mercredi 27 février 2008
La Cendre
Certains meurent avant même d’avoir passé la porte du couloir qui comporte cette pression étrange
certains meurent avant même de savoir juste un peu la saveur de ce jeu de n’être plus un ange
certains meurent dans des ventres...
Certains meurent juste après, encore mouillés de ça quand on les pose là au froid de la ruelle
certains meurent juste après, sur le corps essoufflé dans les bras déchirés de leur maman si belle
certains meurent dès qu’ils entrent...
Certains meurent tout gamins, d’être des riens du tout des gens nés sans le sou sur qui on tire à vue
certains meurent tout gamins, fauchés par le brouillard d’un chauffard, d’un soûlard qui passait dans la rue
certains meurent encore tendres...
Certains meurent en plein feu de leur jeunesse ouverte un képi sur la tête pour un vieux président
certains meurent en plein feu de leur adolescence pris d’un coup de démence ils se pendent au plafond
certains crèvent d’apprendre...
Certains meurent pour que dalle, d’une piqûre de bête d’une pierre sur la tête le hasard les reprend
certains meurent pour que dalle, d’être allé s’éclater aux vitres des cités en gueulant « dieu est grand !»
certains meurent sans comprendre...
Certains meurent et reviennent tout éblouis de là d’avoir goûté la joie mais de l’autre côté
certains meurent et reviennent en riant aux éclats à cette peur qu’on a de voir tout s’effacer
certains meurent sans qu’ils tremblent
D'autres meurent de tristesse tout imbibés d’alcool suivant le protocole qu’on leur a inventé
d'autres meurent de tristesse sans se donner le temps d’arrêter un instant leur vie conditionnée
certains se croient de cendres...
Et les larmes me viennent, quand je te perds encore moi qui serrait ton corps que je croyais tenir
oh les larmes me viennent, mais je laisse le marbre et je cours dans les arbres et je te crois venir
souriante, descendre...
Vu qu’on meurt tous les jours qu’on meurt à chaque instant quand on crache le vent qu’on a dans nos poitrines
vu qu’on meurt tous les jours qu’on meurt et qu’on revit autant laisser la vie être, autant qu’on s’incline
je veux t’aimer la cendre...
Certains meurent et reviennent tout éblouis de là d’avoir goûté la joie mais de l’autre côté
certains meurent et reviennent en riant aux éclats à cette peur qu’on a de voir tout s’effacer
certains meurent sans qu’ils tremblent...
Et je t’aime la cendre...
K (Nicolas Michel)
Je vous parle de lui très prochainement !
posted by Lou at mercredi, février 27, 2008
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