Le choix de Philippe Poutou comme candidat en 2012 a accentué davantage la crise au NPA. Cette semaine, une partie du mouvement publiait un texte confirmant l'explosion du parti.
"La situation au NPA est désormais extrêmement grave". C'est ainsi que les signataires de cette bouteille à la mer ont souhaité entamé leur bilan publié par le site du mouvement "Europe Solidaires Sans Frontière". Signé par des poids lourds du parti anticapitaliste tels que son ancienne porte-parole Myriam Martin, ou encore Pierre-François Grond, le texte soulève une nouvelle fois "l'immense gâchis" que constituerait le déclin du NPA à l'heure actuelle.
Une telle démarche peut surprendre dans un parti aussi discipliné, où l'étalement des querelles internes est généralement mal perçu par les militants. Il officialise une tension perceptible sur le terrain, et dans la préparation de la campagne présidentielle. Déjà le choix de Philippe Poutou pouvait sonner comme le résultat de cet affrontement. Peu crédible et sans expérience médiatique, l'ouvrier de Blanquefort a pu, par son authenticité, constituer un consensus entre partisans d'une apparition du NPA à la présidentielle et responsables réticents à l'idée d'un échec électoral quasi-certain. Aujourd'hui Philippe Poutou semble faire les frais de ce choix.
Maltraité dans les émissions politiques où l'ouvrier du Sud-Ouest se voit opposer son inexpérience et son manque de crédibilité, le candidat peine également à dénicher les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection. Pire, certains militants engagés dans la recherche de ces signatures accusent une partie de la direction du parti d'ignorer voire de nuire à leur travail. La candidature de Philippe Poutou semble donc ne plus faire consensus, et met à jour une certaine amertume de la part de cadres fondateurs. Des cadres qui déjà manifestaient depuis plusieurs semaines leur scepticisme dans la presse. "Aujourd'hui, le candidat crédible est celui qui peut virer Sarkozy. Ce n'est ni Arthaud ni Poutou. Pas plus Mélenchon ou Joly." lâchait au "Monde" Guillaume Liégard, trésorier du parti. Une analyse reprise par Alain Krivine.
Dans ce contexte, le texte publié jeudi, et dénonçant un parti "passé de l'enthousiasme à l'arrogance" apparaît comme un règlement de compte qui pourrait bien avoir la peau de la candidature Poutouienne… Revenant tour à tour sur les différentes crises qui ont animé le NPA depuis 2009 et notamment celle provoquée par la candidature d'Ilham Moussaid, les relations avec le Front de gauche restent l'objet d'achoppement principal avec la direction du NPA. "En arguant de l’impossibilité d’un accord au nom des désaccords à venir sur les élections régionales de l’année suivante, nous avons donné le sentiment que nous ne cherchions qu’un prétexte. Ce qui, de fait était vrai."
Mais les signataires espèrent encore pouvoir retaper le NPA. Visiblement certains que le PS l'emportera en 2012, ils assurent qu'une "séparation s’opérera entre ceux qui iront ou soutiendront un gouvernement socialiste et les autres". Et les auteurs d'appeler à la formation d'un bloc de gauche français, "indépendant du PS". Pourtant, malgré ce dernier argument qui se heurte à la réalité du poids actuel du parti, la tribune apparaît moins comme un texte d'orientation que comme un ultime dépôt de bilan pour le NPA…