Il ne se passe pas une séance boursière sans un rebondissement du feuilleton de la zone euro, bien tourmentée. Après l’idée d’un referendum surprise de Papandréou lancée lundi dernier, alors que le plan de sauvetage de la Grèce était « acté » par l’ensemble de la zone euro depuis le sommet européen, les effets d’annonce fusent de toute part aujourd’hui.
D’un côté, Mario Draghi fait part de sa première grande décision politique à la tête de la BCE. Décision ô combien inattendue… Le board de la BCE a en effet annoncé une baisse des taux directeurs de 25 points de base, à 1.25% pour son taux principal.
L’assouplissement monétaire prend en considération des perspectives économiques en voie de dégradation d’ici la fin de l’année et pour 2012, intégrant très clairement le risque d’une légère récession en Europe. Cette mesure de soutien vise à stimuler les agents économiques (prêts, échanges de capitaux, investissements, consommation des ménages in fine… ) par des conditions de financement accommodantes et favorables à l’inflation. Cette décision est d’autant plus appropriée que l’inflation est relativement bien contenue, selon le Président de la BCE (inflation à 2% au maximum en 2012).
Avec cette annonce forte et immédiate, Mario Draghi fait preuve d’anticipation, très en amont du scénario macroéconomique détérioré qui pourrait se réaliser au-delà des 6 prochains mois (les enquêtes économiques anticipent une baisse de l’activité et donc des coûts, des salaires et de l’inflation). Il marque également un changement de positionnement par rapport à son prédécesseur. Son discours plus direct sur la réalité de la situation économique témoigne d’une forme d’inflexion de l’institution européenne, dont le rôle se rapproche de plus en plus de celui de la Fed, outre-Atlantique. Aux yeux des Européens, la BCE conforte sa dimension protectrice, en décalage avec les atermoiements des dirigeants de l’Union Européenne.
D’autre part, sur le front grec George Papandréou s’est dit prêt à renoncer au référendum proposé à ses concitoyens, quant à la place de la Grèce dans la zone euro. Ce pas en arrière a été consenti sous la pression directe des parlementaires grecs, qui demandent un gouvernement transitoire, de coalition nationale et la pression indirecte des dirigeants européens (couple franco-allemand en tête) qui ont peu apprécié l’idée même d’une remise en cause du dispositif de soutien pourtant entériné la semaine dernière. Cette surprenante volte-face tend à normaliser la situation et à redonner confiance aux marchés, qui attendent la mise place effective des mesures décidées lors du sommet européen. En revanche, le son de cloche risque d’être quelque peu amer du côté de la population grecque, qui voit la possibilité de se prononcer sur sa situation s’évanouir. La grogne sociale déjà forte pourrait prendre une dimension plus grave.
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