Apparenté ŕ l’un des chefs de la Mafia de Buffalo, Frank Falenczyk (Ben Kingsley) a, depuis l’adolescence, exercé le métier de tueur. Aujourd’hui, Frank a bien du mal ŕ concilier son boulot et son penchant excessif pour l’alcool. Ratant une "liquidation" de la plus haute importance, notre homme est envoyé par ses supérieurs ŕ San Francisco pour arręter de boire. Employé maintenant ŕ mi-temps dans un funérarium, Frank a difficile d'admettre sa dépendance vis-ŕ-vis de l’alcool. Heureusement l’amour et l’amitié seront peut-ętre pour lui salvateurs !
Malgré ce que pourrait laisser penser ce synopsis, "You Kill Me" n’est pas ŕ proprement parlé une comédie noire qui fait parler la poudre. Ce long-métrage, signé John Dahl ("Les Joueurs", "Une Virée en enfer"), s’apparente davantage ŕ une modeste gouache dépeignant la remise en question d’un tueur ŕ gage qui trouvera (peut-ętre) son salut dans la compréhension, la compassion et l’Amour avec un grand "A" !
Pour tourner le dos ŕ son existence précaire de tueur imparfait car alcoolique, Frank Falenczyk, interprété par le toujours charismatique Ben Kingsley, se plonge ŕ corps perdu dans une longue cure ŕ grand renfort de réunions des alcooliques anonymes et d’introspection de sa propre existence. Faute d’ętre diablement emballant, cet examen de conscience porté ŕ l’écran se laisse voir sans le moindre déplaisir !
Kingsley sera accompagné, dans sa traversée du désert, par un enthousiasmant casting emmené par les charmants Luke Wilson et Téa Leoni - également productrice pour l’occasion - ainsi que par le méconnaissable Bill Pullman. Taillé dans un style trčs sobre évitant tout débordement sentimental ou affectif, "You Kill Me" développe une prose assez morose qui se détache sans le moindre mal du petit film cynique glorifiant tueurs détraqués et giclés de sang.
Plus psychologique qu’il n’y parait, ce film aborde, avec un certain brio, les thématiques de l’alcoolisme et de la thérapie de groupe. Ainsi, progressivement et sans crier gare, le personnage de Ben Kingsley va tenter d’oublier son irrésistible dépendance pour l’alcool tout en analysant avec un profond recul sa sordide profession. On passe ainsi des confessions d’alcooliques anonymes ŕ celles d’un tueur en quęte de rédemption. "You Kill Me", un film qui brille lŕ oů on ne l’attendait pas !
Parfois surprenant et congratulé de quelques belles petites séquences ironiques, le dernier John Dahl reste séduisant malgré une narration assez monotone et un infime manque de folie. Alors que Téa Leoni n’a toujours aucun problčme pour jouer sur son charme, Luke Wilson trouve ici un rôle trčs sobre tranchant quelque peu avec le reste de sa filmographie. Il sera des plus intéressant de suivre ce dernier qui, avec ce "You Kill Me" et le récent "Motel", essaye de s’immiscer dans de nouveaux genres en reléguant au placard le rôle de souffre-douleur (qui lui va pourtant comme un gant).
Le réalisateur John Dahl, pour sa part, insuffle toujours autant de minutie et de sobriété classicisante dans ses réalisations. Souvenez-vous par exemple des "Joueurs" qui, avec un casting du feu de Dieu (Matt Damon, Edward Norton, John Malkovich, John Turturro, Martin Landau et Famke Janssen), évoquait non pas la dépendance vis-ŕ-vis de l’alcool, mais celle du jeu.
La bande-annonce…