Magazine Amérique du nord
Au printemps 2011, j'ai commencé à relater mes souvenirs du Sri Lanka. Tout doucement mais sûrement, je remonte dans le temps de cette expatriation pas comme les autres (2002-2005).
Afin de faire mes courses à Colombo, je dois rapidement m’organiser. Pour la conservation des aliments pendant les trajets entre la maison et le supermarché, j’achète une énorme glacière avec des plaques de glaçons. Tout cela à cause de la chaleur étouffante et humide du pays. Il faut aussi partir au bon moment, c’est-à-dire le matin à l’ouverture du supermarché. L’objectif est d’éviter les embouteillages pour que les glaçons fassent encore effet lorsque j’ai fini les courses et qu’il faudra faire le chemin inverse dans les embouteillages. Une fois de retour à la maison, je dois rapidement tout décharger et tout mettre au frais pour éviter qu’il n’y ait une rupture de la chaîne du froid, que les yaourts ne tournent, que le lait ne caille. Nous avons été malades quelques fois. Je me demande encore aujourd’hui comment cela n’a pas été le cas plus souvent. Au rayon viande de mon supermarché « préféré », je n’ose pas prendre autre chose que du poulet et des saucisses. Le poulet est congelé, j’en suis certaine, car les morceaux bien qu’emballés sont durs comme de la pierre. J’ai toujours la crainte qu’ils ne soient recongelés par mégarde alors que pendant le trajet, ils ont eu le temps de décongeler. Je trouve presque de tout dans mon petit supermarché. Quand je dis « presque tout », je ne parle que de nourriture et de produits ménagers. Il est situé assez loin de chez moi mais c’est un des rares supermarchés où je peux trouver des produits qui correspondent à ce que je connais tout en répondant à un minimum d’hygiène. Et puis, on y trouve aussi régulièrement des marques de produits alimentaires français, américains et européens. Par conséquent, j’y croise aussi souvent des membres de la communauté expatriée. Ce supermarché ne ressemble pas à nos supermarchés français où l’on trouve absolument tout, de la parapharmacie aux vêtements en passant par les rayons boucherie, poissonnerie, pâtisserie, j’en passe et des meilleures. C’est plutôt une superette aux allées étroites et peu lumineuses, avec de petits caddies, cinq caisses mais seulement deux de constamment ouvertes. La superette est divisée en deux parties. D’un côté, les produits frais dans une partie surélevée par quelques marches. De l’autre côté des caisses, tous les produits secs. Je commence généralement ma tournée par cette partie et termine par les produits frais. Le rayon légumes d’abord sur la gauche en entrant, le rayon charcuterie – viande au milieu et suivi par un mini rayon poissonnerie peu fréquenté non seulement par la clientèle mais aussi par le personnel. Enfin, à gauche, le rayon laitier très prisé par les expats locaux. De temps en temps, il y a des yaourts Yoplait, un petit moment de plaisir et de fraîcheur. Il arrive même qu’il y ait des yaourts Yoplait pour bébé. Alors là, c’est à la fois l’effervescence et le téléphone arabe. Toutes les mères expat s’agitent devant le rayon et sortent leur portable pour téléphoner aux copines : « Il faut absolument que tu viennes ! Ils ont des Yoplait pour bébé. Je t’en achète combien de pack ? » J’imagine alors le bébé en train de manger quatre fois par jour des yaourts avant la date de péremption. Il faut en profiter tant qu’il y en a, car cela ne va pas durer. J’avoue que moi aussi je succombe devant certains produits parfois rares ou régulièrement en rupture de stock. Mon objet de prédilection : les couches Pampers, car les couches culottes locales bien qu’utiles ont occasionné des débordements massifs et réguliers en tout genre. Pas la peine de faire un dessin. Alors, quand il y en a, j’en prends plusieurs gros paquets toutes les semaines. Je stocke.