Leave Home pourtant ne commence pas à proprement parler pied au plancher. If You Leave…, morceau introductif, laisse pressentir le déluge durant la moitié de ses huit bonnes minutes – de parcimonieuses notes de guitares minaudant dans un bruissement de batterie – avant d’en livrer la saveur sur un ton légèrement plus rock alternatif qu’attendu. On pense évasivement à un bon vieux Sebadoh, avant de foncer tête baissé et front découvert dans le vif du sujet. Prêt à prendre des coups. Lotus, morceau instrumental au rythme échevelé, puis Think, épure hardcore sculptée dans un mur de distorsions, brisent la glace avec laquelle on s’entaille de toute part sur L.A.D.O.C.H. et sa bestialité contrariée. Comment ne pas rapporter ce besogneux dégorgement d’une bassine de verre pilé à celui qu’affectionne en symbiose Steve Albini, claquemuré dans son studio new-yorkais ? D’ailleurs, dans ce que l’on peut considérer comme un double EP, ne peut-on dessiner une césure autre que physique ? Car si le poids des références jouent à vau-l’eau sur la première face, embarquant de Black Flag à Sonic Youth sur un même bateau, il se fait nettement moins tenace sur la seconde. The Men délivre alors sans discontinuer une jouissive et impulsive saillie punk carénée d’une électricité invariablement compactée. La marque de fabrique. () puis Bataille se laissent avaler d’une traite, les yeux écarquillés, les pieds martelant la mesure, tandis que Shittin’ With the Shah mature comme il se doit une explosion de saturations dégoulinante de sueur. Night Landing, en guise de conclusion épileptique, transcende les codes du genre et accouche d’un kraut-core à l’incandescence phénoménale, arguant sans peine de la puissance scénique du groupe. Qu’à cela ne tienne, The Men sera de passage à Paris le 7 décembre prochain à l’Espace B.
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Tracklisting
The Men – Leave Home (Sacred Bones, 2011)
Side A
01. If You Leave…
02. Lotus
03. Think
04. L.A.D.O.C.H.
Side B
01. ()
02. Bataille
03. Shittin’ With The Shah
04. Night Landing