Homeland: 1.05 Blind Spot
And the
Emmy goes to… Claire Danes! C’est d’ores et déjà une évidence pour moi. Ou du moins, elle ne devrait pas rester sans récompenses bien longtemps. Dans le cas contraire, je promets de faire un
scandale ! L’actrice habite tellement son rôle, de façon si magistrale qu’il serait tout bonnement injuste qu’elle n’ait pas un minimum de reconnaissance. Notamment pour cet épisode dans
lequel elle m’a assez épaté. Après s’être pas mal focalisée sur Brody, la série se recentre ainsi sur Carrie, étoffant quelque peu son portrait. L’occasion pour Claire Danes de passer
impeccablement par toute une palette d’émotions. C’est d’autre part l’occasion pour le téléspectateur de mieux connaître son fascinant personnage. Son rapport avec sa famille est donc remis sur
le devant de la scène avec en prime, la première apparition de son père. Alors qu’on aurait pu croire au vu du caractère impulsif et bien trempé de Carrie que certaines tensions pourraient
exister, la série démontre jusqu’ici qu’au contraire, que ce soit avec sa sœur, ses nièces ou son père, il y une réelle tendresse et complicité entre eux. Un apport chaleureux inattendu mais
agréable qui permet de nuancer le personnage d’héroïne torturée de Carrie. A cela s’ajoute la découverte d’une vraie fragilité du personnage, toujours parfaitement retranscrite par Danes, et
illustrée à travers le choix de Carrie de ne s’effondrer que chez sa sœur lorsque le poids de son travail se fait trop lourd. Ce développement est lui aussi bienvenu, évitant de donner une image
idéalisée de personnage indestructible. Il le rend de plus d’autant plus authentique. On évite toutefois de peindre une relation familiale trop rose avec une Carrie qui ne s’avère pas tout à fait
honnête au sujet des médicaments qu’elle subtilise à sa sœur.
Laissé quelque peu en retrait jusque-là, Saul a en parallèle enfin bénéficié de l’attention supplémentaire qu’il méritait. Dans ce rôle, Mandy Pantinkin n’a pas démérité non plus. Grâce à
l’arrivée de sa femme, Saul gagne donc grandement en complexité. Il n’est plus simplement le sage vieil agent de la CIA veillant sur Carrie, mais aussi un homme tiraillé entre sa vie affective et
professionnelle. Ce n’est peut-être pas la plus grande des trouvailles mais ça fonctionne, Pantinkin s’avérant très convaincant et livrant avec l’actrice jouant sa femme des scènes plutôt
touchantes.
D'autre part, avec la capture d'un membre du réseau d'Abu Nazir, tortionnaire de Brody, Saul se retrouve enfin davantage mêlé à l'enquête de la CIA, grâce à sa participation à
l'interrogatoire. Il s'y trouve lié même d'un point plus émotionnel lorsque le terroriste prisonnier réussit à se suicider sous sa vigilance. On ajoute ainsi par la même occasion de la tension
dramatique à l'enquête.
Avant de
mourir, le prisonnier se retrouve tout de même forcé de dévoiler quelques informations permettant de faire avancer les investigations et ce grâce à l'assistance inattendue de Brody pour le
convaincre de la supériorité de la CIA. Le soldat suspicieux trouve donc une vraie place dans cet arc majeur, ce qui contribue grandement à l'homogénéité du récit. Je m'en réjouis d'autant plus
que la série continue de jouer sur un doute autour des motivations du personnage, ce qui se révèle encore plus captivant dans ce contexte. Il est donc insinué que Brody aurait contribué à la mort
du sous-fifre lors de la confrontation qu’il a demandé avoir avec lui. Une demande compréhensible sachant les tortures qu’il lui a fait subir, évoquées en flash-backs. Toutefois, il n’y a
pas de preuve tangible de la culpabilité de Brody, Carrie suggérant qu’il ait profité d’un angle mort (ou « blind spot », d’où le titre de l’épisode) dans la vidéosurveillance du
prisonnier pour agir. Reste que le simple évènement suffit à alimenter les soupçons de la jeune femme, ce qui vient parfaitement relancer la paranoïa autour du soldat. Dans le même temps, en
créant une nouvelle rupture entre Saul et Carrie, cela renforce aussi très bien l’intensité de l’intrigue. L’ambigüité du personnage de Brody est en tout cas un ingénieux procédé. Tout en
traitant des difficultés du retour à la normal d’un combattant, la série crée aussi un réel suspense puisqu’on ne sait jamais si c’est bien le traumatisme qui dicte son comportement. Le suspense
est d’autant plus palpable maintenant que Carrie et Brody sont amenés à plus interagir après s’être rapprochés dans l’épisode précédent. A noter que l’alchimie entre Danes et Lewis et aussi tout
simplement parfaite, entre un dynamisme efficace et un jeu de regards très soigné.
Pas grand-chose à dire enfin sur la vie de famille de Brody cette semaine, celle-ci occupant de toute façon peu de place. On remarquera que Morena Bacarrin a enfin laissé tomber son étrange
perruque. En remarque moins futile, il faut signaler que la tension entre Brody et son collègue soldat se fait un peu pénible tant cela tourne en rond. Et puis la rapide intrigue du fils duquel
le soldat semble s’éloigner avant une réconciliation finale faisait un peu redite. Mais c’est du détail et la performance des acteurs ont pallié aux quelques redondances.
En conclusion, Homeland signe un grand épisode. Les personnages sont développés avec soin et enfin tous embarqués dans l’arc principal pour
un récit encore plus palpitant. Ils sont bien évidemment toujours portés par un cast sensationnel. La paranoïa ambiante est quant à elle toujours très bien maîtrisée. Bref, une réussite.