Depuis quelques temps en effet, les conséquences réelles de la crise sont d’une rare violence. Hausse du chômage, chute des investissements, explosion du surendettement : le libre exercice du pouvoir financier par quelques uns affecte gravement la vie de tous. La démocratisation des banques, qui répartirait les pouvoirs en même temps que les richesses, se fait cruellement attendre.
Pire : l’Autorité des Marchés Financiers – à l’instar des autres institutions publiques en charge de la régulation du secteur – entretient des liens d’intérêts évidents avec les grands groupes. Loin d’être à la hauteur des défis, l’État se fait complice des dérives. Pour reprendre du pouvoir sur leurs vies, les citoyens reprennent donc l’initiative.
C’est au mois d’avril, alors marqué par le G20 Finances, qu’Attac et les Amis de la Terre ont commencé de soumettre dix banques opérant en France à un questionnaire exigeant. Spéculation, relations-clients, ressources humaines, démocratie interne, impacts sociaux et environnementaux, tout y passe. Lors du Forum des peuples de Niono, le résultat est enfin tombé.
Et le constat est accablant. Du propre aveu des banques, la recherche du profit maximum prime indifféremment sur l’intérêt général de la population ou l’intérêt particulier du client. La preuve des vertus de la démocratie sociale est également faite. Effectivement en matière de stabilité financière, de conséquences sociales ou d’impact environnemental, les organismes coopératifs (Crédit Coopératif, Nef) se placent loin devant les grands groupes.
Le fort taux de réponse des établissements, en augmentation depuis les premières publications du rapport, est un véritable encouragement. Preuve que la pression citoyenne amène les banques à s’imposer une véritable transparence dans leur gestion, et que la question démocratique doit se placer au cœur des débats économiques actuels.
En définitive, l’étude démontre que la maîtrise citoyenne de la sphère financière est non seulement souhaitable, mais parfaitement possible. Si une telle démarche ne remplace pas la constitution d’un pôle financier public, elle marque néanmoins un premier pas de la reconquête du politique sur l’économie. L’échec du G20, à cet égard, n’en est que plus cruel.
MJS