Je reviens de mon cours de philosophie.
Encore une fois, j'ai pu mesurer à quel point voir sa vraie nature est accessible en toute situation.
Pendant le cours, j'étais attentif - comme je le suis maintenant - à l'absence au-dessus de mes épaules, à l'absence d'observateur. Je fais cours en disparaissant; je deviens l'espace dans lequel les élèves prennent place.
Il y a le vide intensément conscient et dans cet espace surgissent mes bras, mes mains, et mes paroles. Les elèves, comme autant de doigts pointés, regardent droit vers cet espace : 36 paires d'yeux me révelant le vide !
Bien sûr, les élèves ne s'aperçoivent de rien ; eux voient un professeur qui fait cours ; ce vide, cette ouverture est mon secret, mon trésor; mais sur mon visage ils perçoivent à ce moment là un sourire...
Je ne suis plus face à face, en situation de confrontation; les élèves sont accueillis à partir de la vacuité, tels qu'ils sont avec tendresse. Cela ne signifie pas un laxisme; il peut être nécessaire de reprendre un élève, de lui dire de se taire; c'est le rôle du professeur de faire cours dans de bonnes conditions. Mais à ce moment là, il n'y a pas de ressentiment. C'est une action juste qui surgit de l'instant présent, spontanée.
Le cours est meilleur aussi quand le professeur à disparu. De mon point de vue, il n'y a plus de professeur, mais un étonnement joyeux, vif, généreux et immense. La pensée surgit dans l'instant comme une source vive.
A ce moment là, la vie est une danse magique et mystérieuse.
J'essaye de vivre toujours avec cette intensité.
C'est ma vraie nature. Il suffit que je m'y abandonne.
jlr