INTIMITE
des lignes dans le ciel / des alternances aux quiproquos de nos rencontres / où l’on ne saurait dire le vrai du mystère / je tutoie la mer morte dans ton regard et le désir solidement ancré de tes cuisses / et je pense à ces rainures de paysages / à ces ondoiements sur les vitres-miroirs de nos immobilismes / à ces défilements de comètes lâchement saupoudrées dans le vide qui nous sépare / vide très relatif / car il abrite un océan une pulsation de particules de molécules voire d’organismes si infimes qu’on les omet par souci d’élégance ou par crainte / l’expérience montre pourtant que ces objets invisibles qui se dégagent de ta peau de tes yeux de ton sexe viennent caresser mes sinus ma langue et mon sexe au rythme de millions pour chaque battement de cils sous la lumière crue des néons jaunes du wagon / un univers versatile qui nous nargue à notre insu et nous confine à l’inévitable intimité / comment en douter / les forêts décrépites sous la vitesse du regard / les éclairages concentriques halos dans le sillage du chemin de fer / les insoupçonnables négoces du monde d’en bas / quand de mémoire longue on entérine les douleurs de l’absence de l’autre / le panorama de ton visage fraîchement entrouvert au soleil artificiel / toutes ces choses mères infidèles de voluptueuses descendances / dans le noir de l’oubli / de l’oblitération / je ferme les yeux et je te recrée atome par atome à l’intérieur de moi
Arnaud Delcorte