passer sous les fourches caudines des marchés financiers, de Bruxelles, du FMI et de Merkozy - mais ils sont tous à mettre dans le même sac de la mondialisation ultralibérale - et faire peser sur le peuple grec le poids d’une austérité au moins égale à celui du « rocher de Sisyphe » pour combler un déficit d’un montant aussi peu prêt d’être asséché que ne le fût jamais le « tonneau des Danaïdes » de surcroît doublé d’un mécanisme de « vases communicants », l’Europe prêtant sans barguigner 106 milliards d’euros aux banques pour les recapitaliser (Le Monde du 26 oct. 2011).
Autrement dit et quelque que fût le cas de figure les banques - farcies jusqu’à la moelle de dettes souveraines des Etats comme naguère de supprimes - ne perdront rien une fois de plus. Pour les peuples de tels accords seront toujours « perdant perdant » mais « gagnant gagnant » pour la Planète finances, nouvelle illustration de l’aphorisme de Montaigne : « le profit de l’un est malheur des autres » auquel je ne peux manquer d’associer l’incisif Jules Renard « le tort des pauvres est d’être plus nombreux » : les flots certes modestes de nos minuscules rus se jetant dans d’autres cours d’eau plus importants alimentant les rivières (de diamant : n’est-t-il pas, Liliane Bettencourt ?) pour enfin aboutir dans l’Océan du déficit et ses insondables abysses élyséennes.
Gloutocrates jamais rassasiées, les banques remettront au pot cet argent facilement gagné pour continuer à spéculer de plus belle contre les Etats, leurs dettes souveraines et l’euro. Demain l’Italie, après-demain : la France qui devrait choir comme les autres dominos. C’est bien pour cela que Sarkozy est dans ses petits souliers (sans talonnettes !) et aboie encore plus fort que Merkel contre la Grèce et l’Italie. Réaction psychologique bien connue : attaquer le plus viru-lemment possible ceux qui ne valent guère mieux que vous pour détourner - temporairement - l’attention de vos propres turpitudes. Parabole de la paille et de la poutre dans l’œil. Toujours d’actualité deux mille ans après…
Il y a quelques jours j’entendis sur France Info le sénateur centriste Jean Arthuis (et qui plus est, ancien président de la Commission des Finances du Sénat !) - envisageant très sérieusement la sortie de la Grèce de la zone euro : le sujet n’est plus tabou - qui s’alarmait de l’ampleur de la dette italienne - quelque 24 milliards d’euro - mais ne semblait nullement inquiet de l’exorbitante dette de la France : 17 milliards d’euros dont nous savons que Sarkozy en est largement responsable (seulement 1/3 de celle-ci serait due à la crise économique).
Autre connard - je peux insulter sans risque : je ne connais ni son nom non plus que sa fonction mais pour être aussi inepte, il doit bien graviter à proximité de l’aréopage de « grosses têtes » de l’Elysée ! - entendu il y a quelques jours en zappant la nuit sur la bande fm. Osant affirmer sans rire ni sans doute être réellement conscient de l’énormité de son propos que Moody’s n’avait pas mis l’endettement de la France « en observation » pour 3 mois mais uniquement « menacé de le faire » !
Merci de nous prendre une fois de plus pour de parfaits cons. Je viens de relire l’article du Monde du 18 octobre 2011 Moody's menace la note Aaa de la France, Bruxelles rassure dont j’avais au demeurant le parfait souvenir : Moody’s « se donnant trois mois pour déterminer si sa perspective "stable" était toujours justifiée au vu de la dégradation de la situation économique. "Moody's va surveiller et évaluer cette perspective stable (de la note du pays), au regard des progrès effectués par le gouvernement pour mettre en œuvre" les mesures annoncées de réduction du déficit budgétaire ».
Dire qu’il risque d’y avoir des Français qui ne lisent guère la presse et/ou ne s’y connaissent pas du tout en économie susceptibles de prendre un tel mensonge pour argent comptant ! Moody’s a bien placé la France sous surveillance pour trois mois et ce n’est qu’ensuite, si la perspective « stable » devait être remise en cause qu’elle pourrait dégrader la note de la France « à moyen terme, le plus souvent à une échéance de trois à douze mois ».
C’est aussi ridiculement asinien que la sortie non moins imbécile du «Bécassin de l’Educ-nat» à savoir Luc Chatel qui lui non plus n’en loupe rarement et prétendait que Moody’s avait entendu mettre sous surveillance les propositions de François Hollande ! Comme s’il ne lui suffisait pas d’hériter d’une situation des plus catastrophique pour le cas où il gagnerait l’élection présidentielle.
A priori je ne saurais dire où Nicolas Sarkozy a pu recruter autant «d’intelligent(e)s» patentés mais j’ai toutefois ma petite idée. Je ne sais ce qu’elle vaut, n’étant point dans le secret des dieux qui présidèrent au peuplement de l’Olympe - décidément nous ne sortons pas de l’influence grecque ! - pour laquelle je vous renvois à l’incon-tournable ouvrage d’Edith Hamilton : « La mythologie » (Marabout). Si vous appréciez des textes fort bien traduits du grec ancien et subtilement analysés, vous ne bouderez pas plus que moi votre plaisir…
Mais le casting de Sarkozy ne pourrait remonter aussi loin. La culture des « humanités » - philosophie et lettres classiques (gréco-latines) lui étant parfaitement étrangère, il put du même mouvement déclarer que leur enseignement n’avait aucune nécessité, et chanter les louanges d’Aimé Césaire lors même que celui-ci ne cessa d’évoquer tout ce qu’il leur devait dans sa formation intellectuelle.
J’ai donc ma petite idée sur le casting de Sarkozy. Ne manquant certainement pas de pépètes mais peinant à recruter de vrais talents, il dut renoncer aux lamentables (dans leurs rôles) mais néanmoins fort talentueux acteurs du jubilatoire film de Claude Zidi « Les sous-doués » tentant de passer ou non le bac. Se rabattant sur des seconds rôles et autres improbables sosies nous avons donc sur toutes les chaînes de télé et les fréquences radio le consternant spectacle d’un remake devant faire date mais néanmoins salle vide tous les soirs à l’improbable « Guignol de l’Elysée théâtre » lequel existe bel et bien. Ramassis de tous les talents ignorés du PAF, lesquels méritant bien de le rester.
Réjouissant spectacle au demeurant que de voir nombre d’intellos et artistes de tous les domaines lâchant Nicolas Sarkozy pour soutenir François Hollande. Ne me croyez pas assez stupide pour tout prendre pour argent comptant - la campagne de Ségolène Royal entre 2006 et 2007 m’a largement vaccinée ! - mais autant d’éléments favorables ou, comme l’on dit dans le Sud-Ouest rugbystique : « les mouches changes d’âne »… et pour les « ânes », la Sarkozie est particu-lièrement bien servie !
Et l’Eire (du temps) dans tout cela ?
Pas brillante, hélas. Malgré des recherches je ne suis pas parvenue à connaître le niveau de la dette irlandaise, sans doute très élevé puisque sa note vient encore d’être dégradée ( b1) en juillet 2011. Or donc, pour satisfaire aux injonctions tant de Bruxelles que du FMI - en vertu d’un plan de sauvetage de 85 milliards d’euros mis en place à la fin 2010 - l'Irlande est mise en demeure d’assainir sa situation financière, par une politique d’austérité sans précédent , largement comparable à celle qui est imposée à la Grèce : forte hausse des impôts (en moyenne 3.000 € par ménage et par an !) réduction du nombre de fonctionnaires, baisse importante des salaires : 12,8 %, ais-je lu dernièrement, ce qui autorise à parler de politique déflationniste qui n‘est pas sans rappeler celle que mena Poincaré à partir de 1926, en pleine crise financière.
Ne nous faisons aucune illusion : Sarkozy, Fillon, Baroin et Pécresse nous préparent la même punition ! Payer pour leurs turpitudes et celles des banques, c’est quand même fort de café, non ? Devant passer par la Une du Monde pour accéder à mon blog, je tombe à l’instant sur une nouvelle stupéfiante. Non point qu’une majorité de Français fussent opposés au fait d’aider davantage la Grèce (Le Monde 5 oct. 2011) ce qui n’a rien de bien étonnant en soit lorsque l’on nous annonce dans le même temps que l’on va nous tondre plus que rasibus - cela tiendra du scalp ! - mais qu’encore Nicolas Sarkozy après avoir déjà prêté 11,5 milliards d’euros - ce qui aurait rapporté 200 millions d’euros à la France selon ce qu’il raconta lors de la dernière émission télévisée (mais doit-on le croire ? il ne sait que mentir - s’apprêterait à consentir une sacrée rallonge : 15 milliards d’euros !
Où les prendra-t-il alors que les caisses de l’Etat sont déjà plombées par une sacrée dette : 17 milliards d’euros ? Un emprunt supplémen-taire pour être encore plus sous la dépendance des marchés financiers. J’avoue n’être pas matheuse mais outre quelques équations faciles, je connais encore quasi par cœur mes « tables » et le calcul mental : 17+15 = 32 !
Pour l’instant une nette majorité de Français est hostile (63 %) dont 32 % « tout à fait hostiles » ces chiffres - qui sont d’ailleurs moins importants que lors d’un précédent sondage datant de septembre 2011 : « effet lait d’beu » de l’intervention télévisée de Sarkozy ! - devant être modulés selon les catégories sociales cadres, personnes âgées et l’appartenance politique : UMP et Modem trouvant cela tout à fait normal : Les « bobos » ne souffriront que fort peu - juste à la marge - des mesures d’austérité. Mais attendez que les classes moyennes, les personnes âgées aux revenus modestes et les plus défavorisés avalent la pilule ultralibérale dès janvier 2011 !
Ajoutons par ailleurs que le G20 qui vient de se terminer ressemble une nouvelle fois à un bel exercice inutile : les Etats participants n'ayant même pas réussi à se mettre d'accord sur la mesure phare proposée par Merkozy : la taxe sur les transactions financières ! Nicolas Sarkozy-Tartarin prétendant maintenant la faire adopter au niveau européen... Pure baliverne et pipi de chat si précisément elle n'est pas décidée au niveau mondial.
Cette parenthèse étant refermée, j’en reviens donc à la situation catastrophique de l’Eire. A charge donc pour le nouveau gouvernement irlandais élu en février 2011 - une coalition entre le Fine Gael (centre-gauche) et le Parti travailliste. Le Fianna Fail (centre-droit) prit une sévère déculottée : honni par la population (notamment l’ancien 1er ministre Brian Cowen qui dut d’ailleurs démissionner de la tête de son parti le 22 janvier 2011) qui le rend à juste titre responsable de l’austérité. Comme en Grèce, c’est un gouvernement de gauche succédant à la droite qui doit se coltiner des mesures qui le rendront impopulaires.
Pour résumer le plus possible la situation économique de l’Irlande, je dirais qu’avant les années 1980, son économie ressemblait peu ou prou à celle de la Grèce : essentiellement tourisme et agriculture (une bonne part étant exportée vers l’Angleterre) et très peu d‘industries, souvent vétustes. Les choses changèrent lorsque grâce à une politique de concurrence fiscale et de dérégulation l’Irlande favorisa l’implantation de nombreuses entreprises étrangères - un taux d’imposition entre 10 et 12,5 % contre 33 % en France, sinon plus selon les époques : l’on peut parler sans conteste de « dumping fiscal »… Cela en dit long sur l’Europe communautaire !
Il s’en suivit un essor économique sans précédent au point que certains parlèrent de « miracle irlandais » voire de « Tigre celtique » (voir sur Wikipedia ). Un fort taux de croissance avant 2008 - de 9 à 10 % par an avec un pic à 11 % en 1999. Le taux de chômage était très faible (4 %) et la pénurie de main d’œuvre nécessita une forte immigration : Pays de l’Est, France et même… Chine. Les salaires étaient élevés - en 2007 le niveau de vie des Irlandais était parmi les plus élevés du monde - mais revers de la médaille : d’abord l’inflation et ensuite la cherté des logements et loyers à Dublin, d’où la multiplication des lotissements à l’américaine en dehors de la vie (et encore en nombre nettement insuffisant relativement aux besoins).
Alors que lors du boom économique, les rentrées fiscales permettaient à l’Etat irlandais d’obtenir des excédents budgétaires - qu’en ont-ils faits ? - Les logements furent acquis par des prêts hypothécaires à taux faibles - et très peu d’épargne - avec les mêmes conséquences qu’ailleurs lorsque éclata la «bulle immobilière » en septembre 2008 en même temps que la triple crise - financière, économique et sociale - plongeait irrémédiablement comme ailleurs l’économie irlandaise dans la récession : déficit public massif (32,4 % du PIB) et taux de chômage record : supérieur à 14 % de la population active.
J’avais lu il y a déjà longtemps un très intéressant article du Monde ce me semble à moins que ce ne fût Marianne, décrivant la belle pétaudière de la circulation autour et dans Dublin aux heures de pointe, les infrastructures - routes et autoroutes, trains et transports en commun n’ayant pas suivi l’augmentation de la population active. S’y ajoutaient des récriminations sur l’absence de crèches, le nombre d’établissements scolaires et d’enseignants n’ayant pas été augmenté, non plus que le système sanitaire - nonobstant le double-ment du budget de la santé ! Où est passé le fric ? Peut on se demander comme en France - aucune amélioration : des listes d’attente pour les consultations de spécialistes, les examens complémentaires et bien entendu les interventions chirur-gicales. Aucune augmentation du nombre de lits et du personnel dans les hôpitaux, pénurie de personnel au demeurant générale dans toute la fonction publique.
Serais-je plus intelligente - ou plus stupide selon certaines personnes - que la foule des experts de tout poil, Union européenne, FMI, agences de notation qui exigent que la fonction publique fût encore davantage « dégraissée » (sic !) lors même qu’il est évident qu’elle n’était nullement pléthorique mais nettement insuffisante avant la crise ? Et qu’avec un taux de chômage déjà aussi élevé il est criminel de réduire encore plus le nombre d’emplois. La même remarque valant aussi bien pour la Grèce, la France et tous les autres pays déjà sur la sellette en matière de dette souveraine. Pour les crânes d’œuf ultralibéraux les agents de la fonction publique lato sensu sont nécessairement des bons à rien qui n’en foutent pas une ramée tout en ayant - suprême avantage qu’ils cherchent à supprimer - la garantie de l’emploi.
J’en arrive donc à l’objet principal de mon courroux : la fermeture des ambassades par le gouvernement irlandais.
Certains commentaires de lecteurs du Monde me font bondir. Ils ne conçoivent en effet les ambassades qu’en terme de fonctionnaires, donc jugés inutiles selon la vulgate ultralibérale. J’ai sans doute le grand tort d’être souverainiste - il en existe à gauche ! - mais je ne peux admettre cette Europe qui n’a de cesse de retirer aux Etats-membres chaque fois un peu plus de souveraineté. Je ne m’étendrais pas plus longuement sur ce chapitre qui demanderait au moins un article sinon plusieurs tant j’aurais de griefs à formuler contre l’Union européenne, la Commission, l’euro et la zone euro.
Déjà savoir qu’il est envisagé un contrôle préalable des budgets par un organisme ad hoc me défrise le poil au plus haut point… S’il est une fonction régalienne, c’est bien - au même titre que battre monnaie - l’adoption des lois de Finances. Or, il est évident que les Etats de l’euro-zone qui sont mis sous la coupe du FMI ou de l’Europe monétaire perdent une part essentielle de leur souveraineté.
La politique étrangère relève également du domaine régalien par excellence. Le Ministre irlandais des Affaires étrangères explique que « la décision de fermer deux ambassades est une réponse aux objectifs du programme de l’Union européenne et du FMI pour rétablir les dépenses publiques à un niveau viable le gouvernement étant donc contraint de faire des coupes dans de nombreux services publics ».
Fermer des ambassades « après examen de leur situation - au vu des liens économiques des pays concernés avec l’Irlande » ! - voilà qui me fait bondir : c’est une mentalité de margoulins. Un Etat ne rayonne pas uniquement par sa puissance commerciale mais aussi, entre autres, par sa culture et le rôle qu’il peut jouer dans les relations internationales lato sensu.
Je fus d’ailleurs suffisamment outrée d’apprendre en son temps par des articles du Monde ou du Monde diplomatique (sous le gouver-nement Jospin) que les ambassades réduisaient considérablement la voilure en matière culturelle. Fermeture de services et autres organismes qui permettaient entre autres missions de développer le rayonnement culturel français en direction des populations - chercheurs aussi bien que citoyens lambda - des pays concernés. Tout aussi outrée lorsque l’on obligea plus récemment RFI à supprimer grand nombre de ces émissions en direction notamment de l’Afrique. Des masses de flouze pour les dictateurs mais queue de chi pour le populo !
Considérer qu’il est anodin de fermer l’ambassade d’Irlande auprès du Vatican (si petit Etat !) au motif que « Même si l'ambassade au Vatican est l'une des plus anciennes missions, elle ne dégage aucun rapport sur investissement » et qu’en conséquence « l’Irlande peut être représentée par un ambassadeur non résident » témoigne d’une mentalité d’actionnaires exigeants des « retours sur investissements » et non pas d’une approche politique - au bon sens du terme.
J’ai beau savoir qu’un Sarkozy pense qu’une nation se gère comme une entreprise, c’est une vision totalement dévoyée tant de la conduite des affaires politiques de la France que de sa politique étrangère, fonction régalienne s’il en est. Mais qu’attendre de plus d’un président de la République transformé en VRP des multinationales ?
Le motif invoqué pour fermer l’ambassade d’Irlande à Téhéran - où l'Irlande dispose d'une ambassade depuis 1976 - est tout autant époustouflant : « les volumes commerciaux avec ce pays ne sont pas à la hauteur des attentes »… Evidemment, s’il espéraient leur vendre du whisky et de l’ale ! Sans doute leur aura-t-il échappé que les relations commerciales relèvent traditionnellement des consulats et non des ambassades. Là encore pure mentalité de margoulins. Bien en phase avec l’ultralibéralisme pour lequel tout doit être objet de commerce ou sinon n’existe pas.
Même sachant que le président de la République irlandais n’a aucun pouvoir, pas plus d’ailleurs qu’en Grèce - leur fonction étant purement honorifique comme dans de nombreux Etats - je ne peux m’empêcher d’ironiser sur le hiatus entre l’élection du poète Michael Higgins à la tête de la République d’Irlande (le Monde 29 oct. 2011)et une telle conception de la politique étrangère qu’il sera bien obligé d’assumer. Toujours est-il que, considérant que le président de la République doit représenter tous les citoyens, il a démissionné du parti travailliste irlandais.
Donc bien totalement à l’opposite d’un Nicola Sarkozy qui depuis 2007 s’est toujours conduit en chef de parti. Michael Higgins étant un homme fort cultivé j’attends avec impatience les prochains raouts européens des chefs d’Etat et de gouvernement pour apprendre les perles d’inculture que ne manquera sûrement pas de lui pondre Nicolas Sarkozy et je serais bien curieuse de voir le regard un rien candide du président irlandais devenir absolument médusé.
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Tous les chiffres et la plupart des indications sur l’économie irlandaise (sauf mes commentaires et faits dont j’ai eu connaissance par Le Monde) proviennent de Wikipedia