Depuis les élections cantonales, on pensait l'avoir perdu définitivement. Certains ont même appelé cela "la représidentialisation", même si le terme n'est pas tout à fait approprié, puisque pour se représidentialiser, il faut déjà avoir eu le comportement d'un président. Donc, depuis 6 mois, notre président de la République faisait soft : de nombreux déplacements à l'étranger histoire d'asseoir sa posture internationale, quelques déclarations, mais plus de réformes ni de coup de menton pour impressionner l'opinion et une séquence socialiste de plus d'un mois où on ne l'a pas entendu ou si peu. Bref, un autre homme, à tel point qu'on pouvait presque croire que François Fillon était Premier ministre. C'est dire !
Mais, ça y est nous voilà rassurés, depuis la fin de la primaire socialiste, il a repris la main et on a enfin retrouvé notre dose quotidien de Sarkozy. Il était temps, on allait friser la crise de manque. Ces 15 derniers jours, il était partout, sur tous les fronts, complètement agité, et il a brassé tellement de vent, que depuis ce week-end j'ai renoncé à me coiffer !
Donc, c'est le retour du Sarkozy agité, du bling-bling et avec lui de cette droite méprisante et suffisante incarnée par Mme Morano. Le retour de Sarkozy dans la rubrique people. Non pas à cause de la naissance de sa fille, mais parce qu'il réussit à faire photographier cette dernière tout en déclarant qu'il s'agit de photos volées. Ben tiens, quand on veut vraiment rester à l'abri des regards indiscrets, on ne se promené pas dans les parcs publics !
Mais la grande affaire de ces derniers jours, ce fut bien évidemment la crise grecque et le G20. La Grèce donc, avec Mr Sarkozy et Mme Merkel qui ont habilement mis en scène le mélodrame pour nous faire croire qu'au dernier moment, et à la force de leurs petits bras, ils avaient réussi à obtenir de justesse l'accord qui devait sauver l'Europe et le monde. Trop fort Sarkozy, qui a pu ainsi se permettre de parader à la télé et nous faire croire qu'il était le sauveur du monde. Modeste et pédagogue le bonhomme, du moins selon la pravda médiatique française. Bon sang de bois, Roosevelt et Churchill se sont réincarné en Sarkozy et on ne le savait pas !
Sauf que sauveur du monde, il ne l'a été que quelques jours, le premier ministre grec surprenant tout son monde en annonçant qu'il soumettrait l'accord européen à référendum. Le mécréant se permettait de saboter le travail de notre grand président et en plus de lui plomber son G20 qui devait être une grande messe à sa gloire.
Qu'a cela ne tienne, Sarkozy, avec sa nouvelle meilleure copine Angela a forcé la Grèce à revenir sur son référendum, et tant pis si pour cela il y a eu un mort : l'idéal démocratique qui aux yeux des citoyens européens a sombré corps et âme cette semaine face aux impératis du libéralisme économique.
Il restait donc à rattraper le G20. Il fut en cela aidé par Obama (ben oui, même les surhommes ont besoin d'un petit coup de main de temps en temps). Obama ! Mince ! Même si ce n'est pas le plus grand président que les Etats-Unis ont eu, par rapport à son prédécesseur ou à nombre de ses collègues européens, le mec a quand même de la classe. Et là, il nous fait une petite conférence télévisée avec Sarkozy, ou pendant un quart d'heure il lui cire les pompes, à peine s'ils ne partent pas en vacances ensemble. La vache, ça c'était le coup de poignard de la semaine, la déception de l'année.
Résumons la situation : un Sarkozy omniprésent sur tous les fronts et qui côtoie les plus grands. Bien ! Mais après ? Qu'est ce qui se passe ? La Gréce ? on va payer, et la plupart des économistes s'accordent pour dire que le plan décidé à Bruxelles ne réglera pas grand-chose. Les paradis fiscaux ? Ils vont bien, merci pour eux, et ça devrait durer encore un moment. La taxe sur les transactions financières ? Peut-être qu'un jour il y en aura une, éventuellement, faut voir, en tout cas, c'est moins sûr que l'augmentation de la TVA qui nous pend au nez.
Sarkozy a ventilé et réussit à bluffer tout son monde à commencer par les médias, qui de toutes façons ne demandaient que cela, être bluffés. Mais cela nous donne au moins deux certitudes : Sarkozy est rentré en campagne électorale, et les 6 prochains mois seront les plus pénibles de tout le quinquennat.