Pierre Giacometti et François Fillon lors d’une réunion des cadres de l’UMP.
Dans un rapport, la Cour des Comptes épingle l’opacité et le coût des dépenses de communication et de « coaching » du gouvernement. François Fillon a ainsi dépensé 700 000€ en trois ans. Brice Hortefeux 220 000 € en deux ans.
Coût élevé et opacité sur les attributions. Tels sont les deux principaux reproches adressés par la Cour des comptes aux dépenses de communication, de sondages et de « coaching » du gouvernement. Les dépenses de communication de l’État (600 millions d’euros entre 2006 et 2010), « sont engagées dans des conditions parfois peu conformes aux règles de la commande publique », souligne le rapport remis à la commission des finances de l’Assemblée nationale, jeudi.
La Cour des comptes montre ainsi l’opacité qui entoure l’attribution de ces marchés dit « publics », dont passés par plusieurs membres du gouvernement, ainsi que par le Premier ministre, François Fillon.
Certains contrats ont été conclus « en dehors de toute publicité et mise en concurrence », fait remarquer le rapport. Une mise en concurrence, pourtant prévue par le Code des marchés publics.
180 000€, les cinq mois de coaching
Dans le détail, la Cour des comptes pointe par exemple une étude commandée en novembre 2009 à la société Giacometti-Peron, par le cabinet du ministère de l’Immigration alors dirigé par Eric Besson, pour un montant total de 180 000€. Le contrat portait sur une prestation de cinq mois de coaching en images pour le ministre. La société tient son nom de ses deux fondateurs, dont Pierre Giacometti, ancien patron de l’institut de sondage Ipsos, et ancien conseiller sondage de Nicolas Sarkozy.
700 000 € pour deux ans de communication de François Fillon
Toujours facturé à la même société de conseil, des études ont été remises à Brice Hortefeux alors ministre de l’Intérieur pour un montant total de 220 000€ pour les années 2009 et 2010, nous apprend la Cour des comptes.
Autre exemple, entre mai 2008 et juillet 2011, les services du Premier ministre ont signé trois contrats successifs avec la société de Pierre Giacometti pour le montant conséquent de 700 000€. D’autres ministres encore en poste ou pas, sont épinglés pour des problèmes similaires tels que Rachida Dati, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin ou Gérard Longuet.
De simples « erreurs d’interprétations » ?
Rue89 a recueilli les explications de Pierre Giacometti. Pour lui, c’est au « commanditaire », c’est à dire au cabinet du ministre concerné, de s’assurer de la légalité de la procédure. Il parle d’ »erreurs d’interprétations du code des marchés publics » de la part de ces clients.
Manque de transparence
La Cour des comptes s’est également plainte de ne pas avoir accès à des documents écrits (type factures) qui détailleraient la nature des prestations fournies aux ministres. Là encore, Pierre Giacometti se dédouane : « Nous remettons à chaque cabinet ministériel un rapport qui répertorie l’ensemble de nos interventions et des documents produits, et c’est à lui de décider s’il convient de transmettre ces documents à la Cour des comptes. Il y a une certaine limite à la transparence totale des documents confidentiels qui circulent dans l’univers gouvernemental. Il est donc légitime que ces documents restent protégés ».
Un avis que ne partage pas la Cour des comptes qui estime que « les caractéristiques de ces dépenses (urgence, confidentialité) ne sauraient, à elles seules, justifier ces pratiques ».
Pour consulter le rapport, cliquez-ici
Les dépenses de com’ du gouvernement épinglées – Metro.